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GRAND FORMAT - Un RER métropolitain à Grenoble : "J'appelle à la mobilisation du gouvernement" (Sylvain Laval)

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Pour réellement diminuer la circulation et le flot de voitures aux entrées de la métropole de Grenoble, le moyen à mettre en œuvre est sans aucun doute le train. Grenoble aura-t-elle un jour des trains de banlieue, comme en région parisienne ? Le projet existe, mais rien n'est signé.

Les transports du quotidien, ceux qui doivent nous permettre de moins utiliser la voiture, sont-ils présents dans les programmes des candidats à la Présidentielle ? Et, pour prendre l'exemple de Grenoble, comment cela peut-il devenir concret dans notre territoire ? Pour évoquer cette question, nous avons rencontré des élus et des usagers. Des élus concernés par ces déplacements, et inquiets, aussi, de ce que les cinq prochaines années nous réservent. Si un virage doit être pris rapidement pour promouvoir le train, c'est maintenant, dans le prochain quinquennat. Un effort, mais à quel prix ? Tout cela est nécessaire mais très cher.

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La gare de Grenoble
La gare de Grenoble © Radio France - Benjamin Bourgine

Priorité aux transports du quotidien ?

En 2017, Emmanuel Macron, dans un discours à Rennes pour inaugurer la nouvelle LGV Bretagne, se réjouissait de cette LGV, tout en disant qu'il fallait les arrêter et se concentrer sur les transports du quotidien, les petites lignes, leur entretien et leur rénovation.

Si un projet de RER métropolitain a bien abouti en Méditerranée, dans la région PACA, rien n'a bougé dans l'aire grenobloise. Pour François Lemaire de l'association iséroise pour le développement des transports en commun, ADTC : "C'est très décevant. Il y a effectivement dans la loi LOM, qui a été promulguée durant son mandat, l'idée de faire des RER métropolitains et SNCF Réseau a lancé des études. Mais soyons clairs, aujourd'hui, ça n'avance pas. Peut-être à Marseille, mais regardez sur Grenoble, ça n'avance pas. Lyon ? C'est pareil aujourd'hui. Les investissements ne sont pas au rendez vous. Il n'y a pas d'assurances, aujourd'hui, ça ne s'est pas concrétisé". 

Moi, j'en appelle vraiment, là-dessus, à la mobilisation du gouvernement - Sylvain Laval

Sylvain Laval, président du SMMAG
Sylvain Laval, président du SMMAG © Radio France - Benjamin Bourgine

Sylvain Laval, le maire de Saint-Martin-le-Vinoux est aussi président du SMMAG, le syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise. Pour l'instant, on passe selon lui à côté du sujet. "Malheureusement, nous avons une loi d'orientation des mobilités qui a été très riche dans le quinquennat sortant, mais sur beaucoup de choses, c'est-à-dire qu'on a voulu s'occuper de services, de réglementations en matière de transports pour simplifier les choses, pour apporter des avancées, il faut le reconnaître. Là, on a besoin d'investir ! On a besoin de crédits de l'Etat qui doivent se chiffrer en milliards d'euros. Et c'est aussi des travaux pour nos entreprises, de l'emploi pour notre pays, c'est de la création de richesses. C'est là un phénomène qui serait tout à fait vertueux pour de la bonne croissance. Moi, j'en appelle vraiment, là-dessus, à la mobilisation du gouvernement."

Dans les trajets domicile / travail, il y a toujours 1,1 occupant par voiture. Malgré le covoiturage ou les efforts sur le télétravail. Le bon levier, il n'y a pas de secret, c'est donc de prendre le train au quotidien. Dans les habitudes de déplacement aujourd'hui, il y a une vraie demande et les plus concernés sont ceux qui viennent des communes les plus lointaines de la métro, comme Pont-de-Claix, mais aussi dans le Grésivaudan ou dans le pays voironnais.

Les communes périphériques en ont besoin

Le prix des carburants va être une incitation forte ! - Luc Rémond

Dans le département, certaines villes ont un réel besoin sur le sujet. C'est le cas, par exemple, à Voreppe. Pour un Voreppe / Grenoble, on ne met que 9 minutes en TER. Tous les usagers de l'A480 le lundi matin vous diront que dans l'autre sens aux heures de pointe, c'est beaucoup plus quand il y a des bouchons. 

Luc Rémond, le maire de Voreppe, vice-président aux transports du pays voironnais et vice-président du SMMAG pour le covoiturage s'en rend compte, année après année. "Si je parle en tant que maire de Voreppe, quasiment 70% de la population active de Voreppe travaille sur l'agglomération. Ce sont des gens qui, au quotidien, ont besoin d'un moyen de transport pour se rendre sur l'agglomération et du ferroviaire, explique l'élu. Le jour, où on aura réellement ce système cadencé, on aura une réponse qui pourra offrir vraiment un moyen de transport et soulager toutes nos routes et en plus, à des tarifs bien moins chers que ce que peut être la voiture et les pleins d'essence à l'heure actuelle. Aujourd'hui, les principaux freins ? La fiabilité n'est pas au rendez-vous. C'est-à-dire qu'aujourd'hui d'abord, le nombre de trains n'est pas idéal, sa répartition horaire non plus. Et deuxièmement, c'est que très souvent, les trains ne sont pas à l'heure, et parfois, ils ne sont pas là. Ce qui fait que la confiance dans le train, elle n'est pas acquise. On voit bien que chaque fois qu'ils arrivent à augmenter le nombre de trains et que ça se passe bien, les gens y reviennent". 

Luc Rémond, maire de Voreppe
Luc Rémond, maire de Voreppe © Radio France - Benjamin Bourgine

2035 ? En réalité déjà 2037... 

Alors, ce RER, c'est pour quand ? 2035, ça vous semble loin ? Et bien, c'est sans doute l'horizon du projet de RER métropolitain à Grenoble. Pour faire des trains plus souvent, c'est impossible aujourd'hui en heure de pointe. Il faudrait tout simplement une nouvelle voie. En réalité pas une mais deux, parce qu'il faut des trains dans un sens et dans l'autre. Cela veut dire des terrains à acheter, des nouveaux rails et donc des investissements très lourds. On en prend la mesure en le disant. Au nord, au sud, à l'est de Grenoble, en somme, redessiner ou plutôt réaménager le "Y ferroviaire".

Avant d'aller sur ce terrain des "nouvelles voies", a-t-on un moyen de gagner un peu de trafic, à la marge ? Oui, c'est ce que plaide François Lemaire et l'ADTC. Pour lui, il faudrait dès à présent mettre plus de trains en journée pour changer notre rapport au ferroviaire, apprendre à le prendre plus. "Oui, c'est vrai, on est quasiment au maximum sans investissement à l'heure de pointe. Mais il n'y a pas que les heures de pointe. _Il y a également toutes les heures creuses où il y a des tas de gens qui se déplacent pour des tas de besoins__, que ce soit loisirs, etc. Ou administratif et médical. Et là, il n'y a pas d'offre. En plus, ces trains sont disponibles ! Donc, il n'y a pas besoin d'investissements. Il y a simplement une volonté politique de le faire. Et de SNCF réseau"._

L'Etat et la Région doivent s'engager

Reste que le grand décideur de l'équipement en France, c'est l'Etat. Pour que les choses deviennent concrètes, il faut des engagements sur le long terme, pas que des paroles, des signatures. L'horizon de voir un tel projet signé passe par un engagement de l'Etat avec l'autre collectivité stratège des transports du quotidien, c'est bien sûr la Région. L'Auvergne-Rhône-Alpes souhaite publier sa feuille de route transports d'ici juillet sans doute pour voir qui arrive à l'Elysée et quel sera son programme.

Mais d'ailleurs, qui a entendu parler de ce sujet dans la campagne présidentielle ? Le thème est présent dans certains programmes, mais pas tous, et très rarement traité dans les échanges et les débats. Sylvain Laval s'en désole. "Je ne me suis pas encore penché très précisément sur les programmes des candidats et j'avoue avoir un peu du mal à entendre le fond des programmes à ce stade, explique-t-il_. Peut-être que nous ne sommes pas suffisamment entrés dans une phase de campagne assez active ?_ _Mais je ne crois pas que ce soit les sujets du quotidien à ce stade et je le regrette__. Précisément celui de ces transports de tous les jours est un sujet qui devrait pour moi être au cœur de cette campagne présidentielle. Comme d'autres sur l'emploi, le pouvoir d'achat ou les solidarités que nous avons malheureusement un peu de mal à entendre jusqu'à présent. J'espère qu'ils vont arriver sur le dessus de la pile et en tout cas au niveau local, nous les porterons et nous les ferons entendre"._

Quant à la facture, on parle d'un investissement de 700 millions à 1 milliard d'euros pour un équipement efficace entre Voiron et Grenoble. Pourtant, tout ça est déjà concret avec des projets en cours dans le Grésivaudan, sur les gares rénovées ou sur la voie de retournement qui permettra aux TER de faire demi-tour. Les choses changent déjà autour de Grenoble, mais pas assez vite pour accompagner le besoin de transport et l'impérieuse nécessité de limiter la pollution. Quant à l'autre axe ferroviaire vers le sud, vers le Trièves et les Hautes-Alpes, il est aujourd'hui à l'arrêt pour des premiers travaux de "sauvegarde". Mais là non plus, rien n'est financé pour son possible aménagement futur en "RER métropolitain".

Les trains de la région Auvergne-Rhône-Alpes
Les trains de la région Auvergne-Rhône-Alpes © Radio France - Benjamin Bourgine

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