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Avenir de la tour CHU de Caen : "De toute façon ça va coûter de l'argent" (Joël Bruneau)

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Le maire de Caen s'exprime à propos de l'avenir de la tour CHU, alors que les premiers bâtiments du nouvel hôpital sont livrés. Réhabilitation ou destruction : Joël Bruneau n'a aucune religion. Il annonce ce mercredi qu'une étude technique a été lancée.

Joël Bruneau, maire de Caen et président de la communauté urbaine Caen-la-Mer Joël Bruneau, maire de Caen et président de la communauté urbaine Caen-la-Mer
Joël Bruneau, maire de Caen et président de la communauté urbaine Caen-la-Mer © Radio France - Jean-Baptiste Marie

Pour beaucoup de Caennais et beaucoup de Normands même, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, c'est l'un des symboles de la ville. La tour du CHU, construite dans les années 1970, haute de 23 étages et visible à plusieurs kilomètres autour de Caen, va se vider petit à petit dans les années à venir puisque le chantier du nouveau CHU avance bien. Le premier bâtiment a été livré en début d'année et les autres vont suivre dans les prochaines années. La livraison définitive et complète est prévue à la fin de l'année 2026, pour un chantier global à 560 millions d'euros.

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Seulement voilà, le devis n'était pour ainsi dire pas complet puisque l'avenir de la tour historique n'était pas inclus dedans. Un coût énorme à coup sûr, puisqu'il faudra au moins désamianter la tour, pour ensuite la détruire ou la réhabiliter. Alors qu'une architecte a monté une association "CHU pas d'accord" contre l'hypothèse de la destruction et présenté un projet de réhabilitation, le maire de Caen choisit France Bleu Normandie pour s'exprimer. Sévère avec les idées parfois "fumeuses" et s'opposant à l'idée d'un "concours Lépine" de la tour CHU, Joël Bruneau annonce qu'il a demandé au ministère de la Santé une étude technique sur le sujet.

La tour CHU de Caen, inaugurée en 1975 par Simone Veil, est obsolète et amiantée
La tour CHU de Caen, inaugurée en 1975 par Simone Veil, est obsolète et amiantée © Maxppp

France Bleu Normandie : Quelle est votre position personnelle Joël Bruneau sur l'avenir de la tour ?

Joël Bruneau : Moi, à titre personnel et en tant que maire de la ville, je pense qu'est venu le temps de se poser la question puisque le point important, c'était de construire un nouveau CHU pour le grand intérêt des patients, des soignants, d'ailleurs pas seulement de la ville et de l'agglomération, mais de toute la région, tout au moins tout l'ouest de la Normandie.

"Celles et ceux qui seront en responsabilité au moment où l'étude sera produite prendront les décisions qui seront éventuellement envisageables" - Joël Bruneau, maire de Caen

En ce qui concerne l'avenir de la tour et de la galette qui l'entoure, il était prévu qu'elles n'existent plus à terme. Je n'ai pas d'idées préconçues parce que contrairement à beaucoup de gens qui s'expriment sur le sujet sans connaître, je n'en sais pas assez sur la structure technique de cette tour et les possibilités qui pourraient éventuellement être envisagées. Je n'ai donc par conséquent pas d'idée. En revanche, ce que j'ai fait, c'est demander à l'État, puisque c'est un bâtiment qui relève en quelque sorte du ministère de la Santé, avec mes collègues parlementaires (ndlr : la sénatrice Sonia de la Provoté et le député Fabrice Le Vigoureux) de prendre le dossier en main. Nous sommes allés à Matignon rencontrer le responsable du sujet santé auprès de la Première ministre pour demander qu'une étude approfondie sur les caractéristiques du bâtiment soit effectuée afin de déterminer le champ des possibles. Celles et ceux qui seront en responsabilité au moment où l'étude sera produite prendront les décisions qui seront éventuellement envisageables.

FBN  : Peu importe la décision qui est prise, il y aura besoin d'un désamiantage...

JB : Une partie du désamiantage avait été faite pour permettre la bonne exploitation du bâtiment. Mais quoi qu'il arrive, effectivement, il y a le sujet, bien sûr, de désamiantage qui, dans les premières estimations, est la principale partie de la facture. Il faut aussi voir quelles sont les caractéristiques en matière de pérennité de la structure d'une part, de l'enveloppe en quelque sorte, avec ce qu'on a appelé la "maladie du béton" qui, parait-il, atteignait effectivement cette tour. On a aussi le sujet de la très grande hauteur Cela impose un certain nombre de suggestions particulières dès lors qu'on a des gens qui y vivent. Concrètement, aujourd'hui, vous avez l'obligation d'avoir un pompier par étage par exemple, et ainsi de suite. D'où cette nécessité d'une étude technique approfondie avant de prendre une décision ou d'émettre des idées. On peut avoir toutes sortes d'idées et de nos jours, même sur un sujet qu'on ne connait pas. Je ne veux pas rentrer dans un quelconque débat sur l'avenir de la tour puisque encore une fois, je ne connais pas les caractéristiques.

FBN : Et pourquoi ces caractéristiques techniques, elles n'ont pas été évaluées avant ?

JB : C'est un sujet que nous avions mis de côté à l'époque avec mon prédécesseur, Philippe Duron, quand il était encore député, en concentrant nos efforts et notre lobbying auprès des ministres successifs de la Santé pour persuader effectivement tout le monde qu'il était hautement nécessaire de reconstruire le CHU de Caen. Et pour ne pas, en quelque sorte, alourdir le débat, alourdir également la facture, on a, d'un commun accord, pris la décision de concentrer nos efforts sur l'obtention de la décision définitive de la reconstruction plutôt que sur le sujet de la tour. En disant voilà, une fois, que le nouveau CHU sera reconstruit, on verra ce qu'on fait de cette tour. A l'époque, il était plutôt envisagé effectivement une destruction. C'est pourquoi, effectivement, toutes ces études approfondies n'ont pas été menées jusqu'alors.

FBN : Et du coup, aujourd'hui, il y a quand même un risque d'un gouffre financier en perspective non ?

JB : De toute façon, ça va coûter de l'argent. Que ce soit une réutilisation ou une démolition, ça va coûter de l'argent. C'est pourquoi je pense qu'on va voir encore quelque temps cette tour dans le paysage.

"De toute façon, ça va coûter de l'argent, 500 000 euros par an rien que pour l'entretien. C'est pourquoi je pense qu'on va voir encore quelque temps cette tour dans le paysage" - Joël Bruneau

FBN : Un coût aussi en entretien, en attendant ?

JB : Vous avez raison, vous posez une excellente question, le maintien en l'état nécessite effectivement un minimum de maintenance, de surveillance, et cetera. Et les premières estimations, c'est que compte tenu de sa superficie, c'est à peu près 500 000 € par an et personne n'a budgété ces 500 000 euros.

FBN : Est ce qu'il n'est pas envisageable de demander à l'État de céder la tour à la municipalité ?

JB : Surtout pas. Alors ça, ce serait vraiment un très beau cadeau empoisonné parce que c'est un sujet dont personne, dans les hautes sphères de l'Etat, ne sait bien quoi faire. Le céder à la collectivité qui n'a, jusqu'à preuve du contraire, quand même pas tout à fait les mêmes moyens que l'État ? Non, ce serait vraiment pas une bonne idée.

Ce serait un peu trop facile que chaque fois qu'il y a un bâtiment dont on ne sait pas trop quoi faire et qui relève de la compétence de l'État, on le "refile" entre guillemets aux collectivités, sans moyen pour elles d'y faire face.

FBN :  Est-ce que vous avez eu vent de cette association qui s'est monté, "CHU pas d'accord", qui milite pour une réhabilitation au nom du respect d'une œuvre architecturale ?

JB : Alors des associations qui ne sont pas d'accord, de nos jours, il y en a plein. Par principe d'ailleurs. Le vrai sujet dans ce pays, ce n'est pas de ne pas être d'accord. Le sujet, c'est qu'il faudrait, face à une situation donnée, qu'on soit plutôt capable de dégager par un dialogue constructif et étayé, sur des appréciations techniques, une décision rationnelle pour l'avenir de ceux qui vont venir après nous. Parce que cette Tour peut rester dans le paysage pendant des années. Si elle n'a pas d'usage particulier, ça va très vite devenir un fardeau collectif.

"Cette Tour peut rester dans le paysage pendant des années. Si elle n'a pas d'usage particulier, ça va très vite devenir un fardeau collectif" - Joël Bruneau

FBN : Justement, cette association propose des usages. On parle de logements, de salles de sport ?

JB : Mais tout peut être envisageable. Je fais simplement remarquer que du logement, on en a déjà et que pour faire des logements dans un ancien hôpital, ça demande là aussi des caractéristiques techniques à vérifier. Et puis, en ce qui concerne les salles de sport, c'est clair qu'il y a la place pour faire beaucoup de salles de sport. Mais je crains qu'on manque de sportifs !

"Le concours Lépine des idées, ça c'est pas difficile" - Joël Bruneau

FBN : Et on parle aussi d'un lieu de mémoire en plus éventuellement ?

JB : Ah oui, encore une fois le concours Lépine des idées, ça c'est pas difficile. Après la question est de savoir si techniquement c'est faisable et deuxièmement qui paye.

FBN : Et donc qui paye ? L'Etat ?

JB : Pour l'instant la question c'est : "peut-on trouver une réutilisation intelligente et techniquement possible ?". Par exemple du logement, ça génère des recettes, mais encore faut-il que ce soit techniquement transformable en logements. Alors il y a plusieurs hypothèses. Ça peut être l'ensemble de la tour, une partie de la tour, une partie du bâtiment. Mais encore une fois, avant de tout imaginer, il faut avoir une étude technique sérieuse. Alors c'est bien de se préoccuper de la tour, mais on devrait plutôt se féliciter d'avoir un CHU neuf, parce que c'est quand même ça qui va essentiellement rendre service à la collectivité.

"C'est bien de se préoccuper de la tour, mais on devrait plutôt se féliciter d'avoir un CHU neuf" - Joël Bruneau

FBN : Et cette étude à titre personnel, qu'est-ce que vous vous en espérez ?

JB : Quelque chose de faisable. Que ça donne des pistes réalistes, indépendamment des idées plus ou moins fumeuses émises ici ou là.

ITW Lucas Métairie

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