Mosquée de Cugnaux : un permis de construire demandé, les opposants dénoncent le jeu de la mairie

À Cugnaux, au sud-ouest de Toulouse, le projet de mosquée chemin de Maurens, quartier du Vivier, avance. Comme l'annonçait France Bleu Occitanie début décembre, l'association AJYAL qui porte le projet a déposé une demande de permis de construire en mairie lundi 11 décembre. Il s'agit en fait d'une demande de changement de destination de la maison déjà présente sur la parcelle en lieu de culte. De son côté, le collectif de riverains opposé à la mosquée a recueilli près de 500 signatures et demande que le projet se fasse ailleurs.

ⓘ Publicité

Ce collectif d'une cinquantaine de personnes s'oppose à l'installation d'un lieu de culte sur le chemin pavillonnaire. Deux pétitions ont été lancées, une sur papier, l'autre sur Internet qui a recueilli plus de 200 signatures, soit au total près de 500 signatures. Andy Pillore, membre du collectif et voisin du projet, nous explique pourquoi il est contre un lieu de culte à cet endroit.

"Il va y avoir un engorgement de la circulation et du stationnement. Puis il y a des voisins très proches de cette maison qui va être transformée en mosquée. Ces gens ont acheté dans une impasse ou sur le chemin de Maurens pour être tranquilles, pas pour être à côté d'un établissement qui reçoit du public. Potentiellement, il y aura 200 personnes cinq fois par jour, de 6h du matin à 20h le soir du lundi au dimanche, ce qui fait une fréquentation assez importante. Et puis, on craint que nos biens soient dévalués. Selon plusieurs agences immobilières, la valeur de nos biens situés aux abords pourraient être dévalués de 30 à 50% si ce projet devenait réalité."

Un lieu dédié au culte musulman

Il faut savoir qu'il n'y a à l'heure actuelle pas de mosquée à Cugnaux. Les plus proches sont à Basso Cambo, Muret et Colomiers. Depuis 2016, les fidèles prient dans une salle louée par l'association AJYAL à quelques pas de là dans le quartier. L'association AJYAL a donc acheté une maison le 5 septembre dernier qu'elle veut transformer en mosquée avec un terrain qui fera lui vingt places de parking.

Abderrahim Aarim est le président de l'association AJYAL. Il précise. "On a à peu près une centaine de personnes qui vient sur les prières du vendredi, mais l'affluence en règle générale tous les jours sur les cinq prières, donc, c'est environ une quarantaine de personnes grand maximum, essentiellement à pied. Dans le quartier du Vivier à côté, il y a beaucoup de places de parking et la plupart des gens se garent. Nous, on garantit avec notre service de sécurité, de faire la police entre guillemets. À vingt places, on ne rentrera plus dans le parking ni dans le chemin de Maurens."

La mairie répond aux opposants

Le collectif d'opposants demande au maire de trouver une autre solution. Contactée, la mairie nous a répondus ce mercredi par la voix de l'adjoint au maire en charge de l'urbanisme. Frédéric Goudal assure que le projet, déjà contrôlé par la Préfecture, est en règle. L'adjoint au maire tente de rassurer tout le monde et croit à un consensus.

"La collectivité n'a pas du tout vocation à rechercher un lieu de culte pour quelque culte que ce soit. Cette parcelle peut effectivement avoir un changement de destination. C'est une salle de prière qui reste complètement à taille humaine. On sera vigilant. Après, je crois qu'on fantasme beaucoup sur ce que peut représenter un tel lieu de culte. Lorsque ça sera mis en place et que les riverains verront comment se passe, ils vont s'apercevoir qu'il n'y a pas de nuisances et que leurs habitations ne sont pas dévaluées. Tout le monde doit pouvoir vivre et exercer son culte librement et de façon sereine."

Réponse d'Andy Pillore. "La mairie est au courant de ce projet depuis le début de l'année. Elle a rencontré les porteurs du projet à plusieurs reprises, mais pas les riverains." Une réunion d'information a en revanche été organisée par l'association AJYAL en octobre. "Nous n'avons à aucun moment prétendu que les membres de l'association n'avaient pas le droit à un lieu de culte. Mais personne ne voudrait qu'un ERP (Établissement recevant du public) jouxte son jardin, que ce soit une mosquée ou un magasin de sport."

Le collectif d'opposants au projet de mosquée a déjà prévu qu'il attaquera le permis de construire au tribunal administratif s'il est délivré par la mairie de Cugnaux. Désormais, la demande en a été faite.