Animaux : pourquoi les croquettes ont-elles un tel succès ?

Hélène a trouvé moyen de jongler entre les quatre gamelles de ses deux chiennes et ses deux chattes. Parce qu'évidemment, tout ce petit monde-là ne mange pas la même chose. "J'ai une chatte très active à l'extérieur et qui a tendance à perdre du poids, alors que l'autre est plutôt un chat d'intérieur et elle, elle a tendance à prendre du poids. Donc il y en a une qui est rationnée et l'autre non. Du coup, elles n'ont pas le même type de croquettes." Ce n'est pas plus simple avec ses chiennes border collie. "Ce sont des chiens qui travaillent avec les moutons, elles n'ont pas le même âge et n'ont pas les mêmes besoins au niveau des croquettes." Heureusement, chacun connait sa gamelle et ne va pas voler ailleurs. "On est obligé d'avoir une certaine organisation, si on veut que chacun ait les croquettes qui lui correspondent."

Le prix au kilo pèse souvent beaucoup dans le choix des croquettes. Hélène a aussi acheté ses premières croquettes avec ce critère. "On se heurte assez rapidement au problème du coût. Au début, j'avais tendance à acheter des croquettes à moindre coût. Mais suite à un certain nombre de problématiques, j'ai revu ma copie et étudié un peu plus la composition des croquettes. L'objectif est d'éviter des frais vétérinaires par la suite. Je paye mes croquettes plus chères, mais je maîtrise mieux leur composition et je pense que je maîtrise mieux la santé de mon animal."

"La croquette est un aliment équilibré"

Pourquoi les croquettes se sont-elles imposées sur le marché de l'alimentation pour animaux ? Mathilde Guillon, vétérinaire et spécialiste en nutrition physiologique des carnivores domestiques, estime qu'elle rassemble beaucoup de qualités : "c'est un aliment équilibré qui apporte aux animaux tout ce dont ils ont besoin en un seul petit morceau d'aliments secs. La deuxième raison, c'est que c'est un aliment plus économique, par rapport à la viande fraîche, aux légumes ou à l'alimentation faite maison. La troisième très bonne raison, qui est un peu plus à la mode peut-être, c'est que c'est un aliment écologique dans le sens où on n'utilise pas d'aliments destinés à la consommation humaine, mais des restes de bonne qualité". Une bonne croquette contient "des protéines pour que l'animal puisse faire des muscles, des jolis poils, une peau de bonne qualité, un peu de matière grasse, des vitamines et les minéraux nécessaires. Par exemple, le calcium et le phosphore, doivent être équilibrés au sein d'un aliment".

Il n'en reste pas moins que la pâtée garde une place intéressante, en particulier pour les chats, car elle apporte beaucoup d'eau. Elle est recommandée pour les petits buveurs. Certains animaux à la dentition incomplète vont pouvoir plus facilement s'alimenter. Pour les chats difficiles, qui ne mangent que la gelée des boîtes, les mousses sont une solution à retenir. Mathilde Guillon est prudente sur la viande crue, d'abord parce que ce n'est pas une alimentation équilibrée, mais aussi parce que : "c'est souvent un aliment contaminé en surface avec des bactéries, avec un risque de contamination dans l'environnement".

"Sur une portée, c'est important que tout le monde mange à sa faim"

Pour les chiots et les chatons, la transition entre l'alimentation de la mère et les croquettes se fait toute seule : "la mère va arrêter de se mettre en position, elle va arrêter de s'allonger. Au bout d'un moment, elle peut même les repousser." Les petits vont dupliquer le comportement de la mère en termes alimentaires. La mère allaitante a la même nourriture que les chiots. "Ce qui est très important sur une portée, c'est que tout le monde mange à sa faim. Sinon, on peut avoir des petits un peu affamés qui vont surconsommer un peu. Cela peut être le début de certains problèmes." Les animaux vont passer ensuite à une alimentation adulte. Pour les animaux seniors, l'alimentation sera adaptée à l'activité physique et à la pathologie. "On va chercher à baisser la teneur en phosphore qui peut être toxique pour les reins." Mathilde Guillon déconseille les croquettes sans céréales qui pourraient provoquer des maladies cardiaques.

Au-delà de la ration alimentaire, ce qui compte, c'est le sentiment de satiété qui éloigne naturellement l'animal de sa gamelle. "C'est l'inconvénient des croquettes, reconnait Mathilde Guillon, elles sont très concentrées et peuvent ne pas prendre assez de place pour certains chiens. On a tous déjà vu un labrador se goinfrer et avoir tout le temps faim." La solution est d'ajouter des légumes verts cuits. Pour les animaux adoptés, il convient de garder un temps leur alimentation du refuge et de l'adapter progressivement, d'autant que l'animal aura une activité physique plus intense. "On va changer le régime alimentaire pour des raisons physiologiques en fonction de l'activité physique, de l'âge, de la stérilisation. Saut pour les animaux qui ont des troubles digestifs et qui ne peuvent vraiment pas tolérer un changement alimentaire, de temps en temps, on peut leur faire plaisir." Les friandises distribuées pour l'éducation doivent l'être avec modération.