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L’horreur durant la guerre à Rivesaltes, devoir de mémoire, avec Hélène Legrais

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De
- Mis à jour le
Par

Une page sombre de notre Histoire.

Hélène Legrais
Hélène Legrais © Radio France - Sébastien Giraud

Ce matin, nous allons évoquer une page sombre de notre Histoire …

Quand Vichy a offert aux Allemands sur un plateau les juifs arrêtés dans la zone dite « libre » et internés dans le camp de Rivesaltes en août, septembre et octobre 1942 : 9 convois dont le dernier part le 20 octobre pour un total de 2 289 déportés, principalement à Auschwitz Birkenau via Drancy. 84 seulement en reviendront.

Le camp de Rivesaltes ouvre début 41 pour compléter les camps des plages, Argelès, St Cyprien, Le Barcarès installés après la Retirada. 17 500 personnes vont y « séjourner » jusqu’en novembre 42 quand les Allemands vont passer la ligne de démarcation : 55% de républicains espagnols, 40% de juifs et le reste des tziganes. Froid glacial l’hiver, chaleur torride l’été sur ce plateau désert balayé par les vents, la faim, la maladie, la promiscuité, la mortalité est énorme. La CIMADE, l’OSE, le Secours Suisse se démènent pour faire sortir les enfants du camp pour les envoyer dans des maternités, comme à Elne, ou des colonies. Jusqu’à l’été 42 où Vichy monte d’un cran encore dans la collaboration et accepte de livrer les juifs internés dans ses camps que les nazis réclament. 

C’est un tournant …

Hélas ! L’îlot K est ceinturé de barbelés, équipé d’un mirador récupéré au camp du Barcarès et réservé aux juifs. Un camp dans le camp. Pour remplir les objectifs, les services de René Bousquet ordonnent le retour des enfants placés. Rivesaltes est désormais officiellement le centre de rassemblement des juifs de la zone sud et camp de transit pour Drancy. Les deux premiers convois partent le 11 et le 23 août. Le 26, une vaste rafle est organisée dans plusieurs départements de la zone libre. Nouveaux convois les 1er et 4 sept avec des juifs raflés en Languedoc, puis 5 autres entre le 14 septembre et le 20 octobre. Les œuvres d’assistance tentent de sauver le maximum de monde : femmes enceintes, futur père, conjoint aryen, famille de prisonnier de guerre … A la Préfecture à Perpignan, une commission de criblage examine les demandes d’exemption. Les œuvres procurent de faux certificats de baptême et de mariage. Paul Corazzi, pourtant chargé de mission par Vichy, prend sur lui de les valider et essaie même d’organiser le sauvetage des enfants. Pendant ce temps, les juifs qui sont sur les listes attendent sur le quai d’embarquer dans des wagons à bestiaux. Un bagage, une couverture et une paire de chaussures de rechange, c’est tout ce qu’ils peuvent emporter. Ils rédigent à la hâte quelques mots. Des lettres d’adieu. Friedel Reiter, infirmière du Secours Suisse qui œuvre dans le camp, note, désespérée, dans son journal : « Pour la Pologne ? Vers la mort ! » 

Le 11 novembre 42, les Allemands envahissent la zone sud. Le reste du camp est vidé et la 7e Panzer Division s’y installe. 

NB : Si vous ne l’avez pas déjà fait, visitez le Mémorial de Rivesaltes. Pour découvrir les photos et les objets qui témoignent de cette tragédie. 

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