Dijon : entre les Lentillères et la mairie, les discussions sont au point mort

Le dialogue entre le quartier autogéré des Lentillères et le maire est-il totalement rompu ? François Rebsamen déclarait fin janvier 2024 dans les colonnes de nos confrères du Bien Public qu'il arrêtait les discussions avec les militants. En 2019, il avait fini par renoncer à un large projet d'écoquartier sur les neuf hectares occupés illégalement depuis quatorze ans. La municipalité veut en récupérer un bout, via la SPLAAD, la Société Publique Locale « Aménagement de l'Agglomération Dijonnaise ». 1,14 hectare de terres que le maire juge non-cultivables. Alors que depuis deux années, des processus pour régulariser la situation étaient en cours, la communication entre les deux entités semble donc en train de se crisper.

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Un lieu aux multiples usages

Céder cet hectare et quelques, ce n'est pas si simple que cela. En effet, depuis 2010 et l'occupation des lieux, de nombreuses activités ont trouvé leur place à cet endroit. "On ne parle pas d'un espace qui est vide, explique Tristan, l'un des habitants des Lentillères. On parle d'un espace sur lequel il y a une bonne vingtaine de jardins. Il y a une cantine qui donne à manger à prix libre à plein de gens, une centaine de personnes vient manger ici tous les mercredis. Il y a aussi un terrain de BMX qui est utilisé autant par des gens qui tiennent absolument à faire du BMX ou des sports sur ce terrain là, autant que des jeunes du voisinage qui viennent pour faire du vélo."

Ce qui veut dire, en somme, que les militants ne sont pas vraiment d'accord de se séparer de cette portion de terrain. "Il faut qu'on ait beaucoup plus des discussions que ça", ajoute Tristan. Ce que craignent aussi les occupants des Lentillères, c'est de voir un jour les forces de l'ordre sur leurs terres. "Il y a la menace d'une expulsion, puisque c'est ça qui est un peu sous-entendu", s'inquiète le militant. Quoi qu'il arrive, ils ne comptent pas se laisser faire. Ils ont investi ce terrain en 2010 pour éviter la construction d'un écoquartier tout en dénonçant l'excès de bétonisation à Dijon.

Une communication qui se dégrade

Mais alors pour éviter d'en arriver là, les occupants des Lentillères souhaitent une reprise des discussions avec la municipalité. Mais ce n'est pas gagné. Selon Lola, l'une des militantes, la bonne communication entamée ces dernières années avec la mairie est en train de se dégrader. "Il y a eu des voies de presse, il y a eu des articles, mais il n'y a pas eu de réponse directe, souligne-t-elle. Alors que nous, on a sollicité directement les représentants avec qui on était en échange jusqu'alors de la mairie."

Quand on lui demande si elle regrette cette manière de communiquer de la Ville, elle nous répond. "Je ne sais pas si on la regrette, mais en tout cas, pour nous, elle n'est pas aussi efficace qu'au moment où le processus d'échange permettait effectivement des discussions en direct et une forme d'élaboration un peu sincère et avec de la confiance, détaille Lola. C'est sûr que ça donne la sensation qu'on rentre dans une autre dynamique, et on ne peut pas dire qu'elle soit agréable en tout cas." Cette histoire n'empêchera pas les occupants des Lentillères de célébrer les 14 ans "de lutte" du 31 mai au 2 juin 2024.

France Bleu Bourgogne a sollicité la mairie de Dijon sur ce sujet. Cette dernière n'a pas donné suite à notre demande d'interview.