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Il vit avec une "épée de Damoclès de 25 tonnes" au dessus de la tête

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Stéphan Catillo savait en s'installant à Saint-Drézéry (Hérault), qu'un Ehpad allait être construit à côté de chez lui. Mais pas qu'une grue de près de 100 mètres d'envergure allait passer au-dessus de sa maison. Il a porté plainte, mais peine à se faire entendre.

Stéphan Catillo vit depuis plusieurs mois avec ce chantier à quelques mètres de sa propriété de Saint-Drézéry. Stéphan Catillo vit depuis plusieurs mois avec ce chantier à quelques mètres de sa propriété de Saint-Drézéry.
Stéphan Catillo vit depuis plusieurs mois avec ce chantier à quelques mètres de sa propriété de Saint-Drézéry. © Radio France - Sarah Calamand

En arrivant dans le jardin de Stéphan Catillo, à Saint-Drézéry, on ne peut s'empêcher de surveiller ce monstre de fer : une grue de 67 mètres côté flèche, 25 mètres côté contrepoids. Installée depuis le mois de septembre à quelques mètres de la limite du terrain des Catillo, la grue aide à la construction de l'Ehpad Villa Marie. 

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Le contrepoids pèse 25 tonnes. Avec 25 tonnes de béton au-dessus de sa tête, Stéphan Catillo tente de ne pas dramatiser. "Je sais que les grues ne tombent pas tous les jours." Mais il n'arrive pas à l'ignorer, passe beaucoup de temps à surveiller l'avancée des travaux et ne peut pas profiter pleinement de son jardin. 

Stéphan Catillo et sa femme Corinne n'était pas au courant qu'une grue allait être mise en place pour ces travaux. "Quand ils ont coulé le béton, je me suis dit qu'ils faisaient une dalle, une fondation, raconte ce Saint-Drézérien. Ils ont commencé à monter la grue le mercredi, le vendredi ils avaient fini de la monter."

"En une semaine, on s'est retrouvé avec ça au dessus de la tête. Et il se trouve que c'est juste au dessus de ma chambre à coucher."

Le contrepoids de la grue surplombe la chambre à coucher des Catillo.
Le contrepoids de la grue surplombe la chambre à coucher des Catillo. © Radio France - Sarah Calamand

"On n'arrive pas à se faire entendre"

Stéphan Catillo affirme également que la flèche en charge a survolé sa maison, alors que la cabine de la grue est équipée d'un système qui l'en empêche et qu'il n'a pas été informé de ces survols. Il a filmé les scènes et a fait certifier les vidéos par un huissier. Il a décidé de porter plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, mais désespère de voir son problème réglé. L'audience a été renvoyée à deux reprises par le tribunal à la demande de la défense. Un rapport d'expertise judiciaire a été commandé. Ce document, que France Bleu a pu consulter, confirme entre autres la présence du contrepoids au-dessus de la chambre de Stéphan Catillo. Il établit aussi que la grue aurait pu être placée à un autre endroit pour ne pas surplomber la maison. 

"On aimerait bien une réaction qui aille un peu dans notre sens, déplore Stéphan Catillo. Malgré les différents rapports, les différents passages au tribunal, on n'arrive pas à se faire entendre. Ou au moins à faire en sorte que Mme la maire agisse : elle a un devoir de salubrité, tranquillité et sécurité, la sécurité, on n'y est pas !" Il voudrait notamment que la mairie fasse stopper les travaux le temps que le tribunal rende sa décision. 

"Il sait très bien que ce n'est pas possible, lui répond la maire de Saint-Drézéry, Jackie Galabrun-Boulbes. Ils ont forcément toutes les autorisations, et les contrôles ont montré que tout était normal, explique l'élue. Aux réunions de chantiers, je soutiens M. Catillo. Mais quand on m'explique par "a + b" que tout a été fait dans les règles, je ne peux que soutenir les travaux pour qu'ils se terminent le plus tôt possible !" Selon la Maire, les problèmes d'approvisionnement de matériaux sont une raison de plus de faire en sorte que le chantier avance pour qu'il ne s'éternise pas. 

Une communication difficile

Stéphan Catillo estime que la communication est coupée entre lui et les entreprises liées au chantier : BCJM Sud Santé, le porteur du projet, tout comme les différentes entreprises de travaux. Dans un mail, que France Bleu a pu consulté, Jean-Pierre Serrou, patron de BJCM Sud Santé veut rappeler à M. Catillo sa compréhension face aux problèmes : "Sachez tout notre engagement à tenter d'améliorer vos conditions de vie durant les quelques semaines de travaux encore nécessaire au gros œuvre", qui devraient se terminer selon lui "fin avril 2022". Une date confirmée par la maire de la commune, Jackie Galabrun-Boulbes, qui estime que la grue pourrait être retirée avant cette date

Autre argument : la construction de cet Ehpad est très importante pour la commune. "Il y a une maison de retraite, une résidence senior et une micro-crèche. Pour la commune, c'est important. Économiquement, c'est important", détaille Jackie Galabrun-Boulbes. 

Stéphan Catillo attend désormais la prochaine audience au tribunal, du 14 avril. Il espère que l'audience ne sera pas renvoyée une nouvelle fois, et qu'il pourra faire entendre son inquiétude, sa fatigue émotionnelle et celle de sa femme, de devoir vivre entourés par ce chantier, devenu omniprésent dans leur vie. 

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