Girondins de Bordeaux : et si la ligue 2 nous faisait aimer le Matmut Atlantique ?

Les critiques au sujet du stade sont récurrentes sur la difficulté d’y accéder, d’en partir, sur le temps d’attente pour y pénétrer, mais la principale est un manque de chaleur, d’ambiance, de supplément d’âme. Mais les choses semblent changer et c’est peut-être « grâce » à la ligue 2 ! Étonnant ? Non, explique le sociologue Ludovic Lestrelin, enseignant chercheur à l’université de Caen et auteur de la sociologie des supporters aux éditions La Découverte

C'est un peu contre intuitif de dire ça. Le fait de repasser par les échelons inférieurs de fait, on est dans la difficulté et ça nécessite en quelque sorte de faire corps, de faire bloc justement pour affronter cette séquence difficile. Et quand je dis ça nécessite de faire, ça veut dire que les dirigeants vont peut-être plus attentifs justement à la relation au public, à la relation aux supporters organisés. Et donc, ça peut être un moment où du lien se reconstitue entre les joueurs, le staff technique, les dirigeants et le public autour de l'idée qu'il faut faire corps pour affronter ce moment difficile et que si, par bonheur, en quelque sorte, on arrive à le surmonter, ça sera source de grandeur. D'ailleurs d'être présent dans les moments négatifs, est aussi une source de grandeur, notamment chez les supporteurs qui vont largement vanter leur fidélité - Ludovic Lestrelin

Une question de contenu plus que de contenant ?

Un équipement qui a aussi joué de malchance ! La crise sanitaire et une période de mauvais résultats sportifs venant après des années où Bordeaux a brillé de 2007 à 2010. Pour Jacques D’arrigo, qui est aujourd’hui l’un des dirigeants de Footbar a été directeur commercial des Girondins de Bordeaux de 2018 à 2020, le tempo n’a malheureusement pas été le bon.

C'est sûr que c'est difficile de passer après la génération 2009, le quart de finale de ligue des champions en 2010. On est sur des années dorées. Si Bordeaux était resté à ce niveau-là pendant les dix années qui suivent, je pense que l'entrée au Matmut se serait fait dans une ambiance totalement différente. Ce n'est pas qu'une histoire de résultats, c'est aussi une histoire de joueurs. Et je pense qu'on a eu des Malcom, des Koundé, des Tchouameni qui maintenant crèvent l'écran dans les plus grands clubs du monde. Je pense que si on a un ou deux super bons joueurs, je fais un appel du pied aux dirigeants du club, ça peut changer des choses - Jacques D'Arrigo

La triple légitimité du stade Lescure !

Il faut rappeler que de 2006 à 2013, Bordeaux a remporté 6 trophées ! De plus, changer de stade n’est jamais anodin et encore plus à Bordeaux, analyse le sociologue Ludovic Lestrelin.

D'autant plus compliqué que dans le cas bordelais, car c'est le seul stade avec l'ancien stade de Lyon, le stade de Gerland, qui est classé monument historique. Parce que donc du coup, on avait un ancien stade qui avait une triple légitimité. Une légitimité architecturale par son architecture Art déco reconnu, une légitimité sportive parce qu'il y a eu à la fois des victoires du club résident, mais aussi l'accueil de grandes compétitions avec les Coupes du monde 1938 et 1998 et une légitimité historique avec toute une mémoire constituée depuis plusieurs décennies. Donc en fait, passer d'un tel équipement sportif à un autre localisé ailleurs, à l'extérieur de la ville, c'est quand même une rupture extrêmement profonde - Ludovic Lestrelin

Après tout, Lescure ne s'est pas fait en un jour ! Il faudra donc du temps, des victoires et des épopées. Cette saison de Ligue 2 si elle connait une fin positive sera la première. Bordeaux Laval, samedi 14h45 en intégralité sur France Bleu Gironde avec Yon Ecenarro et Clément Carpentier.