La Rochelle : des forages et des fouilles avant de consolider la Tour Saint-Nicolas
Un vaste chantier de forages et de fouilles va permettre d'établir une cartographie générale sur les fondations et les matériaux d'assises de la Tour Saint-Nicolas construite au XIVe siècle. Préambule à de gros travaux de consolidation qui devraient durer quatre ans.
La plus grande des tours érigées fièrement à l'entrée du Vieux-Port de La Rochelle donne des signes inquiétants de fragilité. Bâtie au XIVe siècle (entre 1345 et 1376), la Tour Saint-Nicolas garde aussi une part de mystère quant à sa construction, en particulier ses soubassements élaborés à base de charpente et de remblais sur un terrain vaseux. Les scientifiques observent un affaissement régulier de la structure. Des travaux d'urgence ont été effectués pour stopper le phénomène. En attendant d'attaquer un chantier de consolidation de grande ampleur dans moins de deux ans.
Depuis ce lundi 11 mars, une barge flottante, montée dans le bassin des Chalutiers, a été installée, côté chenal. Elle va permettre d'effectuer des sondages et des carottages pour un meilleur diagnostic architectural. Ce qui complétera les résultats des premiers sondages effectués en 2020. Ces travaux prévus jusqu'à fin mai - début juin sont menés par la société FondOuest, basée à Granville dans la Manche et spécialisée dans la géotechnique.
"Il y a un système de contrôles très important"
D'abord un peu d'histoire architecturale et géologique pour mieux comprendre. Retour au XIVe siècle et cette tour "penchée" avec Aymeric Fossard, conducteur de travaux chez FondOuest, responsable du chantier rochelais. "La tour s'est consolidée dès le début sa construction dans des terrains assez vasards et mous. Il y a eu un premier affaissement au moment de la construction, des tassements, avec une consolidation assez lente, comme le rythme des travaux de l'époque. Il y a en effet une cassure au niveau de la géométrie de la tour, puisqu'ils ont essayé de rattraper ce dévers".
La Tour Saint-Nicolas est donc sous haute surveillance. Et le séisme du 16 juin dernier n'a rien arrangé. "Les fragilités qu'on observe, ce sont les fissures, la consolidation qui continue à s'exercer", poursuit Aymeric Fossard. "Entre la partie tour et la partie remparts, il y a déjà des étaiements qui ont été mis en place à l'intérieur. Il y a un système de contrôles très important. Les fissuromètres sont équipés électroniquement, ce qui permet d'avoir des alertes en cas d'agrandissement important (des fissures) et la tour est également suivie à l'aide de cibles pour détecter les éventuels mouvements".
Forages et fouilles blindées
Une cartographie générale sur les fondations et les matériaux d'assises de la tour va être élaborée côté chenal aux moyens de forages "obliques" pour aller jusqu'à la charpente, d'où la présence de la fameuse barge érigée pour l'occasion. "On a besoin de matériel nautique pour avoir plus d'informations sur l'assise des fondations de la tour coté chenal", explique le conducteur de travaux chez FondOuest. Des carottages sont également réalisés depuis le début de semaine sur le parvis de la Tour Saint-Nicolas pour connaitre la base des fondations.
Les carottages sont réalisés à 45 mètres de profondeur, on traverse cinq mètres de remblais, 10 mètres de vase, puis de l'argile et du calcaire." Le terrain situé entre la tour et la rue de l'Armide sera également sondé. " Des fouilles blindées, avec un terrassement manuel et du blindage bois, seront aussi réalisées par une société spécialisée. Cela va nécessiter de "travailler en décalé en fonction de la marée. Dès que le niveau d'eau sera important, on va venir pomper dans les fouilles et les opérations pourront recommencer en période de basse mer."
"Elle va rester debout, il n'y a pas de problème"
Très attachée à ces tours gérées par le Centre des Monuments Nationaux, l'administratrice Stéphanie Lhortolary n'envisage pas un scénario catastrophe. "Elle va rester debout, il n'y a pas de problème. Il faut que le projet de restauration soit calibré au millimètre près. L'architecte en chef a déjà travaillé sur son projet de restauration. Ce chantier va venir le compléter. Après le projet de restauration, il y a le dossier de consultation des entreprises, ça prend. Dans l'idéal, on aimerait que le chantier débute fin 2025". Un chantier de consolidation qui devrait durer quatre ans et dont le coût des travaux ne sera connu que l'an prochain. Le ministère de la culture sera logiquement sollicité.
La Tour Saint-Nicolas sera naturellement fermée au public le temps des travaux. "La visite se fera sur les deux autres tours (de la Chaine et de la Lanterne). On va essayer de communiquer autour de ce chantier en expliquant comment s'est construite la tour au XIVe siècle et comment nous allons la renforcer", poursuit Stéphanie Lhortolary avant de conclure. "On est toujours fasciné par ces monuments qui traversent les siècles et qui sont toujours là, et qui seront là après nous. Pour moi c'est essentiel de continuer à transmettre l'histoire de cette tour."
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