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Ligne de démarcation de 1940-1943 : la vie à Archigny, coupée en deux

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Lors de la Seconde guerre mondiale, la petite commune d'Archigny a été coupée en deux par la ligne de démarcation. Une frontière qu'a régulièrement traversé Guy Savigny lorsqu'il était enfant.

Né en 1937, Guy Savigny a vécu à Archigny lorsque la commune était séparée en deux par la ligne de démarcation. Né en 1937, Guy Savigny a vécu à Archigny lorsque la commune était séparée en deux par la ligne de démarcation.
Né en 1937, Guy Savigny a vécu à Archigny lorsque la commune était séparée en deux par la ligne de démarcation. © Radio France - Clémentine Prouteau

Les souvenirs de Guy Savigny se ravivent, aux abords de la départementale 9, là où se trouvait l'une des cinq barrières délimitant la ligne de démarcation d'Archigny. "La ligne se trouvait là", délimite-il avec ses bras au croisement de La Croix de justice. Une frontière mise en place lorsque la France signe l'armistice avec l'Allemagne, en juin 1940. La petite commune d'Archigny, comme le reste de la France, est alors coupée en deux. La mairie, à l'Ouest, en zone occupée, et le reste du bourg, non occupée. Guy Savigny habite alors à La Bironnerie, en zone libre.

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Des stèles commémoratives ont été installées par la commune d'Archigny, dimanche 5 mai, en souvenir de la ligne de démarcation.
Des stèles commémoratives ont été installées par la commune d'Archigny, dimanche 5 mai, en souvenir de la ligne de démarcation. © Radio France - Clémentine Prouteau

Avec son frère et ses deux sœurs, Guy Savigny " allait toujours à l'école à pied. Il y avait cinq kilomètres à faire". Né en 1937, il va alors à l'école du bourg, en zone occupée. Et sur le chemin, la barrière allemande de la Croix de Justice. Il se souvient des douaniers allemands "deux anciens qui avaient fait la guerre de quatorze". Les habitants du bourg les surnomment "Charles et Émile, bien qu'ils ne s'appelaient évidemment pas comme ça." "Ils n'avaient pas besoin de lever la barrière, je passais dessous, cela les faisait rire", se remémore-t-il.

Une stèle commémorative de la barrière allemande de la Croix de justice a été installée au bord de la D9, à Archigny, sur la ligne de démarcation.
Une stèle commémorative de la barrière allemande de la Croix de justice a été installée au bord de la D9, à Archigny, sur la ligne de démarcation. © Radio France - Clémentine Prouteau

Une frontière qui n'empêche pas la résistance

Cette barrière est une véritable frontière gardée jour et nuit. Tout motif pour traverser la ligne est contrôlé. Impossible de la traverser sans un laissez-passer, même pour aller au travail. "Une fois, mon père, ouvrier agricole, avait oublié sa carte. Il avait dû revenir à la maison la chercher, se souvient Guy Savigny. Mon frère et mes sœurs avaient un laissez-passer, mais pas moi, car je n'avais pas encore 10 ans." Les douaniers fouillent parfois les sacs des enfants, pour s'assurer qu'ils ne contiennent pas de courrier à risque.

Guy Savigny possède deux classeurs entiers d'archives sur la vie de sa famille à Archigny, notamment sur lors de la Seconde guerre mondiale.
Guy Savigny possède deux classeurs entiers d'archives sur la vie de sa famille à Archigny, notamment sur lors de la Seconde guerre mondiale. © Radio France - Clémentine Prouteau

Des barrières qui n'empêchaient pas la Résistance : "quand il y avait quelqu'un à passer, des Juifs, des résistants, des aviateurs anglais, Camille Savigny, un agriculteur dont le jardin donnait sur le baraquement allemand, invitait les gardes à prendre le café. Pendant ce temps-là, les autres se réfugiaient en zone libre". Des souvenirs dont Guy Savigny, aujourd'hui âgé de 87 ans, est l'un des seuls de la commune à pouvoir raconter.

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