Passer au contenu
Publicité

"On a failli perdre ma grand-mère", un Ehpad de Gironde épinglé pour "dénutrition sévère"

Par

L'Ehpad Chantefontaine de Cestas épinglé par la Chambre régionale des comptes. Un rapport publié ce mardi pointe plusieurs problèmes. Lors du passage des enquêteurs, 30% des résidents étaient notamment en dénutrition sévère. Le groupe privé Korian dément toute maltraitance institutionnelle.

La maison de retraite Chantefontaine du groupe Korian, à Cestas La maison de retraite Chantefontaine du groupe Korian, à Cestas
La maison de retraite Chantefontaine du groupe Korian, à Cestas © Radio France - Laëtitia Heuveline

Un nouvel Ehpad épinglé dans la région, celui de Cestas sous le giron Korian depuis 2019. La Chambre régionale des comptes a publié mardi ses conclusions. Elle montre que cette maison de retraite de 42 places cumule les problématiques : forte rotation du personnel, manque d'animatrice ou de médecin coordonnateur qui mettent à mal la qualité de l'encadrement, et surtout problématiques de malnutrition. "Presque 30% des résidents sont en dénutrition sévère, écrit la CRC dans son rapport, ce qui mérite grande attention, un taux autour de 12% étant fréquemment isolé dans un Ehpad. L’objectif de suivi de la dénutrition figure toutefois parmi les objectifs du projet de soins. L’ARS a confirmé que l’intervalle minimum de 12 heures entre le dîner (18h30) et le petit déjeuner (8h) était dépassé et donc non conforme aux recommandations nationales."

Publicité

"Ma grand-mère ne s'alimentait plus"

Et c’est bien cette problématique de dénutrition qui a poussé la famille de Cécile à s’organiser : "Je viens deux fois par semaine le midi, on se relaie pour qu’il y ait quelqu’un de la famille tous les midis et tous les soirs". La jeune femme explique avoir été proche de perdre sa grand-mère en fin d’année dernière : "Elle n'arrive pas à manger toute seule, elle ne s'alimentait plus et on avait constaté qu'elle n'était pas forcément encadrée et suivie".

Cécile poursuit : "On a constaté une dégradation également de son état physique, quand elle est arrivée, elle a fait une chute, elle marchait encore, et très rapidement, elle a été installée sur un fauteuil roulant et depuis, elle a perdu toute sa masse musculaire, donc elle ne peut plus marcher." Cette petite fille de résidente pointe tout de même l’envie des aides-soignants de bien faire, mais le manque de moyens humains.

Extrait du rapport de la cour des comptes sur l'Ehpad de Cestas
Extrait du rapport de la cour des comptes sur l'Ehpad de Cestas

L'établissement avait déjà été pointé du doigt par des personnels et des familles pour "maltraitance institutionnelle" entre novembre 2021 et l’été 2022, à savoir des incidents graves causés par l'établissement. Des accusations formellement démenties par Korian.

La directrice de l'établissement Newel Melhout tente de l'expliquer : "Tout est mis en place pour avoir un bon nombre de personnels sur la journée pour faire les toilettes le matin, on essaie de faire en sorte que la situation soit maîtrisée" mais le sujet est tellement sensible que le directeur de la communication du groupe Korian, Florian Bachelet, est en haut-parleur et précise : "Je me permets juste d'intervenir, il y a eu des difficultés sur l’établissement liées à des difficultés de recrutement, mais non, non, non, pas de maltraitance institutionnelle !"

Des améliorations qui se dessinent

L'établissement a entamé des travaux l'année dernière, qui doivent se finaliser l'année prochaine, pour augmenter la capacité d'accueil et améliorer les locaux avec notamment des chambres plus spacieuses et des salles de bains privatives. L’organisation a été revue et des recrutements ont été effectués pour assurer plus de stabilité.

Côté finances, le rapport de la cour des comptes note que 300.000 euros de dépenses qui n’auraient pas dû être financées par l'argent public, soit presque 7% du budget. Près de 230.000 euros d'excédent ont aussi été réinjectés dans le groupe Korian alors qu'ils auraient dû rester à Cestas. Ces problématiques lourdes tendent à se résorber, souligne le directeur de la chambre régionale des comptes d'Aquitaine, Paul Serre : "Il y a des choses sur le plan organisationnel qui ont bougé, et probablement bougé du fait de notre contrôle, parce que finalement les prises de conscience se sont faites et c'est tant de choses qui se sont améliorées. Donc effectivement, les choses vont plutôt dans le bon sens. Et d'ailleurs, sur les recommandations que nous faisons, des recommandations d'amélioration de la gestion, nous avons plutôt une adhésion de la part du gestionnaire qui est prêt à les améliorer."

Au total, dix recommandations ont été formulées par la cour régionale des comptes : procéder à l’actualisation du projet d’établissement, transmettre sans délai aux autorités de tutelle des évènements indésirables graves, constituer un conseil de la vie sociale, transmettre une information tarifaire transparente vis-à-vis des résidents et leurs familles, transmettre des états prévisionnels des recettes et des dépenses (EPRD) et des états réalisés des recettes et des dépenses (ERRD) concordant avec la comptabilité générale et sous format "complet, respecter la réglementation en matière d’emploi des produits tarifés, procéder à l’affectation des résultats, mettre en place une comptabilité analytique détaillée par établissement, réduire le recours aux contractuels de courte durée pour pourvoir les postes permanents et améliorer la coordination des soins et la continuité dans les prises en charge des résidents par la stabilité des effectifs présents sur place.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined