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Saint-Malo : une nouvelle réglementation pour les locations de courte durée

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A partir du 1er janvier 2020, la ville de Saint-Malo durcit les conditions de location de courte durée. Les propriétaires seront soumis à de nouvelles obligations. Suffisant pour endiguer les offres de plus en plus nombreuses sur les plateformes type AirBnb ou Abritel ?

Saint-Malo
Saint-Malo © Radio France - François Rauzy

A partir du 1er janvier 2020, la législation concernant les locations courte durée via des plateformes comme AirBnb ou Abritel va évoluer à Saint-Malo. Face à la recrudescence de ces pratiques, la gronde des hôteliers et des riverains, la ville a été reconnue "zone tendue" par l'Etat. Les loueurs devront obtenir un numéro INSEE pour leur logement, à renseigner sur chaque annonce postée. Pour les personnes qui louent fréquemment leur logement principal, plus de 120 nuitées par an, il faudra procéder à un changement d'usage des locaux. Une procédure administrative sous le contrôle de la mairie.

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Trois raisons à ces nouvelles procédures selon la ville : protéger les professionnels de l'hôtellerie, calmer les problèmes de voisinage générés par les allées et venus des locataires courte durée et reconstituer une démographie positive à Saint-Malo sur le long terme. Le but aussi : rééquilibrer la balance selon le maire Claude Renoult : "Ca permet de trouver un bon équilibre, qui permettra d'avoir un peu de location temporaire comme ça, mais pas la supprimer totalement, et sans excès. Je considère que c'est notre mission, ce n'est pas de toute interdire pour satisfaire les uns contre les autres, mais plutôt essayer de trouver les bons équilibres."

Un message à peine voilé au collectif "J'y vis, j'y reste" composé de malouins en guerre contre ces locations courte durée, qui selon eux vident la ville de ses habitants à l'année. 

Pour eux ces locations sont un cauchemar pour plusieurs raisons, comme l'explique Véronique Deschamps, à l'origine du collectif : "Moi je vis dans un immeuble du 17e siècle qui n'est pas du tout adapté et où je n'ai plus de voisins ! Il n'y a que des gens qui viennent en AirBnb pour une semaine. Moi je ne parle plus de nuisances, je parle qualité de vie altérée. Moi je n'ai pas choisi de vivre ce que je vis actuellement et la personne qui m'impose de vivre ça pour se remplir les poches, parce que c'est le but puisque ce sont des gens qui ne vivent pas là et qui vivent ailleurs, m'a imposé un nouveau mode de vie ! J'ai tous les inconvénients, et ces personnes là ont tous les avantages. Ils sont à l'extérieur, ils ne voient pas comment les gens se comportent. Il y a des gens qui viennent du monde entier, avec beaucoup de laisser-aller et je n'ai plus la vie que j'ai choisi de vivre !"

Pour le collectif, les règles mises en place sont insuffisantes. Les co-propriétés auront désormais leur mot à dire sur les changements d'usage des appartements, mais cela fait sourire Franck Rolland, autre membre du collectif : "Si les co-propriétés doivent voter à l'unanimité, le co-propriétaire qui veut faire de la location courte durée ne va pas voter contre lui-même...

Le malouin ajoute : "Le changement d'usage n'impactera pas ceux qui font ça de manière professionnelle, ils auront tous les éléments pour obtenir ce changement d'usage et ce n'est pas un peu de paperasserie en plus qui va les arrêter. Il faut qu'il y ait des équipes de contrôle. On a comparé avec des villes qui ont mis en place des règlements comme Paris ou Bordeaux, on a fait un ratio il faudrait une ou deux personnes recrutées pendant deux ou trois ans pour faire ce contrôle !" Le collectif réclame un moratoire sur ces locations courte durée pendant deux ou trois ans voire une interdiction complète dans Saint-Malo intra-muros. 

Sur le contrôle, le maire assure que l'urbanisme suit les dossiers. Et que la plupart des loueurs se sont déjà mis manifestés pour se mettre en conformité (il y aurait près de 3000 offres de location courte durée sur les plateformes spécialisées sur l'agglomération malouine).

Du côté des multi-propriétaires, ce nouveau règlement n'inquiète pas trop Nicolas*, qui possède quatre appartements sur Saint-malo, et qui loue en courte durée principalement via le site Booking : "Nous on est carré à ce niveau-là, au niveau des différentes taxes qu'on doit payer, des différentes organisations, et c'est vrai que pour les personnes qui faisaient ça juste pour arrondir les fins de mois, je pense que ça peut être plus compliqué maintenant. Pour nous ça ne change pas grand chose, si ce n'est qu'il y a un peu plus de paperasse à faire."

A quelques mois des municipales, cette gestion des locations courte durée à Saint-Malo devrait animer les débats, et le collectif "J'y vis, j'y reste" compte alerter chacun des candidats sur cette question.

*Le prénom a été modifié à la demande de la personne

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