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Confinement : le blues des inspecteurs du travail

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Alors que le confinement est instauré depuis plus de trois semaines en France, des signalements de salariés parviennent aux services de l'Etat. Mais les inspecteurs du travail eux-même doivent restreindre leurs déplacements, dénoncent des responsables syndicaux.

Illustration chantier / BTP / chantier interrompu pendant le confinement à Valence Illustration chantier / BTP / chantier interrompu pendant le confinement à Valence
Illustration chantier / BTP / chantier interrompu pendant le confinement à Valence © Radio France - Claire Leys

Depuis la mise en place des mesures de confinement, les services de la direction du travail reçoivent de nombreuses demandes de renseignements, mais aussi des signalements de salariés inquiets pour leur santé en raison notamment du manque de masques au sein de leur entreprise. Dans le même temps, les inspecteurs du travail voient leurs déplacements réduits au strict nécessaire. 

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Plus de contrôles inopinés

Mais qu'est-ce que le strict nécessaire, au juste ? Une liste de situations comme par exemple les accidents du travail ou encore les cas de danger grave et imminent. Là, les agents peuvent se rendre au sein de l'entreprise concernée, en respectant eux-mêmes les mesures de protection. "En dehors de ces cas, notre ministère nous demande de ne plus effectuer de contrôle", déplore Pierre Boutonnet, responsable syndical SUD-Travail-Affaires sociales et inspecteur du travail en Isère. "C'est une rupture totale avec nos modes de fonctionnement habituels où on peut faire des contrôles inopinés dans les entreprises", renchérit sa collègue Mathilde Bertrand, également représentante SUD-Travail en Auvergne-Rhône-Alpes. C'est là tout le paradoxe auquel fait face le gouvernement : comment préserver la machine économique tout en faisant respecter les règles de protection des salariés face au Covid-19 ? 

Mission de protection des salariés

Les vérifications concernant les mesures mises en œuvre dans les entreprises, donc, se font désormais à distance (télétravail) dans la plupart des cas, et les déplacements sont soumis à l'approbation de la hiérarchie. "Pour dire les choses très concrètement, moi j'ai fait un contrôle en trois semaines !" lâche Benoît Verrier, membre du même syndicat (SUD-Travail). Dans la liste des actions prioritaires, "on ne parle pas des chantiers de BTP", note-t-il, alors que la Ministre du Travail Muriel Pénicaud encourage la reprise d'activité pour limiter la crise économique, et éviter la crise sociale. _"On ne nous dit pas que ça fait partie des priorités qui nous permettraient d'aller sur le terrain."  _Les inspecteurs, se sentent impuissants et désarmés : "on a l'impression de vider l'océan avec une petite cuillère" résume l'un d'entre eux. Ces restrictions, estime Pierre Boutonnet, "vont évidemment à l'encontre de notre mission même qui est de veiller à l'effectivité du droit et en particulier les règles de protection pour la santé des salariés en cette période d'épidémie"

"Freins de la hiérarchie"

Dans ce contexte tendu, une directive venue de la Direction régionale a suscité l'émoi chez ces inspecteurs du travail. Il y est question de soumettre les assignations en référé - prérogative légale des inspecteurs - à une approbation préalable de la hiérarchie. "Une disposition totalement illégale" s'insurge l'Isérois Pierre Mériaux, représentant syndical FSU-SNU-TEFE. "Cela illustre les freins que notre hiérarchie met, sur consigne politique de la ministre, à l'accomplissement de notre mission. Et notre mission c'est la protection et la santé des salariés." 

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