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Tour de France en Bretagne : en 1964, la folle épopée en jaune du Fougerais Georges Groussard

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Le 29 juin prochain, le peloton du Tour de France se disputera la 4e étape du Tour de France entre Redon et Fougères. La ville d'arrivée où un champion hors du commun, Georges Groussard, fêtera jour pour jour les 57 ans de sa prise du maillot jaune sur le Tour 1964.

Georges Groussard a porté le maillot jaune pendant 10 jours lors du Tour de France 1964 Georges Groussard a porté le maillot jaune pendant 10 jours lors du Tour de France 1964
Georges Groussard a porté le maillot jaune pendant 10 jours lors du Tour de France 1964 © Radio France - François Rauzy

À 84 ans, la mémoire de Georges Groussard est encore bien vive. L'enfant de la Chapelle-Janson, près de Fougères, pourrait vous réciter son Tour de France 1964 par cœur : le classement des étapes, les écarts au pied de chaque col des Alpes et des Pyrénées, ses compagnons d'échappée ou d'infortune, ses chutes dans la neige, les minutes et les secondes reprises en descente sur les leaders sur telle ou telle étape... Il faut dire que cette Grande Boucle 1964, c'est l'oeuvre d'une vie : Georges Groussard y portera le maillot jaune pendant 10 jours.

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Tout est parti d'un rêve de gosse : "À 10 ans, j'écoutais le Tour de France à la radio. J'étais impressionné par les arrivées au Parc des Princes. Bartali, Coppi, c'était des dieux pour moi ! Je me disais dans ma tête d'enfant qu'un jour j'arriverai au Parc des Princes, avec le public, pour être applaudi. J'ai monté les étapes, j'ai progressé. Et les cinq Tours que j'ai terminés, on arrivait au Parc des Princes. Et en 1964, c'était un contre-la-montre. On arrivait un par un dans le stade. Comme c'était l'année de mon exploit, de mes dix jours en jaune, les 40 000 spectateurs dans les tribunes se sont mis debout. (Il est ému) D'en parler ça m'émeut encore.. Là j'ai pensé à mon rêve d'enfant !

Dix jours au paradis

En 1964, Georges Groussard fait plus que réaliser un rêve d'enfant. A la faveur d'un très bon début de Tour, le Fougerais prend la tête du classement général au terme de la 8e étape entre Thonon-les-Bains et Briançon : "Je suis deuxième du général à Thonon-les-Bains. C'est l'allemand Altig qui avait le maillot jaune avec une bonne minute d'avance sur moi. On attaque les Alpes avec le Télégraphe et le Galibier. Moi j'a suivi le couple de favoris : Anquetil et Poulidor. Je passe avec eux au sommet du Galibier. Après il n'y a plus qu'à gérer la descente pour aller à Briançon." Malgré une crevaison, il parvient à revenir sur le groupe de favoris et prend le maillot jaune. Un 29 juin, la date à laquelle le Tour de France 2021 passera à Fougères.

"Je crois qu'ASO et la municipalité de Fougères auraient voulu le faire exprès, ils n'y seraient pas arrivés ! C'est une belle coïncidence" s'amuse l'octogénaire. Mais en 1964, son Tour de France ne s'arrête pas au 29 juin. "Après Briançon, j'avais environ quatre minutes d'avance sur Anquetil et Poulidor. mais quand on a le maillot jaune on veut le défendre !" Sauf que le lendemain, Georges Groussard commet une erreur sur l'étape Briançon-Monaco : "Au pied de la Bonette-Restefond, j'avale tout un bidon d'un coup. Et là j'ai le ventre ballonné. J'étais asphyxié. C'était comme prendre le vélo après un bon repas !" Au sommet, il accuse six minutes de retard sur les favoris. Mais là encore, son habileté en descente et un énorme effort lui permettent de raccrocher le wagon de tête. Un jour de plus en jaune ! Le lendemain, il conserve sa place de leader au général sur un contre-la-montre entre Hyères et Toulon.

Leader à la sortie des Pyrénées

Et pourtant, l'effort individuel est son point faible par rapport au favori Anquetil. Un défaut qui l'empêche à l'époque de croire à la victoire finale assure-t-il : "Je n'ai jamais rêvé d'aller au bout, je n'avais pas assez d'avance." Mais celui que l'on surnomme "Le p'tit coq de Fougères" en raison de sa petite taille (1,59m) garde le maillot jaune pendant deux jours sur le plat puis lors des quatre étapes pyrénéennes ! Un exploit à l'époque du duel Poulidor-Anquetil et des rois espagnols de la montagne Bahamontes et Jimenez. Il perdra finalement sa tunique sur le contre-la-montre entre Peyrehorade et Bayonne. 

Aujourd'hui, le retraité, qui a tenu pendant 30 ans le tabac presse "Au Maillot jaune" à Fougères avec son épouse Jeannine, conserve chez lui quelques exemplaires de ces maillots iconiques. Et les anecdotes qui vont avec : "C'était des tailles uniques pour les maillots à l'époque. Ils étaient fait pour des garçons de 1m75/1m80. Pour moi c'était trop long, et le maillot ballottait derrière la selle ! Du coup mon directeur sportif et mes copains de l'équipe m'ont dit de faire un nœud dans le dos pour le raccourcir. J'avais un nœud avec une ficelle pour l'attacher. Mes adversaires rigolaient de moi (rires) ! Le deuxième jour mon directeur sportif a trouvé une couturière pour me faire un ourlet, c'était bien plus pratique." Le 29 juin prochain Georges Groussard devrait être à l'arrivée de l'étape Redon-Fougères. Il a récemment été honoré dans sa ville par un accroche-vélo à son effigie, comme Mark Cavendish ou Julian Alaphilippe.

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