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Deux ans après un rapport historique, les Réunionnais de la Creuse se tournent vers le Défenseur des droits

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Un rapport, suivi de préconisations, puis plus rien : la Fédération qui rassemble les associations de défense des Réunionnais de la Creuse vient de saisir le Défenseur des droits, Jacques Toubon. Elle s'insurge contre le silence et l'inaction du gouvernement.

Deux "enfants de la Creuse", victimes réunionnaises de migration forcée, Marie-Josée Virapin et Jean-Lucien Herry. Deux "enfants de la Creuse", victimes réunionnaises de migration forcée, Marie-Josée Virapin et Jean-Lucien Herry.
Deux "enfants de la Creuse", victimes réunionnaises de migration forcée, Marie-Josée Virapin et Jean-Lucien Herry. © Maxppp - Radio France/Maxppp

Nouvelle étape dans le combat que mènent les enfants réunionnais de la Creuse, arrachés à leur famille entre 1962 et 1984, envoyés en métropole dans ses territoires ruraux dépeuplés. Pour faire entendre leur voix, deux ans après la remise d'un rapport suivi de peu d'effets, ils viennent d'envoyer une saisine à Jacques Toubon, défenseur des droits, afin de contraindre le gouvernement à l'action.

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Deux ans d'attente frustrée

En 2018, tout semble pourtant bien engagé. Une commission d'historiens rend un rapport de plus de 700 pages, enquête méticuleuse sur le déracinement forcé des enfants réunionnais, assortie de propositions d'aide aux victimes.  Depuis, "rien ne bouge, assène Valérie Andanson, secrétaire de la Fédération des enfants déracinés des DROM. La ministre des Outre-Mers Annick Girardin a fait des préconisations publiques, trois en tout. Aucune n'a été appliquée. Ça n'est pas normal."

Même Emmanuel Macron a reconnu, "avec le recul des lumière des l'histoire, une faute" Pourquoi rien n'avance ?

S'engage aujourd'hui une véritable course contre le temps, comme le reconnaît Valérie Andanson : "Nous sommes impatients ... on vieillit, il faut que ça avance maintenant !" L'avocate de la Fédération, Me Rabesandratana, habituée de dossiers de justice transitionnelle, préfère penser qu'"il n'y a pas de bons moments" pour porter ce combat des Réunionnais de la Creuse : "Il y a un traumatisme et une communauté de destins entre la France et la Réunion, que la France ne peut pas éviter plus longtemps".

Quatre requêtes prioritaires adressées à Jacques Toubon

La Fédération a donc envoyé une lettre le 26 mai pour saisir le Défenseur des droits, Jacques Toubon. "Il s'agit d'une personnalité qui veille au respect des droits et peut faire des injonctions à l'Etat, explique Me Rabesandratana. Il faut désormais une volonté politique pour faire avancer les choses. Puis on ira saisir aussi au niveau local chaque défenseur des droits régional."

La lettre détaille quatre points fondamentaux pour les Réunionnais de la Creuse : des excuses publiques de l'Etat, "comme ça s'est passé en Belgique par exemple", souligne Valérie Andanson ; l'entrée de cette histoire dans les manuels scolaires et les programmes de l'éducation nationale, "car elle fait partie de l'histoire de France", la création d'un lieu de mémoire et d'un centre de ressources, "peut-être en Nouvelle-Aquitaine", et la mise en place d'une nouvelle commission "dont les compétences seraient étendues sur le terrain de la justice et de la réparation", détaille Me Rabesandratana. A titre d'exemple, elle cite les billets de retour octroyés actuellement au compte-goutte aux Réunionnais de la Creuse. 

A ce volet collectif s'ajoutent des démarches individuelles, afin de reconstituer les histoires personnelles de chacun. "O_n reçoit des demandes de la part de ceux qui n'ont pas cherché, et ne connaissent pas leur vraie histoire_, indique Me Rabesandratana. Il faut aussi faire la lumière sur la falsification des rapports, des actes de naissance, voir s'il y a matière à des actions en justice." Un vaste chantier qu'entend faire avancer la Fédération des enfants déracinés des DROM avec cette lettre au Défenseur des droits et cette prise à témoin de l'opinion publique.

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