JO Paris 2024 : la judokate malvoyante Prescillia Lézé s'entraîne à Entraigues-sur-la-Sorgue en écoutant Rocky

Une athlète d'Entraigues-sur-la-Sorgue rêve de décrocher la médaille d’or en judo pour malvoyant aux Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre. À 24 ans, Prescillia Lézé est déjà présélectionnée par l’équipe de France. C'est en juillet qu'elle saura si elle est qualifiée pour Paris 2024. En attendant, elle continue de s'entrainer au dojo d'Entraigues-sur-la-Sorgue. C'est dans cette salle que Prescillia Lézé a trouvé les ressources nécessaires pour surmonter son handicap.

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S'entraîner avec les valides pour rêver d'une médaille d'or

Au dojo d'Entraigues-sur-la-Sorgue, Prescillia dirige régulièrement les entraînements des jeunes judokas. C'est là qu'elle a commencé le judo : "Je suis malvoyante depuis l'âge de mes huit ans. Je pratique un judo classique, comme les valides, sauf qu'on commence les combats avec les mains installées sur le kimono de l’adversaire. Je compense beaucoup avec l’ouïe et le toucher. L'ouïe, c'est très important pour écouter les coachs qui nous donnent des consignes. Je ne m'entraîne qu'avec les judokas valides. Je fais aussi quelques compétitions de troisième division valides aussi.

Je retrouve mes camarades qui sont dans le paralympique en stage une fois par mois. Mon point fort, c'est mon cardio. J'ai davantage de cardio dans ma catégorie de poids par rapport aux autres filles. Je suis la plus légère et aussi la plus petite. Ça peut être aussi un point fort pour passer en dessous, faire une technique de judo comme ippon-seoi-nage (projection d'épaule par un côté). Je pèse 87 kilos pour 1,65 m. Mes adversaires pèsent entre 100 et 150, voire 160 kilos pour deux mètres de haut". Prescillia préfère en sourire : " Même si je suis malvoyante, je vois mes adversaires, mais il vaut mieux ne pas les voir"

Malvoyante à cause du harcèlement scolaire

Prescillia Lézé explique que son handicap "a été provoqué par du harcèlement scolaire. Des gènes familiaux se sont déclenchés avec le harcèlement. J’ai perdu la vue en 18 mois. J’en fais une force. Je repense à la personne qui m’a harcelé. Maintenant, je vis mes rêves alors qu’elle ne les vit pas. Dès que je peux, j’essaie d’être présente dans les collège et lycée qui m’appellent pour parler de harcèlement et de sport. Cette année, c’est compliqué avec la préparation des Jeux olympiques."

Faire passer un message : ne pas baisser les bras !

Préscillia Lézé est très sollicitée ; beaucoup la voit comme un exemple : " Moi, je ne le ressens pas comme ça. C'est juste dire aux jeunes que ce n'est pas parce qu'on se fait harceler ou qu'on a un handicap, qu'il faut baisser les bras. Bien au contraire, il faut en faire une force ! Malgré mon handicap et mes victoires en judo, je suis comme les autres, je ne suis pas quelqu'un de supérieur".

Les enfants et Rocky

En dehors des entraînements quotidiens, Préscillia Lézé est "souvent avec des enfants, la famille, les amis. J'essaye d'éviter de parler de judo les week-ends où je n'ai pas de compétition ! Je suis quelqu'un de très proche des enfants. J’aimerais travailler avec les enfants. J'ai un CAP Petite Enfance. Les week-ends, j'essaye de garder des enfants, de faire du baby-sitting".

"Dans ma play-list avant un combat, il y a la chanson de Rocky. C'est la musique qui me booste vraiment. Au mois d'août, j'ai battu la championne paralympique en titre et décroché la médaille d’Or avec cette musique dans la tête. Je l’avais écouté juste avant de monter sur le tapis."