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Violences éducatives ordinaires : "se comprendre pour désamorcer nos réactions" explique une coach parentale

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Un spot télé tourne à partir d'aujourd'hui pour en finir avec cette brutalité qui a des conséquences ensuite sur le développement de l'enfant et sur l'adulte qu'il deviendra.

France Bleu Saint-Etienne Loire - On parle de la fessée pour qualifier ces violences éducatives ordinaires. Ça peut être quoi d'autre ?

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Claire Marsot, coach parentale - Ça peut être tout ce qui est forme d'humiliations, de chantages, de menaces. Tout ce qui va faire peur à l'enfant et qui va le faire se sentir en insécurité.

Ces violences sont donc ciblées par des spots télé. C'est une nouveauté, une avancée sur ce sujet ?

Tout à fait, parce que nous avons pas forcément eu cette éducation là sans violence. C'est quelque chose qui est très présent dans notre société de menacer, de faire peur à l'enfant pour le faire obéir. Ces spots permettent de prendre conscience de notre comportement et de voir comment on peut faire autrement parce que ça a un réel impact sur nous.

On n'en est pas forcément conscient parce qu'on est encore pas mal de générations à avoir subi parfois ces violences là sans qu'elles aient été questionnées. On entend des parents dire qu'ils ont reçu des fessées et qu'ils vont très bien aujourd'hui. C'est très répandu comme position ?

Tout à fait et c'est un très bon exemple pour montrer que quand on est enfant et qu'on reçoit de la violence de la part de nos parents, on a un cerveau trop immature pour être capable de se dire que ce n'est pas normal que mon parent me frappe. Ce n'est pas normal que mon parent m'humilie, etc. Donc on va donner du sens à ce qui nous arrive et c'est de là qu'on va créer ce qu'on appelle des croyances qui ensuite vont continuer d'être présentes à l'intérieur de nous, dans notre vie d'adulte. Et donc c'est pour ça qu'on se retrouve à dire "ça ne m'a pas tué et même "mon parent avait de bonnes raisons de faire ça parce que j'étais vraiment désagréable, j'étais vraiment pénible, j'étais vraiment un mauvais enfant".

Ce qu'on entend aussi souvent, c'est qu'aujourd'hui c'est la société de l'enfant roi, à qui on permet tout. Est ce qu'il faut lutter contre ça ?

Ce qu'on décrit comme un enfant roi, c'est un enfant à qui on n'a donné aucune règle, aucun cadre. C'est un enfant qui n'a pas été mieux respecté finalement qu'un enfant qui est frappé, humilié, etc. Un enfant a besoin de repères, il a besoin de cadre pour vivre en sécurité. Le fait de ne pas avoir de cadre crée de l'insécurité. Ces enfants qu'on appelle les enfants rois sont en insécurité totale. Ils cherchent des repères, ils cherchent un cadre.

Des parents nous écoutent ce matin, ils ont peut être craqué ce weekend, pendant les vacances. Est-ce que ce sont de mauvais parents ?

Il n'existe pas de mauvais parents. Il existe seulement des parents qui font comme ils peuvent avec ce qu'ils ont reçu, avec l'histoire qu'ils ont vécu. En revanche, aujourd'hui, ce que l'on sait, c'est l'impact de ces comportements là sur le développement de l'enfant. Nous avons la chance d'avoir ces informations là et de pouvoir faire autrement. Alors, bien sûr, souvent, on ne sait pas comment faire autrement. Ce qui peut être aidant, c'est de participer à des groupes, de discuter avec d'autres parents, de lire, de rencontrer des professionnels pour justement arriver à comprendre ce qui nous mène à ce comportement là et comment est ce qu'on peut faire autrement pour accompagner notre enfant en toute sécurité.

Se comprendre soi même, comprendre le fonctionnement de l'enfant, se remettre à sa place ?

Si on y réfléchit, quand notre collègue nous gonfle par exemple, on ne met pas une claque ou une fessée, ou on ne va pas l'humilier. On n'a pas le même comportement avec les adultes qu'avec les enfants. Donc ça veut dire que nous sommes tout à fait capables, en réalité, de prendre sur nous, d'exprimer ce qu'on voudrait, ce qu'on ne voudrait pas. C'est plus difficile avec les enfants. Quand on est en réaction de stress, on attaque plutôt des personnes qui sont plus petites que nous, moins forte. C'est inconscient, on ne le fait pas exprès.

Vous êtes coach parental, vous évoluez auprès des enfants, auprès des parents. Est ce que pour l'adulte qui sévit, ces interventions permettent de se réparer aussi, de se rendre compte de ce qu'on a subi et peut être de faire un chemin personnel ?

Je crois que bon nombre d'adultes, quand ils deviennent parents, réalisent tout à coup ce qui s'est passé pour eux. Moi la première, quand je suis devenue maman, je me suis retrouvée à avoir des excès de violence, à sentir des choses à l'intérieur de moi qui me faisaient extrêmement peur. Je me disais mais qu'est ce qui se passe alors que ce sont les personnes que j'aime le plus au monde, mes enfants ? Comprendre ce qui s'est passé peut nous permettre de désamorcer petit à petit nos réactions.

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