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Autour de Notre-Dame-des-Landes, une zone de non-droit exaspère élus et habitants

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Environ 150 personnes vivent sur l'ancienne ZAD de Notre-Dame-des-Landes, officiellement démantelée depuis cinq ans. Des marginaux de tous âges se retrouvent là et habitent dans des constructions illicites. Élus et habitants demandent à la préfecture de la Loire-Atlantique d'agir.

A Vigneux-de-Bretagne, la forêt est devenue par endroits une décharge à ciel ouvert. A Vigneux-de-Bretagne, la forêt est devenue par endroits une décharge à ciel ouvert.
A Vigneux-de-Bretagne, la forêt est devenue par endroits une décharge à ciel ouvert.

Officiellement, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes est démantelée depuis 2018 et l'abandon du projet d'aéroport. Les zadistes historiques sont devenus agriculteurs, ils louent des parcelles au Département de la Loire-Atlantique, propriétaire des terres, et habitent dans des fermes en toute légalité.

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Mais une centaine de personnes occupent des constructions illicites. Ils vivent en forêt dans des cabanes, des fermes inhabitées, sur les communes de Vigneux-de-Bretagne et Notre-Dame-des-Landes. Samedi 28 janvier, une jeune femme de 22 ans a été retrouvée morte dans une de ces cabanes, possiblement d'une overdose. En 18 mois, il y a eu quatre décès sur la zone, selon la maire de Vigneux.

Au Vignolais, le bar-tabac de la commune, René boit un muscadet avec quelques amis. Sa fille a fait partie des zadistes historiques, elle est installée aujourd'hui avec son compagnon dans le bourg de Notre-Dame-des Landes. Lui soutient "qu'il y a des gens bien là-bas. Mais on parle toujours des plus mauvais, pas de ceux qui sont bien !"

Le discours est radicalement différent chez Fanny, qui sort de la boulangerie de Vigneux. Elle habite un hameau voisin de la zone et n'ose plus se promener en forêt avec son fils de trois ans : "Ce sont des drogués, ils sont à moitié violents avec leurs chiens en liberté, c'est inquiétant !" Et la jeune femme précise qu'elle soutenait ceux qui se sont battus contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : "Ils n'ont rien à voir avec les vrais zadistes, ils n'ont aucune cause à défendre. Ils ne sont pas engagés pour l'écologie, bien au contraire. Là où ils sont, c'est une décharge à ciel ouvert." Et en effet, des carcasses de voitures, des pneus jonchent la forêt par endroits.

Un mobil home illicite en forêt de Vigneux-de-Bretagne
Un mobil home illicite en forêt de Vigneux-de-Bretagne

L'hiver, ils sont environ 150 à vivre "dans des cabanes, des yourtes, des caravanes, des vieux bungalows", détaille Jean-Paul Naud, le maire de Notre-Dame-des-Landes. Mais l'été, "c'est le grand camping", avec 300 personnes sur zone. Une "faune qui traîne" selon Jean-Paul Naud : "Je ne sais pas ce que font ces gens-là. Est-ce qu'ils travaillent ? Je n'en suis pas persuadé. Ils ne travaillent pas tous en tout cas dans les fermes reconstituées."

Pour Fanny, "c'est une zone de non-droit". La maire de Vigneux-de-Bretagne, Gwënola Franco, ne la contredira pas : "Vous comprenez très vite que vous n'êtes pas le bienvenu, c'est chez eux et personne ne peut y entrer." Et l'élue ajoute qu'il est compliqué, pour ses services techniques, de circuler dans le secteur : "Il peut y avoir des guetteurs. Donc selon les endroits, on n'y va pas ou on y va de manière très anonyme. Et c'est ce que fait la gendarmerie d'ailleurs."

Dans une lettre aux élus début janvier, Emmanuel Macron promet d'être garant du respect des lois de la République

Fanny doit supporter "les fêtes, le bruit jusqu'à pas d'heure même en semaine. C'est l'impunité totale. On a beau appeler la gendarmerie, ils ne viennent pas. Si c'était nous qui faisions ça, ils se déplaceraient tout de suite et on se prendrait des amendes." Un attentisme qui met aussi la maire de Vigneux en difficulté : "Être crédible en tant que maire pour faire d'un côté respecter les lois d'urbanisme alors que de l'autre, on ferme parfois les yeux, c'est un peu difficile à faire accepter aux habitants."

Chaque année, les deux élus écrivent au gouvernement "pour leur demander que ça cesse et que l'on fasse respecter la loi de la même manière pour tout le monde." Le gouvernement renvoie vers la préfecture de la Loire-Atlantique et "la préfecture ne dit rien. Elle n'a réponse, ni solution à nous apporter." Pour Gwënola Franco, "ce sujet est un peu une patate chaude, qui dérange. En tous les cas, dans la dernière réponse que nous avons reçue de M. Macron début janvier, il nous explique vouloir être garant du respect des lois de la République."

Contactée, la préfecture de la Loire-Atlantique n'a pas donné suite.

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