Passer au contenu
Publicité

Jimmy Adjovi-Boco : "Mon passage en Normandie reste un moment important de ma carrière"

Dans le cadre du festival "Le goût des autres", ce week-end au Havre, le Stade Jules Deschaseaux accueille un match insolite entre des anciens du Havre AC et l'équipe de France des écrivains. A la tête de cette dernière, l'ancien grand défenseur passé par le FC Rouen : Jimmy Adjovi-Boco.

Jimmy Adjovi-Boco a porté les couleurs du FC Rouen durant une saison (1987-1988)
Jimmy Adjovi-Boco a porté les couleurs du FC Rouen durant une saison (1987-1988) © Maxppp - Patrick James

C'est un match original que la ville du Havre accueille ce samedi (14h) : une équipe d'anciens du HAC, joueurs et salariés, face à une équipe d'écrivains français. Organisée dans le cadre du festival littéraire "Le goût des autres", cette rencontre ouverte au public se tiendra au Stade Jules Deschaseaux. Parmi les quelques noms sur la feuille de match : l'ancien défenseur du HAC Jean-Pierre Delaunay, l'écrivain Olivier Pourriol, ou encore l'ancienne star du RC Lens Jimmy Adjovi-Boco

Publicité

Sélectionneur de l'équipe de France des écrivains, Jimmy Adjovi-Boco reste aussi l'une des figures marquantes du RC Lens (1991-1997). Auparavant, l'ancien défenseur âgé de 54 ans a aussi porté les couleurs du FC Rouen, en deuxième division (1987-1988). Très impliqué aujourd'hui dans le milieu associatif, aussi généreux et investi sur le terrain qu'en dehors, Jimmy Adjovi-Boco se confie au micro France Bleu Normandie de Bertrand Queneutte. De la fin de sa carrière il y a vingt ans, à la création de Diambars il y a quinze ans, en passant par sa saison au FCR et par ce penalty manqué face au Havre AC. 

Bertrand Queneutte : C'est déjà surprenant d'apprendre qu'il existe une équipe de France des écrivains. Et c'est aussi surprenant de découvrir que c'est vous qui en êtes le sélectionneur. Expliquez-nous. 

Jimmy Ajovi-Boco : J'ai été sollicité il y a un an pour entraîner l'équipe et faire la sélection. J'ai tout de suite accepté. On a  joué un premier match à Paris contre l'Allemagne, puis un second il y a quelques mois à Francfort, à l'occasion du salon du livre. On a affaire à des écrivains et des passionnés de football. Je prends énormément de plaisir à passer du temps avec eux. Le niveau est ce qu'il est, mais  la passion est là. 

Jimmy Adjovi-Boco, de retour en Normandie dans le cadre du festival "Le goût des autres"
Jimmy Adjovi-Boco, de retour en Normandie dans le cadre du festival "Le goût des autres" © Maxppp - Sami Belloumi

BQ : Vous avez écrit Jimmy après votre carrière ? 

JAB : Non, mes seules publications, c'était des lettres à ma mère (rires). Je n'ai pas encore écrit, mais il y a des chances que je fasse quelque chose bientôt. 

BQ : Et vous aurez beaucoup de choses à raconter, car vous avez derrière vous une longue et riche carrière. 

JAB : Oui, d'un point de vue sportif. Mais j'ai en plus un parcours atypique, qui m'a amené dans l'aéronautique, dans le sport, dans le monde de l'entreprise, et aujourd'hui dans le conseil au Président de la République, pour l'Afrique. 

Jimmy Adjovi-Boco a créé Diambars avec Patrick Vieira et Bernard Lama
Jimmy Adjovi-Boco a créé Diambars avec Patrick Vieira et Bernard Lama © Maxppp - Mbaye Aliou

BQ : Vous conseillez le Président Macron ? 

JAB : Le Président a mis en place le CPA (Conseil Présidentiel pour l'Afrique), une structure avec dix experts. Moi, j'ai été choisi pour la partie sport, grâce à la réussite de Diambars et ma connaissance du continent africain. Pour la première fois, dans son discours en Afrique, un président a mis le sport et le foot au même niveau que les autres thèmes à traiter. Nous, avec Diambars, on a démontré tous les enjeux économiques, sociaux et de mobilisation de la jeunesse qui pouvaient exister derrière le sport. Quand on sait la passion du continent africain pour le sport et pour le foot en particulier...

BQ : Après votre carrière, vous vous êtes en effet lancé dans le milieu associatif, c'est cela ? 

JAB : Avec Bernard Lama ,Patrick Vieira et un ami sénégalais, on a monté une association qui s'appelle Diambars et qui vise à créer des structures de formation en Afrique, avec un objectif d'éducation. Le sport et le foot sont un moyen, et l'objectif principal reste l'éducation. Cela ne nous empêche pas d'avoir des résultats, puisqu'on a une équipe professionnelle qui a été championne du Sénégal il y a quatre ans. C'est un peu plus compliqué cette année. On a aussi une vingtaine de joueurs sortis de chez nous et qui évoluent dans les meilleurs championnats en Europe. 

Les Diables Rouges font partie de l'histoire du football français (...) J'ai mal de voir le FCR à ce niveau là.

BQ : Vous n'avez pas eu envie de devenir entraîneur, après votre carrière ? 

JAB : J'avais mes diplômes d'entraîneur, que j'avais passés à Lens quand j'étais joueur. Mais à la fin de ma carrière, j'ai repris des études, j'ai fait l'école supérieure de commerce de Lille pour mettre en place le projet Diambars. Et aujourd'hui, avec mon implication dans le développement du sport au plus haut niveau et notamment continental en Afrique, j'ai l'impression d'être beaucoup plus utile à ce niveau là que pour une équipe. 

Mon passage en Normandie reste un moment important de ma carrière 

BQ : Vous avez joué l'essentiel de votre carrière au RC Lens, mais avant cela : une saison au FC Rouen. Cette saison là vous a-t-elle marqué ? En reste-t-il des souvenirs ? 

JAB : Bien sûr ! De grands souvenirs : Avec une équipe assez extraordinaire. J'avais fait un excellent début de saison. Ensuite, je me suis blessé et la fin de saison a été moins bonne. L'entraîneur de l'époque s'appelait Arnaud Dos Santos. Il avait alors voulu modifié sa défense. Moi, j'étais le petit jeune, j'étais stagiaire, et il a préféré recruter un défenseur plus expérimenté. Je suis parti à Tours,. Et même si cela n'a duré qu'un an,  mon passage en Normandie reste un moment important de ma carrière.

BQ : Le FC Rouen a connu des heures plus difficiles et parfois sombres ces dernières années. Mais le public a toujours été là. Ce public vous a-t-il marqué à l'époque ? 

JAB : Ce n'est pas le RC Lens, mais il m'a marqué, oui ! C'est un public de connaisseurs et de passionnés. Je me souviens de cette vague rouge qui nous portait. Aujourd'hui, j'ai mal pour eux. Pour moi, les Diables Rouges font partie de l'histoire du foot français. Et c'est dommage de vo le FCR à ce niveau là. 

Diambars fête cette année ses quinze ans d'existence
Diambars fête cette année ses quinze ans d'existence © Maxppp - Nic Bothma

BQ : Vous avez un autre lien avec la Normandie : lors de votre avant dernière saison avec le RC Lens, et on pense à l'époque que c'est votre dernière, vous affrontez Le Havre en toute fin de championnat. Vous avez alors la particularité de n'avoir jamais marqué aucun but dans votre carrière pro, et votre équipe obtient un penalty. Racontez-nous...

JAB : Les matchs avec Le Havre ont toujours été des matchs sympas. A l'époque, on était déjà européens et Le Havre n'avait plus rien à jouer. J'étais remplaçant. Les joueurs m'avaient dit : "si il y a un penalty, c'est toi qui le tires". J'avais refusé. Finalement, je rentre sur le terrain et on obtient un penalty quelques minutes plus tard. Tous les joueurs me disent d'y aller, je refuse, mais l'arbitre nous demande de nous décider, car on tergiversait depuis quelques secondes. Finalement, j'y vais. Gervais Martel avait couru du banc jusqu''aux 16,5m le long de la ligne de touche, prêt à rentrer sur le terrain si je l'inscrivais. Et puis... j'ai échoué (rires) !  Mais je ne l'ai pas tiré à côté, c'est le gardien qui l'a arrêté.

Le penalty manqué face au Havre ne m'a pas traumatisé (rires)

BQ : Vous vous souvenez du gardien ? 

JAB : Oui, il est parti ensuite au PSG. C'était Christophe Revault. C'était un moment très sympa. Et je peux vous promettre que cela ne m'a pas traumatisé (sourires). 

BQ : On parlait du FC Rouen. Le RC Lens a lui aussi connu des heures difficiles et en connaît encore aujourd'hui. Cela vous fait mal. 

JAB : Bien sûr que cela me fait mal. Cela me fait mal pour la ville, pour la région. Quand vous voyez qu'un club comme ça, malgré son classement, arrive toujours à faire entre 25 et 30.000 spectateurs, c'est que la passion est toujours là. Pendant un temps, on a perdu nos valeurs : la solidarité, le respect... Mais là, les choses s'arrangent, je crois. La relation entre les joueurs, les dirigeants, les salariés et les supporters, elle était familiale au RC Lens. C'est sur ça que s'est construit la réussite. Aujourd'hui, avec Eric Sikora, Daniel Moreira, Didier Senac  ou encore Patrick Barul, on est en train de travailler sur ces valeurs là. Et comme par hasard, on retrouve des résultats. Je pense qu'il est important qu'un club conserve garde son identité, il ne faut pas la perdre. Le RC l'avait un peu perdu, il avait perdu son âme. 

A noter que s'il est sélectionneur de l'équipe de France des écrivains, Jimmy Adjovi-Boco chaussera tout de même les crampons, ce samedi, au Stade Jules Deschaseaux

L'info en continu

Publicité

undefined