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Enzo Tchato (Montpellier) : "Contre Paris ? Être prêt à souffrir tout le match"

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Alors que la Paillade accueille le PSG, ce dimanche, en clôture de la 26ème journée de Ligue 1, le défenseur montpelliérain Enzo Tchato (21 ans) se confie, lui qui avait marqué son premier but en pro face au PSG, au Parc des Princes, la saison passée.

Enzo Tchato avait marqué au Parc des Princes lors de la défaite 5-2 la saison passée Enzo Tchato avait marqué au Parc des Princes lors de la défaite 5-2 la saison passée
Enzo Tchato avait marqué au Parc des Princes lors de la défaite 5-2 la saison passée © Maxppp - Christophe Petit Tesson

Ce but marqué face au PSG, à l'occasion de votre troisième match en pro, vous y pensez souvent ?

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Ouais, j'y repense. C'est le premier et le seul. On m'en parle moins maintenant, mais on m'en parlait pas mal avant. Il a une saveur particulière. C'est un très bon souvenir. Je commençais ma carrière. Et marquer contre le PSG, c'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de le faire. C'est un très bon souvenir que je vais garder toute ma carrière. J'espère qu'on aura l'occasion, ce weekend, d'en marquer d'autres.

Quelle mouche vous a piqué de faire cet appel à ce moment-là, alors que le match était fini et qu'il n'y avait plus rien à jouer (5-1) ?

Khalil Fayad, il rentre, et je me dis : autant jouer le coup à fond. J'y vais. Devant les cages, je vois qu'il y a un petit angle, au premier poteau, et du coup, je la place là. Moi, sur le moment, je ne réalise pas trop ce qu'il se passe. Le match est déjà plié, on perd. Je ne célèbre même pas, parce qu'on prend cinq buts. Sur le moment, je me dis juste que j'ai marqué un but. Il y a un score large et la défaite, dont je pense plus à l'équipe, pas à moi. Et après, c'est plus avec la réaction de mes proches que je réalise qu'il s'est passé quelque chose.

Marquer, c'est une chose. Mais face à Paris, il faut surtout beaucoup, beaucoup défendre. Enfer ou plaisir ?

Un peu des deux. D'un côté, on a envie de jouer contre des grands joueurs, des grands matchs, donc on est content de jouer contre Mbappe, Kolo Muani, Dembele. Mais après, c'est sûr que sur le terrain, il faut être au niveau et être prêt à souffrir tout le match. Ce sont des joueurs qui sont capables de faire des différences, de t'éliminer, de te faire passer un mauvais match. Mais je pense que, dans tous les cas, on est très content de jouer ce genre de match. C'est du plaisir, en vrai.

On apprend, quand on ressort d'une défaite et d'un score large ?

Oui, parce que moi, j'essaie toujours de voir le positif, de voir ce que j'aurais pu mieux faire. Il faut toujours essayer d'apprendre. Il faut sortir grandi, même après, lors des séances vidéos. Tout ça, c'est de l'apprentissage. Moi, ce que je fais, c'est que je regarde une ou deux fois mes matchs. J'ai aussi des proches autour de moi qui me disent comment ils ont ressenti les choses. Et puis quand on a un match à jouer, je regarde comment joue l'adversaire que je peux potentiellement avoir. Commencer le match avant qu'il ne démarre, c'est aussi comme ça qu'on peut être performant le weekend, je pense.

Avec Mbappe, vous avez un point commun : les origines camerounaises. Pour vous, la sélection du Cameroun était une évidence ?

Franchement, oui. Je ne me suis jamais posé la question. Mes deux parents sont camerounais, ils y sont nés, toute ma famille est au Cameroun. Mon père a joué pour la sélection. Je savais que si j'avais l'occasion de jouer en sélection, ce serait pour le Cameroun, que ça allait les rendre fiers. La question ne s'est donc pas vraiment posée. La première fois ? C'était en U17. Mon père travaillait avec la fédération, je lui avais dit que ça m'intéressait de jouer en sélection. Il y avait la Coupe du Monde. Cela ne se faisait pas trop à l'époque, les européens qui viennent jouer dans les sélections jeunes. Mais c'est parti de là. Moi et pas mal de joueurs européens ont été convoqués, et j'ai ensuite continué.

Enzo Tchato a affronté le Sénégal de Sadio Mané durant la CAN 2024
Enzo Tchato a affronté le Sénégal de Sadio Mané durant la CAN 2024 © AFP - Kenzo Tribouillard

Vous venez de disputer votre première CAN. Le joueur qui est parti est-il le même que celui qui est rentré ?

C'est sûr que je vois les choses différemment. Dans mon jeu, mon caractère. J'en sors grandi, vraiment. Je ne m'attendais pas à tout ça. J'ai eu l'occasion de jouer, y compris contre des grands joueurs comme Sadio Mané, avec le Sénégal. Cette CAN ne m'a apporté que du bien, que du positif.

Un joueur vous a-t-il pris sous son aile ?

On a un groupe assez jeune. Au moins dix joueurs disputaient leur première CAN. Mais Vincent Aboubakar, oui. Ca m'a surpris, parce que c'est quelqu'un d'assez réservé, mais il me parlait beaucoup, il me conseillait, et ça m'a beaucoup aidé. Surtout que c'est le capitaine, donc quand le capitaine te prend comme ça, ça te fait du bien. Il ne m'a pas forcément conseillé sur mon jeu, parce que ce n'est pas un latéral. Mais il me racontait les CAN précédentes, il me disait comment ça allait se passer, il me racontait des anecdotes. Tu l'écoutes, tu engranges. Lui, c'était sa cinquième. Au Cameroun, en Afrique, même en Europe, c'est un des meilleurs joueurs africains. Donc c'est particulier.

En France, les jeunes de votre génération sont coachés par Thierry Henry. Pour vous, c'était une autre légende : Rigobert Song. Ca vous parle aussi ?

Oui, totalement. Il y a le coach Rigobert Song, qui a une aura, et puis il y a le président, Samuel Eto'o. Lors de ma première sélection, je les vois, et je me dis : c'est quand même un truc de fou ! En tant que camerounais, c'est quelque chose de fort. Le président, on parlait pas mal. Son fils est un ami, et lui a joué avec mon père. C'est l'image du Cameroun, c'est impressionnant de le voir en vrai.

Vous avez aussi découvert la passion et l'amour démesurés des camerounais pour le football et pour leur sélection : impressionnant ?

Lors du match de qualification pour la CAN, contre le Burundi, on jouait dans une petite ville au Cameroun : Garoua. Je ne connaissais pas trop. J'arrive, tout le monde est dehors, c'est incroyable. Aux entrainements, il y a je ne sais combien de personnes. Les gens sont comme des fous. C'est quelque chose d'unique, il n'y a pas ça ailleurs. Ce sont des émotions, et ça donne envie de tout donner.

Votre papa, Bill Tchato, vous a-t-il poussé à suivre son chemin ?

Non, franchement, pas du tout ! Quand j'ai commencé, on arrivait du Qatar. Mes parents me disent : le mercredi, en France, il faut faire une activité. Il nous demandent ce qu'on veut faire. Nous, avec mes frères, on a dit : du foot. Ensuite, on a fait les détections ici, ça s'est bien passé. Mais mes parents ne m'ont jamais poussé. Je pense que c'est dans les gènes. Ca c'est fait naturellement. Je prenais du plaisir, mes parents étaient contents. Ils m'ont toujours dit : peu importe ce que tu fais, boulanger ou facteur, donne tout et sois le meilleur.

Bill Tchato, son père, a joué à Montpellier entre 200 et 2003
Bill Tchato, son père, a joué à Montpellier entre 200 et 2003 © AFP - Dominique Faget

Vous êtes quand même né sous une bonne étoile, non ?

C'est vrai. On est reconnaissant. On est croyant, en plus, donc on est reconnaissant envers Dieu. Par rapport à tout ce qui nous arrive. C'est quand même assez fou. Mon père a eu sa carrière, moi je signe pro et je commence la mienne. J'espère que Ryan signera pro lui aussi. Et puis le petit aussi fait du foot. C'est vraiment une famille de foot. On se dit qu'on a de la chance, et pourvu que ça dure, tout simplement. Est-ce qu'on arrive à parler d'autre chose que du foot ? Bon, c'est vrai que c'est très axé sur ça. C'est difficile de s'en détacher, mais on essaie, de temps en temps.

Ce qui n'est pas banal, c'est que votre père qui était latéral n'a fait que des latéraux !

C'est vrai (sourire).Moi, j'ai commencé milieu quand j'étais petit. Mais c'est vrai que depuis U11, je suis défenseur. J'ai été formé central, et c'est plus sur la fin que je suis passé latéral. Mon frère, pareil. Ca nous va bien. Mon modèle ? C'était Dani Alves. Aujourd'hui, j'essaie de m'inspirer des meilleurs en Europe, Hakimi ou Carvajal, notamment.

C'est un poste qui a beaucoup évolué. On parle désormais de piston, on voit des latéraux participer énormément dans le coeur du jeu. Ca demande beaucoup de travail et de réflexion, n'est-ce pas ?

Un latéral doit maintenant savoir tout faire : défendre, attaquer, faire des appels à l'intérieur, dédoubler, avoir du cardio, être très bon tactiquement, physiquement. Ca demande d'être assez complet, on va dire.

Est-ce qu'on peut dire que c'est le poste le plus difficile, selon toi ?

Je le dis clairement, oui ! C'est un poste qui n'est pas évident. En plus, tu te prends les ailiers, les joueurs percutants, qui sont parfois les meilleurs de l'équipe adverse. Moi, c'est un poste que j'affectionne, le meilleur pour utiliser mes qualités. Il faut essayer d'être le plus complet possible.

Contre une équipe comme Paris, vous êtes vraiment très exposés ?

A tous les matchs, mais encore plus contre Paris, c'est sûr. Ils ont des joueurs de qualité. Après, on n'est pas tout seul. Le central et le milieu viennent nous aider. Si tactiquement, on est bien, on peut s'en sortir.

Il faut essayer de ne pas se prendre la tête. Ca va être un grand match, contre une grosse équipe. Il faut prendre du plaisir, jouer. Il ne sont pas très bien en ce moment, on espère que ça va continuer. A nous de faire un grand match, comme contre Nice. Et se dire pourquoi pas. Tenter notre chance, ne pas douter, même si on rate une occasion et qu'on prend un but. Ca peut arriver. Il faut se dire que tout est possible.

Comment vous jugez votre marge de progression, aujourd'hui ?

Je pense que je peux m'améliorer sur pas mal de points Je sens déjà une différence entre la saison passée et celle-ci. Et je pense que j'ai encore beaucoup à apprendre. Ca viendra avec le temps, avec l'expérience, avec le travail surtout. Je suis quelqu'un qui a beaucoup d'ambition. Donc je pense que ma marge de progression est importante.

Est-ce que vous avez des critiques et des doutes à chasser, des choses à prouver. Dans la mesure où le club ne vous a fait signer que 1+2, au départ ?

Moi, mon objectif était de signer pro. C'est sûr que tu espères signer trois ans, pas 1+2, je ne vais pas mentir. Mais je me suis dit que, de toute façon, je ne signais pas pro pour juste être là et aller en réserve. Je voulais prendre ma place, saisir ma chance. Ca s'est bien passé au début, j'ai eu ensuite moins de temps de jeu. C'était assez alternatif. Mais j'essaie toujours d'être performant. Ce que je veux, moi, c'est être titulaire. Donc je travaille et je veux continuer de progresser.

Avez-vous l'impression de tenir la corde, en ce moment, avec Falaye Sacko et Silvan Hefti comme concurrents ?

Le coach fait ses choix. Depuis le début, il y a du turn-over. Falaye a d'abord joué une grande partie du début de saison. Après, j'ai fini l'année 2023. On est parti à la CAN, le club a recruté Silvan. Maintenant, il est blessé et c'est moi qui joue. Notre concurrence nous tire vers le haut, elle est saine. A moi d'être performant pour enchainer.

Il vous reste un an de contrat après la saison en cours. A quoi va ressembler l'avenir, vous le savez déjà ?

Honnêtement, ce n'est pas ma priorité ni celle du club. On a un maintien à acquérir, pour l'instant. C'est donc ça la priorité. On verra par la suite, pour le reste.

Commencer sa carrière pas un maintien, c'est éprouvant ?

Dur, je ne sais pas. Bien sûr, on préfèrerait commencer en haut du tableau, mais c'est un apprentissage à grande vitesse. C'est sûr que c'est pas évident. Il y a des semaines qui sont dures moralement. Mais il faut se battre. On est tous dans le même bateau. C'est ce qui compte, pour gravir les échelons.

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