Françaises, Français, Portraits - Django Reinhardt

Papa, est musicien, j'apprends donc naturellement avec lui. C'est le banjo qui me fait kiffer moi. Le violon aussi, je suis déjà un virtuose. Et je taquine la guitare également. Je commence à jouer dans l'orchestre de papa. On s'installe à Paris, j’écume les bars, cours d'immeubles, et salon de bourgeois. Comme je ne sais ni lire ni écrire, ils écrivent mon nom n'importe comment. Je m'en fais quand même un, et quel nom ! Mes spectateurs sont éblouis par mes performances. Tout le monde veut m'engager. Je dis oui au chef d'orchestre Jack Hylton.

26 octobre 1928, je suis avec ma femme dans notre roulotte, une bougie tombe, et enflamme les fleurs en plastoc qu'elle vend. La roulotte s'embrase, nous laissant comme morts. 18 mois d'hosto, perte définitive de 2 doigts de la main gauche, celle qui sert aux mélodies, sur un manche de banjo, de violon ou de guitare ! 6 mois de rééducation.

Je ne suis pas tzigane pour rien, j'ai une force de caractère hors pair. Je développe une nouvelle technique, utilisant les 2 doigts qu'il me reste. Je me mets définitivement à la guitare jazz manouche, et révolutionne le style. Je joue avec les plus grands, qui sont ébahis par mon doigté. Stéphane Grappelli, Duke Ellington, Coleman Hawkins.

Mon séjour aux Etats-Unis après guerre, n'a pas le succès que j'attends. La rigueur que demandent les Big Band, ne colle pas vraiment à ma culture. Je suis tout le temps en retard, ça les gave un peu. Je rentre en France, et me consacre de plus en plus à mes autres passions, la pêche, la peinture et le billard.

Je m'installe définitivement dans ma propriété de Samois-sur-Seine, finies les roulottes, et la vie de nomade. J'y meurs le 16 mai 1953, à 43 ans. Je suis à la fois le symbole d'un peuple, et l'idole de millions de guitaristes