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Procès de Pierre Monnoir : deux victimes témoignent de leur souffrance au travail à l'ADAVIRS de l'Yonne

De
  • Renaud Candelier
Par

Le lanceur d'alerte dans l'affaire des disparus de l'Yonne Pierre Monnoir est poursuivi pour harcèlement dans le cadre de ses anciennes fonctions à la tête de l'ADAVIRS 89, l'association d'aide aux victimes de l'Yonne. Il comparaît ce lundi devant le tribunal correctionnel de Fontainebleau.

Le tribunal judiciaire de Fontainebleau lundi 29 avril 2024 Le tribunal judiciaire de Fontainebleau lundi 29 avril 2024
Le tribunal judiciaire de Fontainebleau lundi 29 avril 2024 © Radio France - Renaud Candelier

C'est à Fontainebleau, en Seine-et-Marne, que sont jugés Pierre Monnoir, 71 ans et Lionel Reber,77 ans, tous les deux anciens présidents de l'ADAVIRS de l'Yonne pour des faits de harcèlement contre cinq salariées de l'association. Les faits auraient eu lieu entre 2019 et 2023. L'affaire est dépaysée en Seine-et-Marne en raison des liens étroits qu'entretient l'ADAVIRS avec le tribunal judiciaire d'Auxerre.

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De très nombreux messages quotidiens

Durant la matinée, deux des parties civiles ont témoigné devant le tribunal des souffrances qu'elles ont subi dans le cadre de leur travail au sein de l'association. L'ancienne directrice de l'association de 2019 à 2023, Mme B. a débuté ses déclarations par les mots suivants : "j'ai été juriste dans l'accompagnement aux victimes, je n'aurais jamais pensé que je me retrouverais ici un jour, en tant que victime de harcèlement."

Elle raconte alors sa prise de fonction, après le départ en pleurs de l'ancienne directrice. Mme B. explique ensuite avoir été inondée de SMS, de messages vocaux, de mails et de visites impromptues de la part de Pierre Monnoir, alors président de l'ADAVIRS 89. Ces multiples contacts sont vécus par l'ancienne directrice comme une pression insupportable.

Des symptômes physiques de souffrance

L'ancienne directrice assure également avoir été témoin de propos sexistes et d'allusions sexuelles de Pierre Monnoir à l'égard d'autres femmes. Elle décrit enfin comment son corps a craqué à plusieurs reprises sous la pression. Ce jour de mai 2020 où Pierre Monnoir s'invite à son bureau, elle sent ses jambes qui se dérobent. En novembre 2021, il y a aussi cette visioconférence durant laquelle elle s'effondre, incapable de prendre la parole. Il y a enfin ce pic d'hypertension à 21 qui conduira à un arrêt de travail.

Une de ses collaboratrices a déclaré que l'ancien président donnait à la directrice de très nombreuses tâches, mais sans lui donner le temps de les exécuter. Aujourd'hui, Mme B. indique prendre plusieurs types de médicaments suite au traumatisme subi et conclut : "je confirme ici, j'ai été harcelée par Pierre Monnoir."

"Il tenait aussi parfois des propos tendancieux"

L'autre victime présente, ex-coordinatrice de l'association durant six mois en 2023, raconte dans des termes assez proches la pression constante subie de la part du président de l'association, expliquant avoir travaillé dans un climat anxiogène. "Il appelait au téléphone si on ne répondait pas assez vite aux mails. Il avait tendance à s'imposer, à être toujours présent et à être intrusif dans la vie privée. Il tenait aussi parfois des propos tendancieux." Des larmes finissent par sortir alors que cette ancienne salariée témoigne à la barre : "au début, j'ai fait confiance à monsieur Monnoir. Je vous ai fait confiance Pierre !" lâche-t-elle en se tournant vers lui.

Elle décrit à plusieurs reprises le type de propos déplacés : "Vous, vous aimez les hommes plus jeunes que vous", aurait-il déclaré au beau milieu d'une discussion professionnelle. Elle affirme aussi que Pierre Monnoir cherchait à discréditer Mme B., qu'il en faisait une obsession, et lui aurait montré des photos privées de la directrice partie en vacances. "Là, ça m'a fait peur", déclare l'ancienne coordonnatrice. "Le climat anxiogène était lié à la répétition de petits gestes. Il m'interrompait quand on parlait de travail pour me dire que ma tenue m'allait bien ou que je devais être chiante avec les hommes."

Le tribunal judiciaire de Fontainebleau lundi 29 avril 2024
Le tribunal judiciaire de Fontainebleau lundi 29 avril 2024 © Radio France - Renaud Candelier

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