Gens du voyage à Grostenquin : 1,5 million d'euros de "compensation" pour les communes impactées

Comme elle s'y était engagée, Dominique Faure, la ministre en charge des Collectivités territoriales et de la Ruralité, est revenue en Moselle, à la rencontre des élus de l'agglomération de Saint-Avold, pour faire le bilan après le rassemblement Vie et Lumière des gens du voyage, cet été, sur la base aérienne de Grostenquin. Entre 20 et 40.000 personnes s'y étaient réunies pendant près de deux semaines, début septembre, avec toutes les difficultés logistiques et les nuisances engendrées : va-et-vient de véhicules, déjections dans la nature... La ministre a rencontré ce jeudi, à la mairie de Valmont, une vingtaine de maires des communes environnantes. Ils ont échangé pendant plus d'une heure, sans que le ton ne monte.

ⓘ Publicité

Une enveloppe pour financer des projets des communes avoisinantes

Dominique Faure n'est pas venue les mains vides : les cinq communes voisines de la base aérienne vont bénéficier d'un million d'euros pour financer des projets qu'elles n'arrivaient pas à boucler. Il s'agit de Grostenquin, Bistroff, Lelling, Lixing-lès-Saint-Avold et Guessling-Hémering. L'Etat va donc financer ces projets à hauteur de 70%. A cette somme s'ajoutent 500.000 euros, pour les communes de la communauté d'agglomération Saint-Avold Synergie, qui n'ont pas pu recourir au fonds vert pour investir dans des énergies renouvelables, comme par exemple la modernisation de leur éclairage public ou la rénovation énergétiques des bâtiments publics.

Patrick Seichepine, le maire de Grostenquin, se dit satisfait par cette annonce : "Cet argent va nous permettre de sécuriser la traversée du village, avec la création d'un rond-point et d'une place. Tout cela nous aurait coûté 700.000 euros, difficile à payer en une ou même plusieurs fois. C'est positif pour la commune". Mais l'élu reste prudent quant à l'avenir : "Il ne faut pas être dupe non plus. Les paroles et l'argent sont là pour apaiser la population. Mais il y a toujours le risque que les gens du voyage reviennent".

Déjections, vols, incivilités...

Les élus, s'ils reconnaissent que tout a été fait par l'Etat pour que ce rassemblement se passe le moins mal possible, ont tout de même tenu à faire remonter toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Le premier à briser la glace face à la ministre est le maire de Biding, Christophe Bado : "Combien tout cela a coûté au contribuable ? Sans compter la lumière qu'on a rallumée, pour la sécurité de nos riverains... Je ne demande pas à être payé, mais je veux savoir combien cela a coûté". Question reposée un peu plus tard par la maire de Diffembach-lès-Hellimer, Suzanne Busdon. Pas de réponse chiffrée. La ministre Dominique Faure s'est engagée à communiquer le montant exact prochainement.

Pas de consensus non plus sur le nombre de vols constatés dans le secteur, lors du séjour des gens du voyage : seulement deux selon la ministre, 47 voitures volées, selon un élu.

Autre problème soulevé, la gestion de l'eau : le syndicat des eaux de Rodalbe a vu sa population quasiment tripler cet été : habitué à gérer un réseau pour 15.000 habitants, ce sont entre 20 et 40.000 personnes supplémentaires qu'il a fallu alimenter. Et il y a eu des branchements sauvages sur des bornes à incendie. "Nous avons envoyé les factures de cinq poteaux d'eau à Vie et Lumière. Pour l'instant, elles n'ont toujours pas été payées", s'agace le président du syndicat des eaux et maire de Baronville, Bernard Jacquot. La ministre prend note, et relève aussi les difficultés des syndicats des eaux confrontés à l'explosion de leur facture d'électricité ces derniers temps.

La question qui revient sans cesse, c'est celle des difficultés des communes rurales à obtenir des subventions de l'Etat. Exemple avec le maire de Diesen, Gabriel Walkowiak, qui a besoin de moderniser son école : la toiture présente une fuite, l'éclairage doit être modernisé, des panneaux solaires permettraient de rendre le bâtiment moins énergivore... "Mais on n'a pas droit aux aides. J'ai sorti 400.000 euros, mais je me suis débrouillé tout seul. On n'y arrive plus." La ministre rassure : certes, les 2 milliards d'euros du fonds vert, pour accélérer la transition écologique, ont déjà été attribués, mais une nouvelle enveloppe arrive en 2024.

Cinq sites à l'étude pour le rassemblement de 2024

Quant à l'organisation du prochain grand rassemblement des gens du voyage à l'été 2024, la ministre n'a pas voulu s'engager fermement sur la promesse que Grostenquin ne serait plus sollicité, puisque la promesse d'Edouard Philippe en 2017 n'a pas été tenue. Mais Dominique Faure travaille sur cinq sites potentiels, qui ne sont ni en Moselle, ni à Nevoy dans le Loiret. "Il s'agit de terrains appartenant au ministère des Armées, mais aussi des terrains privés, appartenant à des agriculteurs. Peut-être aussi des petites collectivités locales". Elle espère avoir trouvé ce lieu d'ici la fin de l'année et le soumettre à la Première ministre Elisabeth Borne. Le préfet du département concerné devrait être prévenu au plus tard en janvier.