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"Pour nous, c'est non !" : la démolition des tours de Pessac divise les habitants du quartier Saige-Formanoir

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Dans le cadre du vaste projet de réhabilitation du quartier Saige-Formanoir à Pessac, les habitants des trois tours devant être démolies reçoivent depuis quelques jours les premières propositions de relogement.

Les 8 tours d'habitations du quartier Saige-Formanoir sont parmi les immeubles les plus hauts de la métropole bordelaise. Les 8 tours d'habitations du quartier Saige-Formanoir sont parmi les immeubles les plus hauts de la métropole bordelaise.
Les 8 tours d'habitations du quartier Saige-Formanoir sont parmi les immeubles les plus hauts de la métropole bordelaise. © Radio France - Jules Brelaz

Depuis un demi-siècle, elles forment de loin un immense code-barre le long de la rocade bordelaise. Avec leurs 18 étages, les huit tours du quartier Saige-Formanoir à Pessac sont au cœur d'un projet de renouvellement urbain estimé à 220 millions d'euros. Lancé il y a six ans par la municipalité et la métropole de Bordeaux, ce chantier titanesque prévoit d'ici 2032 de raser trois tours d'habitations, d'en réhabiliter quatre et de transformer la dernière en bureaux d'activité. Le maire Horizons de Pessac Franck Raynal veut ainsi lutter contre "la ghettoïsation" de la cité. Ses opposants et certaines associations de riverains dénoncent au contraire "une gentrification" du quartier.

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"On manque de logements à Bordeaux Métropole et on va détruire 482 logements !"

Trois associations du quartier Saige-Formanoir s'opposent au projet de renouvellement. "On supprime des logements sociaux à des gens qui en ont besoin alors qu'il en manque 50.000 à Bordeaux Métropole. Sur le plan environnemental, sociétal et écologique, c'est un non-sens", affirme Monique Torrès, la présidente de l'Amicale de la Confédération nationale du logement (CNL) de Saige-Formanoir.

Avec ce projet de renouvellement urbain, "les gens vont subir un préjudice", estime l'association Amicale CNL Saige-Formanoir.
Avec ce projet de renouvellement urbain, "les gens vont subir un préjudice", estime l'association Amicale CNL Saige-Formanoir. © Radio France - Jules Brelaz

"Abattre des HLM, c'est bas ! On a besoin de logements pour des gens qui n'ont pas d'argent", ajoute Nathalie, une retraitée qui promène ses chiens au pied des tours. "J'ai des voisins agréables et charmants, il y a de la vie ici". Ces riverains se disent attachés à leur tour de 18 étages. "On a des T3 de 70m2, ce qui ne se trouve plus à Bordeaux Métropole, et puis avec la géothermie, les factures d'énergie sont supportables", indique Monique Torrès.

"On ne comprend pas pourquoi on veut nous déloger de ce quartier", s'interroge Gérard, un membre de la CNL, association à l'origine d'une requête devant le tribunal administratif pour contester les délibérations des élus de Pessac et de Bordeaux Métropole concernant le projet de réhabilitation. "On nous traite comme si on était des sous-merdes, des sous-citoyens", déplore Nathalie.

"40% des 5.000 habitants du quartier vivent sous le seuil de pauvreté"

A Saige-Formanoir, d'autres habitants en revanche défendent le projet de réhabilitation. "C'est une très bonne chose, affirme Jacqueline, une retraitée qui fulmine contre "les punaises de lit, les cafards et les rats" qui empoisonnent son quotidien. Avec ce chantier d'une décennie co-financé par la métropole de Bordeaux "sans le soutien de l'Etat", le maire Horizons de Pessac souhaite "éviter la ghettoïsation en cours du quartier" et apporter plus de mixité sociale".

"En perçant une coulée verte à la place de trois tours, nous offrirons un cadre de vie plus agréable aux habitants et un lieu de promenade entre le quartier du Pontet, le centre de Pessac et Saige. La tour d'habitations transformée en tour d'activités dynamisera le tissu économique de la cité", assure Franck Raynal. L'élu co-président d'Horizons en Gironde rappelle par ailleurs que les études et la concertation autour du projet ont duré six ans.

Acteur central du chantier, le bailleur actuel Domofrance contacte depuis quelques jours les premiers locataires pour leur proposer des relogements en fonction de leurs souhaits et de leurs moyens. Une procédure qui va durer jusqu'en 2025. L'Amicale CNL de Saige-Formanoir dit craindre que les logements proposés ne soient "plus chers et plus petits chers".

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