Six mois après le passage de la tempête Ciaran, des forêts toujours interdites au public près de Lessay

Des arbres cassés, déracinés. Des branches enchevêtrées. Dans les environs de Lessay, six mois après le passage de la tempête Ciaran, les paysages restent meurtris par les coups de vent. À Saint-Patrice-de-Claids, commune de 185 habitants, l'Office national des forêts (ONF) estime que "50 hectares, soit 70 à 80% de la forêt de la commune, a été impacté", confie le maire Jean-Luc Launey. Aujourd'hui, les allées et les pare-feux viennent tout juste d'être déblayés. "L'entreprise n'a pu commencer à travailler qu'il y a quinze jours. Car au-delà de la tempête, l'hiver et le printemps ont été pluvieux. Le terrain était impraticable, avec des étendues d'eau. On a dû mettre des arbres à terre pour éviter que les machines ne s'enfoncent", ajoute l'élu. Dans la Lande de Lessay, l'ONF estime là aussi à 70% la surface d'arbres tombés ou découpés car trop dangereux.

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Ces interdictions, "ce n'est pas par plaisir"

Dans les environs de Lessay, on la joue collectif pour se relever : les communes se sont réunies pour faire un appel d'offres commun. Appel d'offres remporté par une entreprise normande. "On espère que le bois va pouvoir être utilisé pour faire des planches. Mais on doit aller vite, car le bois va bleuir et on ne pourra plus l'utiliser. Sinon, il partira en copeaux pour des chaufferies. Et puis, lorsque le bois vrille, il n'est plus utilisable. C'est sur le terrain que ça se décide", résume Jean-Luc Launey.

Par mesure de sécurité, l'accès des forêts est toujours interdit aux randonneurs : des pancartes viennent le rappeler, avec des arrêtés municipaux. "Il y a beaucoup de dégâts", note Janne, une Néerlandaise installée à Laulne, près de Lessay. "Nous avons habité dans un endroit, en Hollande, où une forêt a été rasée par les tempêtes. C'est une catastrophe. Mais on ne peut rien faire contre la nature. Il faut travailler ensemble avec la nature", ajoute Henry, son mari, qui comprend totalement ces interdictions.

"C'est difficile à faire respecter car beaucoup de randonneurs ne le respecte pas. C'est vraiment une mesure de sécurité. Ce n'est pas par plaisir ! Des branches sont encore en suspension et menacent de tomber. On a encore des coups de vent en cette saison qui achèvent de faire tomber les arbres penchés. Et on a un sol détrempé", explique la maire de Lessay, Stéphanie Maubé.

Réouverture espérée cet été

"De toute façon, l'entreprise ne peut pas travailler s'il y a des promeneurs. Ils manipulent des arbres de dix ou quinze mètres comme nous, on manipule des allumettes ! Il y a des risques de projection de bois. J'espère que la réouverture pourra se faire en juillet", précise le maire de Saint-Patrice-de-Claids.

Désormais, il faut restaurer ces forêts. Mais, tout cela va prendre du temps. "Pour que la Lande de Lessay retrouve son apparence d'avant le 1er novembre, il faudra trente à quarante ans. Notre génération ne la reverra pas comme elle était début 2023. Mais il ne faut pas forcément s'en désoler : c'est une forêt artificielle, avant c'était une lande ouverte et non boisée. Une forêt est un espace évolutif", concède Stéphanie Maubé. Avec surtout un grand facteur à prendre en compte : le réchauffement climatique.

Quelles essences devront être replantées ? À Saint-Patrice-de-Claids, ce travail doit débuter dès cet été : "Aujourd'hui, c'est du pin. Est-ce l'idéal ? Je n'en sais rien. Peut-être qu'un mélange serait intéressant, car on travaille sur le long terme. Quel sera notre climat dans 20, 30 ou 50 ans ? On ne sait pas", note Jean-Luc Launey. Un travail doit être fait avec des spécialistes, et le maire de Saint-Patrice-de-Claids souhaite aussi "impliquer la population et les écoles pour que tout le monde prenne ce dossier à bras-le-corps".