Passer au contenu
Publicité

Avoir 20 ans en 2023 : Amine Kessaci, le Marseillais engagé contre les trafics de drogue

Par

Amine Kessaci aura 20 ans à la fin de l'année. Mais le jeune Marseillais des quartiers nord n'a pas attendu sa majorité pour s'engager. Depuis la mort de son frère dans un réglement de comptes, il se bat contre les trafic de drogue à Marseille. Il est l'invité de France Bleu Provence.

Amine Kessaci, invité de France Bleu Provence Amine Kessaci, invité de France Bleu Provence
Amine Kessaci, invité de France Bleu Provence © Radio France - Florent Le Saux

Ils ont 20 ans en 2023 et ils témoignent sur France Bleu Provence tout au long de cette journée. C'est le cas d'Amine Kessaci, un jeune homme que France Bleu Provence suit depuis ses 17 ans et son engagement contre le trafic de drogue dans les quartiers. Avec son association Conscience, il s'engage notamment en soutien aux familles endeuillées.

Publicité

France Bleu Provence : À l'origine de votre engagement, il y a ce drame dans votre vie. Votre frère tué par balle à Marseille, en décembre 2020, victime d'un règlement de comptes à cause du trafic de drogue. Vous vous investissez alors pleinement dans votre association Conscience.

Amine Kessaci : Initialement, j'avais fondé cette association sept mois avant le décès de mon frère, pour inclure de l'écologie dans les quartiers et pour montrer que les jeunes des quartiers populaires étaient en capacité de réfléchir par eux-mêmes, de se représenter. Et malheureusement, ce drame est venu me frapper en plein fouet, et pas seulement moi.

C'est un drame qui a marqué beaucoup de gens à Marseille avant une succession d'autres drames. À partir de ce moment-là, on s'est dit que personne n'était plus légitime que nous pour porter ce combat. Il avait deux issues possibles face à ce drame : soit on se résigne et puis on tombe dans le deuil et les pleurs quotidiens ou on fait un combat et on fait en sorte que ça n'arrive plus jamais.

France Bleu Provence : Vous avez choisi le combat. Votre association est désormais présente dans 22 villes en France, vous avez rencontré Emmanuel Macron lors de son déplacement à Marseille en septembre 2021. Est-ce que ce qu'il vous a dit ce jour-là a été suivi des actes, est-ce que les choses ont bougé ?

Amine Kessaci : On m'avait posé la question quelques mois après la visite du président.  Je disais qu'on ne pouvait pas y répondre parce qu'il fallait laisser du temps pour mettre en application tout ce qui a été dit. Aujourd'hui, on ne peut pas le contester : il y a des choses qui ont été faites sur Marseille. On a mis des moyens, on a vu des écoles qui ont été rénovées.

Mais le constat que l'on fait, c'est que sur l'année 2022, il y a encore 33 morts. La nuit du 24 décembre, on a connu une série de fusillades dans nos quartiers et la violence ne s'arrête pas. On continue de ramasser des corps dans les rues. En 2022, un événement nous a tous marqués quand un jeune a été déposé quasi mort sur le parvis de l'hôpital Lavéran. Tous ces actes montrent que la violence n'a pas cessé, au contraire, elle n'a fait qu'augmenter. Il y a des forces de l'ordre supplémentaires qui ont été envoyées, ce qui est bien et ce qui est à saluer. Mais aujourd'hui, on dit juste que les Marseillaises et Marseillaises n'ont pas besoin d'un plan qui va durer dix ou quinze ans. Ils ont besoin d'un plan aujourd'hui.

France Bleu Provence : Pourquoi on ne s'en sort pas de ces trafics ? Quelles mesures fortes faudrait-il tout de suite ?

Amine Kessaci : Je reproche beaucoup au quinquennat de Nicolas Sarkozy d'avoir retiré la police de proximité dans nos quartiers. Je ne dis pas que la police de proximité aurait tout sauvé. Au contraire, il aurait fallu continuer à accentuer le social, ramener de l'éducation dans nos quartiers ou faire des sorties culturelles comme on le faisait avant et cela ne se fait plus aujourd'hui. On ne donne plus de moyens aux centres sociaux.

La police de proximité aurait permis de dissuader les installations de trafic de drogue par exemple. À Marseille, on connaît la cité des Campanules aujourd'hui où des jeunes ont essayé de venir implanter un réseau. Les habitants sont descendus. Mais s'il y avait eu une voiture de police, s'il y avait eu des policiers, ça aurait peut être permis de dissuader ces jeunes à venir s'installer dans cette cité.

France Bleu Provence : Vous faites, vous faites des études de droit à Marseille, mais vous avez réussi le concours de Sciences Po à Paris. Mais finalement, vous n'avez pas été intégré...

Amine Kessaci : Cela a été un vrai combat d'obtenir une dérogation pour passer le concours car à la fin du collège, j'ai décidé de faire un bac professionnel gestion administration et on m'a dit que le bac pro ne suffisait pas. Après avoir fait des mails, et écrit, écrit, écrit plusieurs fois, on m'a donné une dérogation pour candidater. J'ai eu le nombre de points suffisants à l'écrit mais on m'a expliqué que le bac pro ne suffisait quand même pas pour intégrer Sciences Po Paris.

France Bleu Provence : Vous êtes déçu ?

Amine Kessaci : Très déçu parce que Sciences Po Paris n'a cessé de rappeler l'inclusion avec son nouveau président, ce volet où ils voulaient justement attirer des jeunes des quartiers populaires, ils voulaient s'ouvrir etc. Et puis, au final, quand il faut le faire concrètement, malheureusement, ça ne suffit pas. Les paroles ne sont pas suivies des actes.

loading

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined