Vide sanitaire : plus de canards pendant 4 mois !

Marie, 72 ans, vient depuis de longues années au marché des Capucins. Elle ne repart jamais sans faire une halte au volailler pour acheter des cuisses de canards, qu'elle aime manger avec une soupe : "Quand on a des habitudes, c'est dur de s'en défaire, surtout lorsque ça dure depuis des années et des années" s'inquiète la vieille dame en regardant ses achats dans son panier.

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Bientôt les habitudes de Marie vont être toutes chamboulées. À cause de la grippe aviaire, il n'y aura plus de canard ni d'oie dans 18 départements du Sud-Ouest. Le cycle d'élevage d'un palmipède durant environ 4 mois, la volaille grasse locale ne reviendra pas dans nos assiettes avant la mi-septembre.

Je vais mettre le canard en vacances
— Christophe, professeur de cuisine

Christophe, lui, est professeur de cuisine. Ce matin, il vient justement au Capucins pour se ravitailler en canard. Son produit phare : "Le canard, c'est facile à cuisiner, c'est délicieux et en plus, c'est local !" vante-t-il. Christophe est locavore. Alors, quand le vide sanitaire aura eu raison des canards de la région, il cuisinera autre chose : "C'est comme les fraises, je n'en achète pas en hiver. Et ben là c'est pareil. Je vais mettre le canard en vacances" se résigne-t-il. Christophe fait confiance aux pouvoirs publics qui ont pris la décision d'instaurer le vide sanitaire. Mais d'autres sont plus méfiants.

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Alain Campet est spécialiste de la vente de foie gras, de confit et de magret de canard. Avec le vide sanitaire, il estime qu'il va perdre plus de la moitié de son activité : "J'ai six salariés, je ne sais pas comment je vais faire" raconte-t-il. Les aides des pouvoirs publics ? Ce volailler n'en a aucune nouvelle : "Nous avons fait un dossier au conseil régional pour demander des aides mais nous n'avons pas eu de réponse" explique Alain Campet, désappointé. L'homme est plein de questions sans réponse : "Pourquoi le vide sanitaire ne concerne que le Sud-Ouest alors que ce sont des oiseaux migrateurs qui véhiculent ça ? Pourquoi la mesure est aussi drastique ? On en sait rien" s'interroge le volailler avant de poursuivre, "c'est à se demander si ce n'est pas les industriels qui tirent toutes les ficelles."