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Stéphane Simonnet, historien, évoque René de Naurois, prêtre toulousain qui a débarqué avec les Alliés en 1944

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En ce 80e anniversaire du Débarquement, France Bleu vous propose un podcast issu de témoignages inédits des survivants du Commando Kieffer, un commando composé de français qui ont débarqué en Normandie avec les Alliés le 6 juin 1944. Parmi eux, l'abbé René de Naurois, un prêtre toulousain.

Emmanuel Macron et des militaire lors de l'hommage national à Léon Gautier, dernier survivant du commando Kieffer décédé en 2023
Emmanuel Macron et des militaire lors de l'hommage national à Léon Gautier, dernier survivant du commando Kieffer décédé en 2023 © Radio France - Pascal Rossignol

C’est un podcast exceptionnel produit par France Bleu : « Les voix du commando Kiffer ». 80 ans après le débarquement de Normandie, ce feuilleton retrace l'histoire des membres du commando Kieffer : 177 Français qui ont débarqué avec les Alliés le 6 juin 1944. Stéphane Simonnet, historien associé à l'université de Caen et spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, était l’invité de France Bleu Occitanie pour parler de ce commando. C’est lui qui collecté les témoignages de ces vétérans français au début des années 2000, pour préserver cette mémoire orale qui allait disparaître. Parmi les témoignages receuillis, celui de l'abbé René de Naurois, un prêtre toulousain engagé dans la Résistance.

Comment se sont passés ces enregistrements ?

J'avais un petit dictaphone et je me suis rendu chez eux, dans leur intimité, dans leur dans leur salon, dans leur cuisine. Et je leur ai fait raconter leur vie, leur enfance, leur adolescence, jusqu'à la guerre et la fin de la guerre. Ce sont des gens qui n'en avaient quasiment jamais parlé.

Ça a été facile de réveiller cette mémoire chez eux ?

Ça a été compliqué pour certains. Deux ou trois d’entre-eux m'ont fermé leurs portes : ils ne voulaient plus trop parler de cette période-là : ils avaient tiré un trait. D'autres avaient du mal à parler devant l'émotion que mes questions suscitaient. D’autres encore m’ont parlé très volontiers avec leurs familles rassemblées autour d'eux. Mais plupart ne voulaient pas se mettre en avant.

Dans ce commando Kieffer, il y avait un toulousain : l'abbé René de Naurois, né à Villemur-sur-Tarn, entré dans les ordres avant guerre : c’était l’aumônier du commando Kieffer, un homme d'église parmi les militaires. Comment s’est-il retrouvé à Londres, aux côtés de De Gaulle pour préparer le débarquement ?

C'est le Toulousain du groupe. Il a été ordonné prêtre en 1936. Il a beaucoup séjourné en Allemagne où il était aumônier à Berlin dans les 1930. Donc il a vu arriver, sous ses yeux, la montée du nazisme. En rentrant à Paris, il l'a dénoncé. Il a essayé de prévenir les français qu'un danger se préparait. Et puis, il est mobilisé pour la Seconde Guerre mondiale, c’est un prêtre, mais qui part au combat. Et puis dès l'année 1940, en fait, il demande à son évêque de Toulouse, Monseigneur Saliège, de pouvoir partir en Angleterre rejoindre le général de Gaulle. Mais l’évêque lui refuse cette autorisation. Pendant deux ans, il continue donc à enseigner à l'Institut catholique de Toulouse tout en faisant de la résistance. Il organise des sauvetages de juifs par la Haute-Savoie vers Suisse, il se met en danger. A tel point qu'il est poursuivi par la police de Vichy, par la Gestapo. Et donc, en novembre 1942, Monseigneur Saliège, l'autorise à partir en Angleterre rejoindre de Gaulle. Ce qu'il fait.

Il est passé par l'Espagne ?

Oui, il s'évade de la France occupée par l'Espagne. Il traverse l'Espagne à pied, en train, de manière clandestine à travers les Pyrénées, et il arrive à Gibraltar qui est un territoire britannique. Là-bas, il trouve un bateau qui le remonte en Angleterre et là, en 1943, il se met au service du général de Gaulle.

Vous parlez de résistance. René de Naurois parle, dans ce podcast, de la résistance passive qu'il découvre à Toulouse. À quelle occasion ?

Il est dans l'armée secrète, il est dans le mouvement Combat. Il y a toute une organisation de résistance à Toulouse dont la principale mission, c'est de sauver les Juifs à Toulouse. Et puis lui-même fait de la résistance lors de ses sermons, il n'hésite pas à faire des prédications et surtout à défendre les Juifs. Donc il prend des risques publics et donc c'est pour ça qu'il est inquiété par la milice et par la Gestapo. Et donc cette résistance, il l'a, il l'a dans le sang quasiment parce qu'il a toujours résisté au nazisme depuis les années 30.

Retrouvez l'interview complète de Stéphane Simonnet en vidéo ci-dessous :

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