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Deux ans après avoir fui l'Ukraine, Kateryna oscille entre espoir de retour et installation durable en France

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En août 2022 nous avions rencontré Kateryna, une Ukrainienne, maman célibataire de deux enfants de 4 et 7 ans, qui était alors en panne de logement. Aujourd'hui, elle loue un appartement à Grenoble et a trouvé un travail en CDI. Ce qui n'empêche pas d'avoir des envies de paix et de retour.

Depuis août 2022 Kateryna a trouvé un appartement et un travail. C'est déjà ça... Depuis août 2022 Kateryna a trouvé un appartement et un travail. C'est déjà ça...
Depuis août 2022 Kateryna a trouvé un appartement et un travail. C'est déjà ça... © Radio France - Laurent Gallien

En août 2022, Kateryna, maman célibataire de deux jeunes enfants, avait lancé un appel à l'aide, craignant de ne plus avoir de logement début septembre. Aujourd'hui, elle est toujours en France mais si sa situation s'est nettement améliorée, elle a toujours le mal du pays et de la situation qu'elle avait là-bas. Nous avons retrouvé cette ex-spécialiste des relations internationales parlant quatre langues chez Ikea, où elle a décroché un CDI.

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France Bleu Isère : Kateryna, est-ce que vous vous sentez mieux et est-ce que vous vous sentez bien aujourd'hui en France ?

Kateryna : Votre question peut être divisée en deux parties. Si je suis bien en France ? Évidemment, si on s'adresse à la pyramide des besoins humains d'Abraham Maslow, oui. Je suis en sécurité, on a de quoi manger, de quoi boire et on a un toit. Est-ce que j'arrive à me réaliser pleinement au point de vue social ? Pas pour l'instant. Je n'en veux qu'à moi-même, mais c'est vraiment compliqué pour des étrangers de s'épanouir et de retrouver le même statut social que celui dont ils bénéficiaient dans leur pays d'origine.

En Ukraine, vous viviez à Kiev et vous étiez spécialiste en relations internationales, c'est ça ?

Oui, je suis originaire de Kiev et toute ma vie, j'ai travaillé au développement de partenariats internationaux au sein de très grosses entreprises stratégiques.

En août 2022, vous étiez sans logement, sans travail ou avec une piste de travail. Aujourd'hui, où est-ce que vous en êtes et comment ça s'est passé ?

On peut dire que la vie a été complètement bouleversée. Aujourd'hui, j'ai un contrat CDI, je travaille depuis déjà un an. J'ai mon logement autonome à Grenoble dans un bon quartier et mes enfants arrivent mieux à s'exprimer en français après ces deux ans dans des écoles françaises, donc la vie évolue à pas de géant.

Est-ce que vous vous projetez un peu plus en France que lorsque nous nous étions rencontrés il y a deux ans ?

Vous savez, dans des situations aussi compliquées, il ne faut pas trop se projeter, il faut vivre au jour le jour sans trop se poser des questions. Faire tout ce que tu peux et avancer. En même temps, je réalise que peut-être mes enfants auront du mal à retrouver une place au sein de la société ukrainienne parce que eux, ils seront formés entièrement en concordance avec l'éducation française et je me pose des questions. Comment faut-il que j'organise leur vie à l'avenir ? Là, je ne peux pas m'arrêter là, évidemment, et mon passé me pousse à avancer. J'ai eu la validation de mes diplômes obtenus en Ukraine et là, j'envisage de continuer avec un bac+5 au sein de l'UGA à Grenoble en science de l'information et communication, pour mieux étudier les diffusions des fausses informations dans la société actuelle. En même temps, le statut de protection temporaire dont nous bénéficions va toucher à sa fin en mars 2025. Est-ce que l'État français va octroyer le droit de continuer d'être présent sur le sol français et si oui, sous quel format de protection ? Pour l'instant, il n'y a pas d'information disponible.

Est-ce que vous la voyez finir cette guerre et quand ?

Vous savez, tous les matins, je me lève avec un espoir. L'espoir, c'est quelque chose qui est toujours en nous et personne ne peut nous priver de l'espoir. Surtout quand il s'agit de ton pays natal et de cette horreur que ton pays natal vit au quotidien. Mais récemment, j'ai entendu une interview captivante de l'ancien ministre des Affaires étrangères français, Monsieur Védrine, si je ne me trompe pas. D'après ses estimations de la situation en Ukraine, il croit que cette guerre entrera dans un état de stagnation comme celle en Syrie. Moi, ça me fait vraiment froid dans le dos cette prévision.

Si j'étais un bon génie et si vous aviez un vœu à exaucer, ce serait lequel ?

Là, vous me posez une colle franchement (sourire) parce que je suis une grande fille et je ne crois plus aux contes de fée. Et ça, c'est plutôt un désavantage, on est d'accord, parce qu'il faut savoir rêver...

La fin de la guerre comme premier souhait évidemment ?

Évidemment, la fin de la guerre. Évidemment. La fin de la guerre et la restitution de tous les territoires ukrainiens qui ont été annexés jusqu'ici par la Russie.

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- © Visactu

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