Cyclisme - Mondiaux sur piste | Thomas Boudat : "Ça me met une pression énorme et ça m'énerve"
Malgré sa blessure au poignet et une préparation perturbée, le Langonnais se dit prêt à défendre son titre sur l'omnium devant le public français. Mais il n'a toujours pas digéré d'avoir été privé de la course à l'Américaine. Interview.
France Bleu Gironde : Comment va votre poignet ?
Thomas Boudat : Ça a été moins grave que prévu car le scaphoïde n’a pas été cassé. La reprise a été dure car j’avais une attelle et ce n’était pas très pratique. Depuis quelques jours ça va mieux, je retrouve des sensations. On va voir ce que ça dit pendant cette semaine de stage et on croise les doigts pour le Mondial.
Est-ce qu’un forfait est encore envisageable ?
Non. J’y vais, c’est sûr. Je ne peux pas louper un championnat du monde en France. Ça arrive une fois tous les dix ans, donc une fois dans une carrière. Pour moi, c’est impossible de manquer ça.
"Même si je ne suis pas à mon top niveau, mentalement je serai à 300 %. Et je sais que le public va m'aider à me dépasser."
— Thomas Boudat
Cette blessure peut-elle vous empêcher d’être à votre meilleur niveau ?
Je ne veux pas me réfugier derrière ça, j’essaie de passer au-dessus. C’est sûr que ça ne m’a pas permis de me préparer de façon optimale mais je modifie les entraînements en fonction. Je sais que le public va m’aider à me dépasser. Même si je ne suis pas à mon top niveau, mentalement je serai à 300%
Concrètement, en quoi la blessure gêne-t-elle votre préparation ?
Déjà, je devais faire l’Etoile de Bessèges la semaine dernière. Ça m’a fait manquer cinq jours de course qui m’auraient fait du bien pour le rythme. Du coup, j’ai dû faire un stage à Salou en Espagne pour limiter la casse. Après, pour l’omnium, j’ai le kilomètre départ arrêté où il faut être à 100% et tirer très fort sur le guidon. Je n’ai pas encore fait ce type d’effort. Je ne sais pas ce que ça va donner.
Dans quel état d’esprit abordez-vous ce Mondial ?
C’est difficile d’arriver serein sur ce Mondial. J’ai le maillot sur les épaules, il y a de la pression vis-à-vis de la fédération, des médias. Mais ça fait partie du jeu. On était tous contents d’avoir le Mondial en France maintenant il faut assumer. Il me tarde d’en découdre avec mes adversaires.
"Ma forme à Cali, à un mois des mondiaux, m'a rassuré."
— Thomas Boudat
Que retirez-vous de deux manches de coupe du monde disputée cette saison ?
La première à Londres, j’étais en reprise donc je n’étais pas au top niveau surtout dans les épreuves comme la course aux points ou l’élimination qui sont censées m’avantager. À Cali, je me suis loupé lors de la première épreuve sur le scratch mais je sentais que j’étais revenu du bon côté du groupe. Dans le peloton, je faisais partie de ceux qui faisaient la course. Ça m’a quand même rassuré parce que je n’ai pas beaucoup couru cet hiver par rapport à l’hiver dernier. Ma forme à Cali, à un mois des Mondiaux, m’a rassuré.
La clé d’un titre sur l’omnium, c’est la régularité ?
Tout à fait. Il faut essayer d’être dans les cinq premiers à chaque épreuve. Je sais que je n’y serai pas sur le tour lancé qui est mon petit point faible mais que je travaille. Après, une belle course aux points et une belle élimination permettent de se rattraper. C’est difficile de progresser surtout quand ça se joue vraiment à rien.
Pourquoi ce stage se déroule-t-il à Bordeaux et pas à St Quentin-en-Yvelines ?
J’ai déjà alerté les hautes instances de la fédération pour leur dire que ce n’était pas normal d’autant que les sprinters, eux, ont la chance de pouvoir s’y entraîner. En 2012, tout le monde a gueulé parce que les Anglais avaient roulé sur le vélodrome des JO de Londres alors que c’était formellement interdit. Et nous, on arrive à faire un stage sur un autre vélodrome que celui où se dispute la compétition. Apparemment, c’est parce qu’on ne pouvait pas avoir les créneaux souhaités. C’est un championnat du monde ! A un moment donné, il faut mettre les moyens.
"Je n'ai pas le droit à l'erreur et personne ne s'en rend compte. Tout le monde pense que je vais regagner le titre mais ce n'est pas fait. Alors que si j'avais eu deux courses..."
— Thomas Boudat
Avez-vous digéré de ne pas avoir été retenu pour l’Américaine ?
Je n’ai toujours pas digéré et je pense que je ne digèrerai pas. J’ai déjà été plus ou moins volé il y a deux ans quand ils (ndlr : Morgan Kneisky et Vivien Brisse) ont été champions du monde. J’avais fait tout l’hiver en Américaine et on m’avait sorti au dernier moment de l’équipe alors que des trois, j’étais celui qui marchait le mieux. Je me suis retrouvé sur la touche pour manque d’expérience.
Là, rebelote, et par la même personne. Ça me met vraiment en colère d’autant qu’avec Bryan (ndlr : Coquard) on avait une bonne équipe. L’Américaine, c’est vraiment une épreuve vécue avec le public, on aurait pu vivre un très grand moment. Je comprends l’argument de me protéger pour l’omnium (ndlr : l’Américaine a lieu le lendemain) mais d’un autre côté, ça me met encore plus de pression. Je n’ai pas le droit à l’erreur et personne ne s’en rend compte. Je suis compétiteur et professionnel, je peux faire du vélo tous les jours.
Vous regrettez la gestion des hommes ?
Le souci, c’est que pour ce championnat du monde, comme par hasard, tout le monde veut revenir sur la piste. Ceux qui l’avait délaissée ou qui faisaient ça en dents de scie, reviennent à 200 %. Et nous qui faisons de la piste régulièrement et qui avons des résultats, on est un peu mis de côté. C’est ça qui m’énerve, j’ai eu pas mal de résultats cette année et on me cantonne à l’omnium. Tout le monde pense que je vais regagner le titre alors que ce n’est pas fait. Ca me met une pression énorme alors que si j’avais eu deux courses…
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