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Chinon Vienne et Loire : un congé menstruel en place, mais les agentes ont encore du mal à se lancer

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Depuis le 1er janvier 2024, les agentes du comité social territorial commun de la communauté de communes Chinon Vienne et Loire ont accès à un congé menstruel. Une révolution pour assurer le bien-être des femmes qui connaissant des règles douloureuses, même si personne ne s'est encore lancée.

Daniel Dammery, l'élu aux ressources humaines à la communauté de communes Chinon Vienne et Loire accompagné des femmes qui ont fait bouger les choses. Daniel Dammery, l'élu aux ressources humaines à la communauté de communes Chinon Vienne et Loire accompagné des femmes qui ont fait bouger les choses.
Daniel Dammery, l'élu aux ressources humaines à la communauté de communes Chinon Vienne et Loire accompagné des femmes qui ont fait bouger les choses. © Radio France - Virginie Vandeville

C'était le 15 février 2024, le Sénat retoquait la proposition de loi des socialistes sur la mise en place d'un congé menstruel. Si la haute institution balaye le problème, les plus petites, elles, prennent la problématique des femmes, victimes de règles douloureuses, à bras le corps.  Ainsi Tours devrait mettre en place une autorisation d'absence pour ses agentes, dès septembre 2024. Mais dans le Chinonais, on n'a pas attendu. Depuis le 1er janvier, la Communauté de communes Chinon Vienne et Loire ainsi que la municipalité de Chinon, d’Avoine et le centre intercommunal d’action sociale (CIAS) autorise donc l'ensemble de ses agentes à poser deux jours de congé par mois, avec un maximum de treize jours de congé par an, avec une autorisation médicale.  Mais encore faut-il se lancer. Pour l'instant, aucune femme n'en a fait la demande.

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Et pourtant, cette autorisation spéciale d'absence est très bien perçue en interne. "C'est un soulagement. J'ai 48 ans. Les femmes ont toujours été élevées, en ne disant rien. C'est comme ça, tu vis avec ta douleur. Mais je souffre de règles douloureuses depuis mes 12 ans," précise Mélanie qui travaille au service communication. Alors depuis des années, elle fait avec. "On prend des antidouleurs. On amène une bouillote. J'ai même du parfois prendre des jours de congés car il m'était impossible de travailler", ajoute l'agente.

"Je ne pensais pas, il y a cinq ans, pouvoir attribuer un congé pour des menstruations incapacitantes"

"On est en train de faire un pas de géant pour les femmes et de les déculpabiliser de leurs douleurs", précise encore Mélanie. Un congé menstruel plus que nécessaire et porté par un homme, Daniel Dammery, adjoint au maire à Chinon et en charge des ressources humaine à la Communauté de communes Chinon Vienne et Loire. L'élu assure que l'idée est venue des femmes avec qui il travaille. Des maux de femmes dont il précise avoir toujours eu conscience, même si cette autorisation n'a pu se faire que maintenant.

"Bien évidemment que j'en avais conscience. Mais la société évolue et je ne pensais pas, il y a cinq ans, pouvoir attribuer un congé pour des menstruations incapacitantes. On est en retard dans notre société, vis-à-vis d'autres sociétés, mais c'est la France. La collectivité va sortir grandi de cela parce que finalement, c'est quelque chose qui est réel depuis des années, depuis que le monde est monde, et que la femme est femme et que enfin, on prend conscience qu'on peut avoir des règles douloureuses. Ce n'est pas une situation normale pour aller au travail", précise l'élu. Une autorisation qu'il défend au nom du bien-être de ses agentes.

Les femmes se jaugent

Mais en trois mois de mise en place, aucune agente n'a fait valoir ce congé menstruel. Pire encore, certaines les femmes se jaugent. "Je suis en train de me demander si je peux continuer ainsi. Car, c'est une forme d'habitude que j'ai avec mon propre corps et ma douleur. Est-ce que je suis capable de gérer cette douleur différemment parce qu'on me donne le droit de le faire ? Je pense aussi aux femmes qui ont des chefs hommes. Il y a une forme de pudeur qu'il va falloir briser je pense, pour arriver à s'emparer de ce congé", insiste Mélanie. Mais la quadragénaire l'assure, elle prendra de temps à autre ce congé.

Il faudra du temps pour que ce congé puisse être banalisée. "J'espère que dans 10 ans, ce sera la normalité", précise encore Mélanie. En attendant pour soutenir et encourager les femmes Daniel Dammery insiste sur le fait qu'il n'impose pas de jours de carence et que le certificat médicale exigée, sera valable un an. "On ne portera pas de jugement sur la prise de cette autorisation spéciale. Au même titre que l'on délivre, des autorisations d'absence pour les délégués syndicaux, pour exercer leur mandat, là, c'est dans le même ordre d'esprit", affirme l'élu.

"Je n'ai jamais eu de répit"

Daniel Dammery assure avoir pleinement confiance en ces femmes qui souffrent. Pour lui, il n'y aura pas d'abus. Aux potentiels critiques, Mélanie, elle, s'insurge.  "Avoir un congé, c'est reconnaître que nous subissons une forme de violence que l'on n'a pas choisi. Une violence de notre propre corps. Dans la bouche de certains hommes, on est des feignantes au moment de nos règles. On ne supporte pas bien la douleur, on est en colère. Il faudrait une fois prendre notre place pour voir ce que c'est que tous les mois avoir ce cycle revenir, cette fatigue, ces maux terribles. Moi je n'ai jamais eu de répit, " témoigne la jeune femme.

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