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La charpente de la nef de Notre-Dame de Paris reconstruite à l'identique dans l'Eure

La charpenterie-menuiserie Rémy Desmonts, à Nassandres-sur-Risle, dans l'Eure, travaille depuis plusieurs mois à la construction de la future charpente de la nef de Notre-Dame de Paris. 22 personnes sont à pied d'œuvre pour ce chantier exceptionnel, dans le respect de la tradition.

Dans l'atelier mensuiserie, les charpentiers créent une des fermes de la future charpente de la nef de Notre-Dame de Paris Dans l'atelier mensuiserie, les charpentiers créent une des fermes de la future charpente de la nef de Notre-Dame de Paris
Dans l'atelier mensuiserie, les charpentiers créent une des fermes de la future charpente de la nef de Notre-Dame de Paris © Radio France - Laurent Philippot

Le groupement constitué par les ateliers Desmonts (Eure) et les ateliers Perrault (Maine-et-Loire) a remporté l’appel d’offres lancé par l’établissement public chargé de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris pour la restitution à l’identique des charpentes médiévales du chœur et la nef. Dans l'Eure, la la SARL Rémy Desmonts est chargée de la construction de la charpente de la nef.  Pour ce chantier historique, cinq cents chênes, ont été prélevés pour la nef, soit 0,2% des chênes français. Des chênes qui proviennent essentiellement de Normandie, "on a eu un gros soutien de la forêt de Bellême" explique Loïc Desmonts et "aussi de forêts privées". Ces chênes proviennent de futaies régulières, technique forestière inscrite au patrimoine immatérielle de l'Unesco qui "permet d'obtenir des bois très droits et très élancés".

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Première étape, fendre les bois et les passer sur le banc de scie. Des bois jeunes, une centaine d'années pour les plus jeunes et de 150 à 200 ans pour les onze bois les plus anciens et des bois verts, comme les travaillent les artisans lors de la construction de Notre-Dame, car "des poutres comme on est en train de les travailler, il faut une centaine d'années pour qu'elles sèchent" justifie Loïc Desmonts.

Avec son collègue, Jorge de Oliveira Silva, scieur, est chargé de la première mise en forme des bois juste derrière
Avec son collègue, Jorge de Oliveira Silva, scieur, est chargé de la première mise en forme des bois juste derrière © Radio France - Laurent Philippot

Un chantier à l'identique dans le respect des techniques médiévales

La menuiserie Desmonts travaille avec des outils manuels et "utiliser des outils manuels sur du bois sec est chose impossible" avance Loïc Desmonts, "une preuve que les charpentes de l'époque étaient faites en bois vert". La menuiserie euroise est une des rares en France à maîtriser la technique de l'équarrissage à la hache, "une solution qui respecte la matière et qui respecte nos savoir-faire puisque le geste reste le même" pour Loïc Desmonts et il y a du pain sur la planche : "Il y a quand même vingt kilomètres de poutres à équarrir" sourit-il.

Loïc Desmonts équarrit les poutres à la hache, comme au Moyen-Âge
Loïc Desmonts équarrit les poutres à la hache, comme au Moyen-Âge © Radio France - Laurent Philippot

Pour ce chantier, la menuiserie s'appuie sur des recherches historiques de dendrochronologues "qui ont eux prouvé que les charpentes étaient faites en bois vert" explique Loïc Desmonts. Des prototypes ont été fabriqués, notamment pour détailler les décors qui sont très présents dans la charpente originelle du XIIIe siècle.

Une maquette de la charpente de la nef au 1/10 et des pièces en taille réelle ont été élaborées pour faciliter le travail, notamment avec les architectes
Une maquette de la charpente de la nef au 1/10 et des pièces en taille réelle ont été élaborées pour faciliter le travail, notamment avec les architectes © Radio France - Laurent Philippot
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Dans une partie de la menuiserie, il fau s'imaginer être dans la cathédrale, les murs ont été reconstitués. Tache du jour pour Pierre de Villepoix, le piquage, "un procédé pour relever toutes les coupes sur les bouts de bois" explique celui qui est charpentier depuis sept ans. Cette charpente est une restitution à l'identique, car "sur l'ensemble de la cathédrale, les niveaux n'étaient pas forcément tous les mêmes, on a reproduit les différentes déformations et après on recale tous nos bouts de bois au bon niveau et aux bonnes hauteurs pour pouvoir relever les assemblages par la suite".

Pierre de Villepoix s'applique au piquage des poutres
Pierre de Villepoix s'applique au piquage des poutres © Radio France - Laurent Philippot
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La charpente de la nef fait 35 mètres de long, 15 mètres de large et 12 mètres de haut. La totalité de la charpente, nef et chœur, mesure cent mètres de long. "On ne fait pas des charpentes de cathédrale tous les jours" se rassure Loïc Desmonts et "on espère ne pas avoir à en faire tous les jours non plus".

Un hangar a été spécialement construit pour assembler la charpente de la nef une fois qu'elle sera terminée
Un hangar a été spécialement construit pour assembler la charpente de la nef une fois qu'elle sera terminée © Radio France - Laurent Philippot

Un chantier et une aventure humaine

L'incendie de Notre-Dame a provoqué l'émoi dans le monde entier. Will Gusakov, charpentier américain originaire du Vermont, n'a pas hésité à traverser l'Atlantique pour donner un coup de main à la menuiserie Desmonts. Cet ancien compagnon du devoir et membre de l'association Charpentiers sans frontières est même venu s'installer quelques mois dans l'Eure avec sa femme et ses deux petits garçons de deux et trois ans. "Pendant six mois, j'ai arrêté mon boulot là-bas" explique-t-il dans un français impeccable. Le charpentier américain est même venu dans l'Eure avec un de ses salariés. Will le dit, "c'est un honneur de participer à ce chantier historique et hors du commun. ca vaut le coup ! C'est un bonheur d'être ici avec les amis et de tailler une charpente si complexe mais historique aussi. Je ne pouvais pas refuser ce chantier-là".

Will Gusakov trace des assemblages pour une ferme secondaire de la nef
Will Gusakov trace des assemblages pour une ferme secondaire de la nef © Radio France - Laurent Philippot

Vingt-deux personnes (dont trois femmes) travaillent sur ce chantier dans l'Eure. Pour Loïc Desmonts, ce chantier, c'est "aussi de la transmission de savoir-faire de charpentier à charpentier". Des charpentiers américains, anglais, allemand ou argentin ont œuvré sur cette charpente de nef et Loïc Desmonts en est convaincu, "partager un chantier si beau, si grand, c'est une aventure exceptionnelle".

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