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INTERVIEW | Oscar Garcia : «Je suis content que le Stade de Reims m’ait donné l’opportunité de revenir en L1»

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Alors que le club rémois termine sa saison à la 12e place de la Ligue 1, l'entraîneur rémois fait le bilan de sa première saison sur le banc de touche du Stade de Reims et évoque la suite avec ambition.

L'entraîneur rémois Oscar Garcia ici avec le défenseur Thomas Foket. L'entraîneur rémois Oscar Garcia ici avec le défenseur Thomas Foket.
L'entraîneur rémois Oscar Garcia ici avec le défenseur Thomas Foket. © AFP - AFP
  • Avec le recul d’une saison, est-ce que le projet qui vous a été présenté avant de vous faire venir correspond à ce que vous avez trouvé ici ?

Oui. Quand je suis arrivé ici, c’est quand j’ai accepté le défi de ce club. L’idée du club est très bonne et moi je suis habitué à travailler comme ça. Et tout ce que m’avait présenté la direction s’est retrouvé cette saison. Et je suis content d’être ici et d’avoir terminé la saison tranquillement, sans avoir attendu le dernier match pour savoir si on allait se maintenir.

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  • Qu’est-ce qui vous plaît dans le travail avec des jeunes joueurs ? Pourquoi êtes-vous un entraîneur qui a ce souhait de travailler avec ce type de joueurs ?

Parce que tu peux voir l’évolution du joueur et l’aider à atteindre son meilleur niveau. Normalement les jeunes joueurs écoutent beaucoup et ils veulent apprendre. Comme tous les joueurs, il y a en a qui vont apprendre plus, d’autres moins. Mais c’est aussi le cas des moins jeunes. Par exemple, Yunis (Abdelhamid) est un joueur qui veut toujours apprendre, qui veut toujours s’améliorer. Pour moi, c’est un exemple pour tous les jeunes joueurs. Et j’utilise beaucoup le parcours de Yunis quand je parle aux jeunes joueurs. Il a joué beaucoup de matchs, il est toujours le premier à l’entraînement, il ne se blesse jamais et on sait qu’il y a beaucoup d’exigences physiques dans notre jeu. Pourtant, il a joué presque tous les matchs.

  • Malgré tout, lorsque vous êtes arrivé, on a vu partir de jeunes joueurs déjà présents comme Thibault De Smet, Dario Maresic ou encore Kaj Sierhuis qui ont été prêtés. Vous avez fait une sorte d’audit sur des jeunes joueurs déjà présents qui, selon vous, ne passeraient pas le cap…

Pour cela, j’ai d’abord regardé beaucoup de matchs de la saison dernière et j’ai eu une idée très claire des joueurs. Presque tous les joueurs m’ont confirmé ce que je pensais avant de venir et c’est pour cela que l’on a décidé de prêter certains joueurs.

  • Prêtés pour qu’ils aient du temps de jeu ailleurs ou pour qu’ils se développent ailleurs ?

Pour moi, c’était parce que presque tous ne joueraient pas ici. Après, ce sont des investissements pour le club et on a besoin que ces joueurs jouent pour se revaloriser parce qu’ici ils ne l’auraient pas fait. C’était plus pour cela que pour aller jouer ailleurs puis revenir et devenir important ici.

  • Quelles ont été les plus grandes difficultés pour vous cette saison ?

Surtout les blessures. La blessure d’Arber Zeneli lors de la pré-saison a été difficile à gérer car c’était une blessure importante qui a immobilisé le joueur pendant un long moment durant la saison alors que l’on avait imaginé l’équipe avec lui. Il y a eu aussi les blessures d’Hugo Ekitiké et d’autres joueurs. Ces blessures n’ont pas permis de faire l’équipe-type que j’avais en tête. Mais bon, ce sont des choses qui arrivent pendant une saison et on est parvenu à s’adapter.

  • Est-ce que justement au moment de la blessure d’Arber Zeneli fin juillet, vous avez craint que les choses soient plus difficiles, sachant qu’il serait difficile de le remplacer pour retrouver un joueur de ce type ?

Oui c’était difficile mais il y a eu, à l’inverse, des joueurs qui se sont révélés lors de cette pré-saison  comme Hugo (Ekitiké). On n’aurait jamais pensé, les premiers jours, qu’il serait aussi important cette saison. Il a su se hisser à un très haut niveau.

  • Est-ce que Hugo Ekitiké n’a pas également profité du « faux départ » (1) de El Bilal Touré ?

Oui bien sûr ! Avant la pré-saison comme remplaçant, comme troisième attaquant mais le problème que l’on a eu avec El Bilal qui n’a pas fait la pré-saison mais plus la blessure de Zeneli a su qu’il en a profité. Je dis toujours que les grands joueurs savaient saisir les opportunités et c’est comme cela qu’ils passent le cap plus vite. Je me rappelle du gardien de but espagnol Iker Casillas. Il a su profiter de cela. Il y avait le gardien titulaire blessé, puis sa doublure : on a été le chercher au centre de formation pour jouer en Ligue des Champions et il a très bien joué C’était son moment et il a su le saisir. C’est comme ça.

  • Selon vous, parmi vos jeunes joueurs, quels sont ceux qui ont le plus progressé cette saison ?

Bon évidemment, Hugo (Ekitiké). Quand je regarde les matche de la saison dernière, il avait joué seulement 15 minutes en Ligue 1, il a beaucoup progressé. Je pense aussi à  Bradley Locko, Wout Faes, Dion Lopy. Et puis on le voit dans le temps de jeu : derrière Predrag Rajkovic, Wout Faes et Yunis Abdelhamid, il y a Nathanaël Mbuku et Ilan Kebbal qui ont joué le plus de matchs cette saison. Même si Nathanaël avait plus joué la saison dernière. Ilan découvrait lui la ligue 1. Cela démontre leurs progressions.

  • Y-a-t-il un match dans la saison qui a fait basculer la saison ?

Pour moi, le match à domicile face à Clermont en novembre que l’on gagne dans le temps additionnel. Mais aussi le match que l’on gagne à Delaune face à Lille, également à la dernière minute avec le but de Yunis. On était plus tranquille après ce match.

  • C’est mentalement que ce match, gagné face à Clermont, vous a fait du bien ?

Oui et on a enchainé une victoire à Lyon trois jours plus tard. C’était la première fois que l’on gagnait deux matchs consécutifs dans la saison et cela nous a fait du bien. C’était un moment où l’on encaissait des buts à la fin et face à Clermont, c’était la première fois qu’à l’inverse, c’est nous qui marquions dans ces dernières minutes. Je crois que cela a changé un peu la mentalité des joueurs dans ces dernières minutes.

  • On a pointé du doigt en début de saison qu’autour de Yunis, il y avait peu de joueurs cadres. Même si Nicolas Penneteau était aussi là pour apporter son expérience. Avez-vous manqué à un moment de plus de joueurs cadres pour accompagner les jeunes joueurs ?

Vous savez, je me souviens lorsque je suis arrivé ici, 80 à 90 % des personnes disaient que nous serions candidats pour descendre en Ligue 2 avec tous ces jeunes joueurs et on leur a montré qu’ils s’étaient trompés car à quatre matchs de la fin du championnat, on a officiellement assuré le maintien. Pour moi, ce n’est pas une question d’âge, mais une question de caractère, de mentalité et de personnalité. Azor Matusiwa est un jeune joueur mais il peut être un leader aussi, Wout Faes aussi. Cette saison, Wout a franchi un cap et il a été un joueur capital pour nous. Nicolas Penneteau, Marshal Munetsi ont aussi eu cette mentalité, cette personnalité car ils sont toujours là, ils s’entraînent à fond et nous sommes très contents d’avoir des joueurs comme ça.

"Avec moins de blessures, on aurait peut-être terminé dans le top 10 de la Ligue 1"

  • Et, à l'inverse, on a vu des joueurs que vous n’avez pas réussi à faire évoluer, on pense à Valon Berisha ou Anastasios Donis. Pourquoi n’ont-ils pas réussi ?

J’utilise beaucoup la méritocratie, cela m’est égal de regarder leur passé, de savoir ce qu’ils ont fait avant. Et quand tu fais jouer Kebbal, Mbuku, Matusiwa, Munetsi, tu n’as que 11 joueurs sur la feuille de match. Et les joueurs que vous citez ou d’autres avaient peut-être besoin de plus de temps de jeu pour s’installer, et montrer leur meilleur niveau, ils n’étaient pas adaptés pour être remplaçants. Mais ils se sont toujours très bien entraînés, ils ont toujours été très professionnels alors que ce n’était pas facile pour eux. Si on prend l’exemple de Valon Berisha, il est arrivé ici avec un statut de leader et après il ne joue pas, c’est pas simple pour lui. 

  • Le président du club, Jean-Pierre Caillot, a déclaré récemment que le Stade de Reims avait sa place dans la 3e Coupe d’Europe, la Ligue Europa Conférence. Pensez-vous que cela soit possible ?

Oui car il faut être ambitieux. C’est vrai que cela serait plus simple si l’on ne perdait pas des joueurs-clés, à l’image de Strasbourg qui perd peu de joueurs et qui construit différemment les choses, ou comme Lens. Mais ce n’est pas une critique et au contraire, c’est un défi que j’aime d’arriver à le faire avec la philosophie de notre club. On vend les meilleurs joueurs ici, je le sais. Après cela dépend quels joueurs tu va perdre. Les joueurs de côté, on peut s’adapter mais quand tu perds des joueurs de l’épine dorsale de ton équipe, c’est plus difficile. Mais pour l’Europe, on aura peut-être besoin de temps mais allez savoir où on aurait terminé cette saison si l’on n’avait pas eu autant de blessures…On aurait peut-être terminé dans le top 10.

  • Mais ce n’est pas décourageant de voir partir des joueurs alors que vous essayez de mettre des choses en place et qu’il faut refaire quand vous perdez un joueur ?

Mais je le savais avant d’arriver ici donc cela ne me décourage pas du tout. C’était à moi d’accepter ou de ne pas accepter de venir ici dans la mesure où les choses étaient claires. Il n’y a pas eu de surprises. Quand je suis arrivé, quelques jours plus tard, on vendait le meilleur buteur de l’équipe, Boulaye Dia. Mais je le savais. Mais je suis content parce que le club n’avait peut-être pas prévu que Hugo Ekitiké allait probablement devenir le joueur qui va rapporter le plus d’argent au club et ça, c’est le mérite de tout le monde. De la formation, du staff, de la direction et un peu de moi aussi pour la progression du joueur et lui donner de la confiance pour se montrer.

  • Toujours pour parler des jeunes joueurs, vous êtes d’origine espagnole. Le club regarde les marchés africains, la Hollande, la Scandinavie,  la Belgique mais pas vraiment l’Espagne. Est-ce que vous aimeriez voir arriver dans votre effectif de jeunes joueurs espagnols que vous auriez repérés ?

Oui, car il y a de bons joueurs dans la formation espagnole, mais ce n’est pas le même prix. C’est souvent plus cher. Et puis les jeunes joueurs espagnols ne quittent pas le pays pour aller s’émanciper à l’étranger. Les clubs les gardent car ils n’ont pas beaucoup d’argent, donc ils s’appuient sur leur formation pour constituer leurs effectifs. Mais sinon oui, il y a de très bons joueurs formés en Espagne. Après, je souhaite avant tout avoir des joueurs non pas parce qu’ils sont Espagnols, mais parce qu’ils sont bons.

  • Si on se projette à présent sur la saison prochaine. On sait qu’il y aura quatre descentes directes en Ligue 2 à l’issue de la saison afin de réduire le championnat à 18 équipes à compter de la saison 2023-2024. Est-ce que c’est quelque chose qui vous préoccupe et que vous prenez en compte dans la préparation de l’effectif ?

Ne pas s’en préoccuper serait une erreur parce que 4 descentes, c’est beaucoup. Après de nombreuses équipes vont prendre cela compte, il y a peut-être 12 équipes en Ligue 1 qui vont devoir faire attention. C’est pour cela que pour moi, l’été va être très important. Il faudra bien débuter le championnat. Ce sera aussi différent car nous aurons la longue interruption en fin d’année pendant la Coupe du Monde au Qatar. La préparation va donc changer car cet été, on ne se préparera pas pour toute la saison, mais seulement le début avec une autre préparation en novembre-décembre. On doit prévoir tout cela. 

"J'ai réduit mon salaire pour venir au Stade de Reims"

  • Votre staff va-t-il évoluer ? 

J’aimerai avoir quelqu’un avec qui j’ai déjà travaillé. La direction est en train de chercher, mais moi aussi car c’est quelque chose de très important de travailler avec quelqu’un que tu connais quand tu viens de l’étranger. J’ai toujours eu 3 adjoints comme à Saint-Étienne où j’avais 3 adjoints espagnols. Mais quand je suis arrivé à Reims, il y avait déjà une partie du staff installé donc c’était compliqué. Mais oui, j’aimerai que l’on arrive à aller vers ça. 

  • Plus personnellement, est-ce que cette première saison au Stade de Reims a été une sorte de revanche après ce que vous aviez vécu à Saint-Étienne en 2017 (2) ?

Non, ce n’est pas une revanche. Je suis très content que le Stade de Reims m’ait donné l’opportunité de revenir en Ligue 1. J’ai aussi réduit mon salaire pour cela, le plus bas que j’ai jamais eu comme entraîneur,  parce que j’avais l’envie de revenir en France comme je rêve aussi de redevenir entraîneur en Angleterre un jour, ou en Allemagne. Mais je suis très content d’être ici : c’est un bon projet.

  • Vous nous disiez qu’il allait falloir du temps pour peut-être arriver à se qualifier à nouveau pour une Coupe d’Europe, est-ce que vous avez envie de vous inscrire dans la durée au Stade de Reims ?

Oui car je suis très content d’être ici, dans la ville, dans le club. Je suis satisfait de ma relation avec la direction car on parle clairement. Et pourquoi ne pas rester ici sur la durée.

(1) El Bilal Touré a manqué la préparation avec le reste de l'effectif. Il a refusé de s'entraîner souhaitant un départ et engageant un bras de fer avec le club. Il est finalement revenu dans l'équipe après le 15 août mais a manqué les premiers matches. 

(2) Oscar Garcia s'est engagé avec Saint-Etienne en juin 2017. Mais à la fin du mois d'octobre 2017, alors qu'il était 6e de Ligue 1 avec les Verts, il a décidé de démissionner sur un fond de conflit avec les deux présidents du club.

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