La résistante et le collabo

Noëlla Rouget fut une jeune résistante catholique angevine. Jacques Vasseur, jeune collabo français qui travaillait directement pour la gestapo, arrêta et livra Noëlla et son fiancé aux Allemands. Elle fut déportée à Ravensbrück et Adrien Tigeot fut fusillé après des semaines de torture. Noëlla survécut à l'enfer. Elle pesait 32 kg à son retour en France. Jacques Vasseur disparut à la libération. En 1962, il fut enfin localisé, caché dans un grenier chez sa mère depuis 17 ans, arrêté et condamné à mort en 1965 après un procès éprouvant qui révèlera l'étendue de ses crimes. Il fut rendu responsable de 430 arrestations entre 1942 et 1944, avec, à la clé, 310 déportations et 230 morts, fusillés ou vaincus par le régime concentrationnaire. Si le bureau principal de la police allemande, le SIPO SD, était à Angers, Vasseur et son équipe ont opéré dans tout le Maine-et-Loire, la Loire Atlantique, la Sarthe et la Mayenne. A la surprise et l'incompréhension de beaucoup, Noëlla demandera et obtiendra de De Gaulle sa grâce. Mais elle ira encore plus loin. Pendant des années, espérant sa rédemption, elle se lancera dans un échange épistolaire avec Jacques Vasseur. Correspondance asymétrique où l'une cherche l'étincelle de l'âme et l'autre ne fait que se plaindre de son sort. Libéré finalement en 1983, après 20 ans de prison, en partie grâce à elle, Jacques Vasseur ne donnera plus jamais signe de vie à Noëlla Rouget. Il mourra en Allemagne en 2009, sans jamais avoir exprimé le moindre remord. Jusqu'à ses derniers jours en 2020, à 100 ans, Noëlla Rouget, portée par son inébranlable foi, ne retirera de cet échec ni amertume ni doute sur la nature humaine.