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Sécheresse en Côte-d'Or : cet agriculteur a "peur pour l'avenir" de son exploitation

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Les sécheresses successives en Côte-d'Or tuent les finances et le travail des éleveurs. Reportage dans une exploitation familiale à la Roche-Vanneau dans l'Auxois. L'avenir est sombre, et celui de toute une famille bouleversé.

"Cela fait deux ans que ce ruisseau est à sec, ça n'était jamais arrivé avant" : Florent Lefol, agriculteur "Cela fait deux ans que ce ruisseau est à sec, ça n'était jamais arrivé avant" : Florent Lefol, agriculteur
"Cela fait deux ans que ce ruisseau est à sec, ça n'était jamais arrivé avant" : Florent Lefol, agriculteur © Radio France - Sophie Allemand

Peu d'eau en hiver, un ciel bleu au printemps, cette chaleur et ce vent qui assèche les sols : c'est la troisième année de sécheresse consécutive en Côte-d'Or, nos agriculteurs en pâtissent. Illustration du côté de l'Auxois, à la Roche-Vanneau en Côte-d'Or, dans une exploitation familiale en céréales et viande bovine. C'est leur pire année en terme de récoltes, l'inquiétude grimpe.

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"En ce moment on travaille neuf à dix heures par jour à perte"

"Je n'aurais jamais pensé voir trois années de sécheresse l'une derrière l'autre, et pourtant..." s'exclame Florent Lefol, installé ici depuis 1998. Résultat : les plantes ne sont pas nourries, ils sont obligés d'acheter de l'eau dans le réseau de la commune pour la porter dans les champs.

Normalement, le fourrage dépasse du bâtiment. Il manque plus d'un tiers de bottes de paille
Normalement, le fourrage dépasse du bâtiment. Il manque plus d'un tiers de bottes de paille © Radio France - Sophie Allemand

C'est un cercle vicieux, explique le co-gérant de l'exploitation familiale : "ça met tout danger, on doit faire plus de production fourragère, moins de culture de vente, donc c'est moins de revenus derrière. On joue la carte de la sécurité : pas d'investissements, on ne peut pas renouveler notre matériel, donc on a des charges de réparation. En ce moment on travaille neuf à dix heures par jour à perte ! C'est malheureux, on n'a plus rien, on ne peut pas s'en sortir." Cette année, la sécheresse représente une perte de 40% de revenus pour l'exploitation. Il manque du grain à l'hectare, soit un manque de 350 euros par hectare environ.

L'avenir de toute une famille remis en question

Les bouleversements climatiques et les difficultés financières, poussent la famille à revoir ses plans. Les neveux et fils de Florent sont tous en filière agricole, mais il ne souhaite plus que ses enfants reprennent l'exploitation. "Vu le contexte financier actuel, ce serait inconscient d'installer des jeunes, on les mettrait en danger, explique-t-il. C'est malheureux, un gros regret". L'exploitant essaye des les en dissuader, leur demande de finir leurs études.

Ecoutez notre reportage avec la famille Lefol :

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"J'ai vraiment envie de m'installer sur l'exploitation auprès de mon papa, il m'a tout appris"

La motivation persiste chez les jeunes. Son fils Jonathan aura bientôt 17 ans, il a conscience des dangers mais persévère : "j'ai vraiment envie de m'installer sur l'exploitation auprès de mon papa, il m'a tout appris. Quand on voit les cultures sèches, on sait que ça va être compliqué, je ne me fais pas d'illusions. J'ai envie d'essayer quand même, d'apporter de la nouveauté, on verra bien." Des mots qui rendent fier son papa, même si le contexte climatique l'inquiète. Il espère que la génération suivante viendra avec des idées pour gérer ce nouveau climat.

Jonathan et son papa Florent Lefol
Jonathan et son papa Florent Lefol © Radio France - Sophie Allemand

Des solutions ? 

Florent Lefol attend des mesures politiques locales adaptées au terrain, et beaucoup de la réforme de la PAC (politique agricole européenne commune) pour accompagner les exploitants vers une transition de leurs modes d'agriculture. "C'est la seule solution, explique-t-il. Il faut travailler avec des variétés, des animaux différents. Aujourd'hui, je travaille avec du charolais, ce n'est peut-être plus la race adaptée, il faut peut-être une race moins exigeante ici." 

Pour pouvoir se lancer dans de nouveaux projets, il faut des réserves financières, et donc des aides. C'est un travail de longue haleine selon lui, le contexte est grave, il faut une véritable concertation, "sinon, bon nombre d'exploitations arrêteront.

Les vaches charolaises, typiques dans la région, sont peut-être trop exigeantes pour le climat désormais
Les vaches charolaises, typiques dans la région, sont peut-être trop exigeantes pour le climat désormais © Radio France - Sophie Allemand

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