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Séisme du 11 novembre 2019 en Ardèche : un an après, la vie, toujours difficile, des sinistrés

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Un an après le séisme qui a violemment secoué le secteur du Teil, en Ardèche, seul un tiers des dossiers d'indemnisation sont réglés ou en cours de règlement. Pour les autres sinistrés, c'est toujours l'attente.

Le mas d'Andenas à Viviers Le mas d'Andenas à Viviers
Le mas d'Andenas à Viviers © Radio France - Pierre-Jean Pluvy

Marita et Guy prennent la chose avec philosophie. Pourtant en un an, ils n'ont toujours pas le rapport de l'expert structure. C'est le sésame avant toute décision de l'assurance. L'expert structure est capable de déterminer ce qui est réparable et ce qui ne l'est pas. Il peut dire aussi quels types de travaux il faut entreprendre. 

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Marita et Guy sont propriétaires du mas d'Andenas, à Viviers. Un ensemble de bâtiments dont certains datent du XIIe siècle. Ils en ont fait un lieu d'accueil pour des stages ou pour des vacances. Le site se situe à 400 mètres environ de la faille. Le 11 novembre 2019, la plupart des murs se sont fissurés, certains sont tombés. D'autres parties, déjà très abîmées, ont été détruites. 

Les murs effondrés du mas d'Andenas
Les murs effondrés du mas d'Andenas © Radio France - Pierre-Jean Pluvy

Guy regarde les bâtiments se détériorer encore un peu plus avec les intempéries sans pouvoir rien faire. Il faut attendre le passage des experts.  À 66 et 71 ans, ils ont perdu leur maison et leur travail et vivent aujourd'hui dans un mobile home de 24 mètres carrés. Comme eux, de nombreux sinistrés ne sont toujours pas rentrés chez eux. Si tous ont été relogés de façon pérenne, seuls 19% des sinistrés sont retournés dans leurs maisons, les autres ont été relogés dans le privé (46%), le parc public (28 %) et 7% d'entre eux sont même toujours logés dans des campings.

À 66 et 71 ans, Guy et Marita ont perdu leur maison et leur travail et vivent aujourd'hui dans un mobile home de 24 mètres carrés.
À 66 et 71 ans, Guy et Marita ont perdu leur maison et leur travail et vivent aujourd'hui dans un mobile home de 24 mètres carrés. © Radio France - Pierre-Jean Pluvy

La famille Noël a retrouvé sa maison... 11 mois après le séisme

Aujourd'hui, un an après le tremblement de terre, seul un tiers des dossiers d'indemnisation sont réglés ou en cours de règlement. C'est le cas pour la famille Noël. Bernard, Gwendolin et leurs deux enfants ont retrouvé leur maison du Teil... il y a trois semaines. Depuis un an, après un rapide passage par l'hôtel, ils avaient été accueillis dans un gîte sur la commune voisine d'Aubignas. 

Ils ont pu négocier avec l'assurance, qui a pris en charge une partie des travaux. Pour le reste, il a fallu emprunter puisque l'assurance a appliqué une décote en raison de la vétusté. Le coût total des dégâts, bâtiments publics et privés confondus, s'élève à 200 millions d'euros.

La façade refaite de la maison de la famille Noël
La façade refaite de la maison de la famille Noël - Bernard Noël

Pas indemnes 

La vie reprend son cours normal, après cette année marquée, comme pour tout le monde, par la pandémie de covid vécue hors de chez eux. Le plus jeune des enfants, Antoine, 7 ans, n'a pas retrouvé son école, à Saint-Étienne-de-Mélas qui ne pourra pas être reconstruite à la même place. Il va à l'école dans une zone d'activité de la commune du Teil où ont été installés des Algeco.  

Juliette, 11 ans est rentré en sixième au collège du Teil en septembre. Le collège n'a pas été affecté par le séisme. Mais de ce "traumatisme", on ne sort pas indemne reconnaît Gwendolin, la maman. Il y a peu, une nuit de grand vent, elle s'est réveillée en sursaut. Les volets claquaient. Elle était persuadée qu'il s'agissait de nouvelles secousses sismiques.   

La maison de la famille Noël, au Teil, avait été très abîmée, en novembre 2019, ils habitent à nouveau depuis trois semaines.
La maison de la famille Noël, au Teil, avait été très abîmée, en novembre 2019, ils habitent à nouveau depuis trois semaines. © Radio France - Pierre-Jean Pluvy

Un quartier "vide" à la Rouvière, mais solidaire

Dans le quartier de la Rouvière, le plus touché du Teil, Amaury Chudy se tient devant ce qu'il reste de sa maison. Elle doit être rasée dans les jours ou les semaines qui viennent. Il y a un an, avec sa femme et ses enfants, ils ont vu "des pierres tomber, des voûtes s'effondrer. [...] La maison était toute enfumée, pleine de poussière, on est vite sortis. On était à moitié habillés et, en sortant, on a vu des maisons à moitié effondrées. On a pris vraiment peur" raconte-t-il un an après. 

Aujourd'hui "Certains de nos voisins ont attaqué la démolition car les maisons n'étaient pas réparables, donc ça fait un peu bizarre aujourd'hui, ça fait vide" se désole-t-il.  Sa propre maison devrait être démolie d'ici la fin de l'année, mais tout prend du temps : "on est sur un temps long pour chaque sujet" explique-t-il.

Au Teil, Amaury Chudy (à droite) devant sa maison bientôt démolie, répond aux questions de notre reporter, Pierre-Jean Pluvy (à gauche).
Au Teil, Amaury Chudy (à droite) devant sa maison bientôt démolie, répond aux questions de notre reporter, Pierre-Jean Pluvy (à gauche). © Radio France - Bastien Chapelle

Un cabinet d'architecte spécialisé en reconstruction de bâtiments historiques suit leur dossier et, côté indemnisations, "on a réussi à négocier avec l'assurance, on est satisfait" explique Amaury Chudy qui veut reconstruire sa maison exactement au même endroit ! "On est dans un quartier atypique, avec une vraie solidarité, comme une grande famille [...]. On a l'habitude, chaque année, de faire une fête des voisins plutôt sympa, on est nombreux, avec tous les enfants, toutes les générations. À aucun moment, on n'a imaginé quitter le quartier" dit ce père de famille.

Depuis le séisme, "sur les premières semaines, on a été accueillis par un couple d'amis, c'était vraiment sympa et généreux de leur part" apprécie-t-il, reconnaissant de cette solidarité, toujours. Depuis onze mois, c'est dans un appartement loué dans le centre-ville du Teil qu'ils attendent de pouvoir, un jour, retourner pour de bon chez eux.

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