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Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : une consultation pour trancher un vieux débat

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Né en 1965, le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes resurgit en 2000 sous Jospin. Depuis, la résistance s'est organisée, la bataille juridique continue, et le dossier empoisonne la vie politique. Les 968.000 électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer sur ce projet le 26 juin.

L'aéroport de Nantes-Atlantique
L'aéroport de Nantes-Atlantique © Maxppp -

Le site du futur aéroport est situé à 20 km de Nantes, à 40 km de Saint-Nazaire et à 80 km de Rennes. Il doit permettre de désengorger l'aéroport de Nantes-Atlantique (près de 4,4 millions de passagers en 2015), dont les perspectives de saturation sont annoncées d'ici 5 à 10 ans.

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Le projet d’aéroport est envisagé depuis 1965. Cette année-là, le préfet de Loire-Atlantique lance la recherche d'un "nouveau site aéronautique pour les régions Bretagne et Pays de la Loire". Assez vite, la zone de Notre-Dame-des-Landes est jugée la plus intéressante par le Service technique des bases aériennes. Le Comité interministériel d'aménagement du territoire (Ciat) approuve le futur aéroport en 1970.

L'aéroport doit être construit sur les communes de Notre-Dame-des-Landes, Vigneux-de-Bretagne, Fay-de-Bretagne, Grandchamps-des-Fontaines et Treillières. La concession aéroportuaire représenterait une superficie de 1.220 hectares.

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Les promoteurs envisagent le début des travaux en 2013. Mais très vite, des voix s'élèvent contre cette idée. C'est ainsi qu'est créée en 1973, l'Adeca, "Association de Défense des Exploitants Concernés par l'Aéroport". C'est la première association d'opposants au projet.

En 1974, une zone d'aménagement différé (ZAD) est créée par arrêté préfectoral, entraînant pendant 20 ans la préemption progressive de terres par le conseil général. Pendant plusieurs années, le projet est mis en veille avant d'être réactivé en 2000 avec Lionel Jospin.

En 2010, Vinci obtient la conception, le financement, la construction et l'exploitation du futur aéroport pendant 55 ans. Les travaux de ce projet estimé sont estimés à 556 millions d'euros.

Mais fin 2012, débute une importante opération d'expulsion des opposants anti-capitalistes installés sur place dans des fermes squattées. Cette opération est baptisée opération "César". Plus d'un millier de policiers et gendarmes sont engagés pendant plusieurs semaines. Plusieurs fermes occupées sont détruites. Les affrontements sont nombreux. Quelques semaines plus tard, à Nantes, se tient une manifestation d'opposants qui s'achève sur de vifs affrontements.

Jean-Marc Ayrault alors Premier ministre décide alors de repousser d'environ 6 mois les premiers travaux de défrichement et de créer une "commission du dialogue". Elle conclut à l'utilité du projet mais recommande une amélioration de ses mesures de compensation environnementales.

Les manifestations entre opposants et forces de l'ordre sont de plus en plus nombreuses. Comme par exemple le 22 février 2014. Ce jour-là à Nantes, une mobilisation anti-aéroport rassemble entre 20.000 et 60.000 personnes et se termine dans la violence. Des magasins, du mobilier sont détruits.

Une manifestation des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Une manifestation des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes © Radio France

Début 2015, François Hollande annonce malgré tout que le projet sera lancé "quand les recours seront épuisés".

En février 2015, le Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité (CSPNB) émet un "avis défavorable" au projet qui détruirait des zones humides précieuses, "en voie de disparition sur l'ensemble de l'Europe de l'Ouest".

Le 17 juin 2015, la Cour de cassation rejette les pourvois contre les ordonnances d'expropriation de 2012. Un mois plus tard, le tribunal administratif de Nantes rejette les recours contre les arrêtés préfectoraux autorisant les travaux. Les opposants font appel. Mais la préfecture décide quand même la reprise des travaux pour 2016. Pendant plusieurs mois, les manifestations vont se poursuivre, notamment pour contester les expropriations, confirmées par le tribunal de grande instance de Nantes.

Ce n'est pas par la force que l'on réglera le dossier" - Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l’Énergie

Le dossier de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a aussi été marqué par le bras de fer entre la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal et le Premier ministre Manuel Valls. Ces deux fortes personnalités se sont déjà opposées sur le rejet de boues toxiques en Méditerranée ou la construction de l'A381 dans l'Ouest. Ils ont multiplié les passe d'armes sur Notre-Dame-des-Landes.

Ségolène Royal et Manuel Valls
Ségolène Royal et Manuel Valls © Maxppp -

Fin janvier 2016, la ministre de l'Ecologie a assuré à l’Assemblée nationale qu’elle avait "demandé à [son] inspection générale, en accord avec le Premier ministre, de faire en sorte que tout soit mis à plat". Elle a aussi affirmé qu’il n’y aurait aucune évacuation par la force des occupants du site. Quelques mois plus tard, elle déclare que si un aéroport était construit, il n'aurait qu'une seule piste, au lieu des deux prévues. Elle fait cette déclaration au lendemain de la publication d'un rapport d'experts qui estimait que le projet actuel était "surdimensionné". Les experts proposent deux alternatives: "l'agrandissement et la rénovation des installations actuelles de Nantes-Atlantique" ou "une redéfinition du projet avec une seule piste de 2.900 m de long et 45 m de large - au lieu des deux pistes de 3.600 m de long dont une de 60 m de large".

Ségolène Royal, qui n'a jamais caché son scepticisme à l'égard du projet actuel d'aéroport, estime que les conclusions de ce rapport sont "un moment de vérité".

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Pour tenter de sortir du blocage, François Hollande annonce le 11 février la tenue "d’un référendum local" sur le projet d’aéroport. Il aura lieu ce dimanche 26 juin. La consultation "des électeurs des communes de la Loire-Atlantique" portera sur la question: "Etes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ?", stipule le décret.

Avant cela, France Bleu Loire Océan organise un débat sur le sujet, avec Télénantes et Presse Océan. Il se tiendra ce mardi 7 juin entre 19h30 et 21h.

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