Tour de France : Froome champion hors du commun ou vainqueur suspect ?

Froome, assis sur sa selle, dépose son rival Contador dans l’ascension du Ventoux avant de fondre sur le meilleur grimpeur Quintana pour franchir en vainqueur la ligne d’arrivée au sommet. C’est à coup sûr l’image marquante de la 100e édition du Tour.

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La démonstration est visuellement impressionnante et le doute légitime sur cette performance.

Des chiffres surhumains

Depuis plusieurs années, les performances des coureurs sont décortiquées. Antoine Vayer, par exemple, calcule leur puissance déployée sur les plus grandes ascensions à l’aide de modèle mathématiques. Avec cette technique, l’ancien entraîneur de l'équipe Festina a posé des seuils au-delà desquels il juge les performances anormales: à 410 watts, une performance est "suspicieuse", à 430 watts elle est "miraculeuse" et à 450 watts elle est "mutante". En clair : les watts ne révèlent pas la cause mais la conséquence du dopage.Sur le Tour 2013, il a posé des "radars" qui lui ont permis de conclure que dans le Ventoux, Froome avait été plus fort que les "mutants" dopés Armstrong et Pantani. "C'est un record du monde sur cette ascension", explique-t-il. Même conclusion pour la montée à Ax-3 Domaines : le Britannique avait assommé le Tour en développant une puissance à deux watts près du duo Ullrich-Armstrong de 2003.

Autre indicateur : le temps d’ascension du Ventoux. Si l’on met de côte le contre-la-montre (exercice plus court et intense), Froome a grimpé les 20 km de la pente ardue (7,5% de moyenne) en 57 minutes soit la montée la plus rapide de l’histoire du Géant de Provence.

"Des performances cohérentes"

Mais coureurs comme experts soulignent les limites de ces calculs érigés par Vayer en preuve irréfutable du dopage.  Fixer un seuil absolu au-delà duquel se décrète le dopage est "scientifiquement et intellectuellement malhonnête", souligne Frédéric Grappe, Le docteur en biomécanique a été sollicité pour décrypter certaines données physiologiques (puissance, capacité aérobie, poids...) de Froome depuis deux ans, fournies par son équipe Sky.À en croire les observations de l’entraîneur de l'équipe FDJ.fr. il faudrait une "VO2max" (la consommation maximale d’oxygène, autrement dit la puissance maximale qui permet aux muscles de fonctionner) de 90 pour parvenir au résultat du Britannique. Or ce chiffre n'a rien d'inhumain. "Les performances réalisées dans Ax 3 Domaines et dans le Ventoux pouvaient être attendues. Elles sont en parfaite cohérence avec son PPR (Profil Puissance Record) établi depuis la Vuelta 2011", explique-t-il sur son site internet.Alors dopé ou pas ? "J'ai analysé un profil partiel biomécanique entre 2011 et 2013. Je ne dis pas qu'il est dopé ou pas, et je ne peux pas le dire. Tout ce que je peux dire, c'est que le coureur est resté le même depuis 2011", souligne-t-il.

Froome se défend

Chris Froome et son équipe n’ont eu de cesse de nier ces accusations de dopage."Ce maillot jaune résistera à l'épreuve du temps", a lâché le Britannique sur les Champs-Elysées dimanche dans une allusion implicite aux critiques qui ont accompagné sa course. Un discours d’un roi qui n’est pas sans rappeler celui de Lance Armstrong en 2005 à Paris. En espérant cette fois que le monarque ne sera pas déchu.

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](/tourdefrance2013 "Le Tour de France 2013")