Ambiance délétère, conseil municipal en crise, maire isolé : Locronan bien loin de la magie de Noël

La magie de Noël est encore bien loin à Locronan alors que les premières illuminations sont installées dans la ville. L'ambiance est délétère depuis plusieurs mois et cela s'aggrave, reconnaissent habitants et élus. Au centre de ce maelström politique, le maire Antoine Gabriele, triomphalement réélu en 2020 après une première victoire en 2014, est aujourd'hui complètement isolé au sein même de sa majorité (15 sièges sur 15).

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Des polémiques en cascade

Les opposants historiques reprochent plusieurs choses à l'édile : son refus de dialoguer, ses mensonges supposés, sa volonté de diviser, ses dossiers. Ils citent pêle-mêle le projet immobilier sur la montagne de Locronan, la mise en œuvre de la loi Molac sur le financement des écoles Diwan, l'affaire de son logement ou son utilisation du bulletin municipal.

"Le maire de Locronan ne sera pas expulsé" - Antoine Gabriele

Le maire occupe en effet un logement illégalement malgré la volonté de sa propriétaire d'en récupérer l'usage. "Nous lui avons dit que nous sommes la risée du secteur et même du département", lance Jean Jain, candidat malheureux aux municipales 2020. "C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", poursuit Jean-Luc Engelmann, ancien maire, entre 2008 et 2014.

La justice a tranché et le maire assure qu'il va quitter la maison ce samedi pour emménager dans son nouveau logement : "Il va de soi que je dois partir de cette maison et je partirai. Mais cette histoire n'est qu'un prétexte pour me déstabiliser."

Le conseil municipal ne le soutient plus

Mais ce qui a mis le feu aux poudres dans sa propre majorité, ce sont ces écrits dans le bulletin municipal : il y cible régulièrement ses opposants. Dernier exemple en date, après la tempête Ciaran, le maire dénonce ceux qui n'ont pas prêté main forte pour aider à dégager les routes, malgré son appel (sujet à caution puisque le préfet avait pris un arrêté d'interdiction de circulation dans l'ensemble du département) : "On se sent visés par des mots très durs, alors qu'en ce qui me concerne, j'ai dégagé la route qui mène au manoir avec mon tracteur, il manipule les gens" soupire Jean Jain.

Alors que ses opposants dénoncent aussi l'impossibilité de dialoguer avec lui, Antoine Gabriele rétorque que ce sont eux qui le traitent de menteur à chaque rencontre : "C'est d'une grande malhonnêteté intellectuelle, j'ai déjà reçu ces gens-là, il y en a contre lequel j'ai porté plainte pour harcèlement moral, je suis une sorte de punching-ball", s'agace l'élu qui dénonce aussi les quolibets par voie d'affichage ou de tracts sauvages.

Chaises vides ou démissions ?

Des règlements de compte privés qui ne passent plus auprès de ses alliés d'hier. Plusieurs conseillers municipaux lui demandent de partir. Faute de quoi ils menacent de démissionner en masse ou de pratiquer la politique de la chaise vide, en ne votant plus les projets. Deux options qui mettraient la commune à l'arrêt.

"Nous n'avons pas été consultés pour ce bulletin et quand on l'a découvert, nous avons refusé de le distribuer", explique le troisième adjoint Jean-Louis Le Leuch. Selon lui, la situation est intenable, "car aujourd'hui une partie des habitants nous considère comme complices du maire. Je pense qu'il faudrait qu'il s'en aille, c'est tout". Un autre conseiller, Yoann Legrand, gérant de la crêperie Ty Coz, abonde : "L'équipe n'a plus la possibilité de travailler à cause de ses comportements insultants et irrespectueux."

Le maire dénonce une cabale politique de la part d'opposants qui n'auraient jamais supporté sa victoire : "Il y a une part de déni, de jalousie, effectivement, et rien ne me prédisposait à avoir à être maire un jour de Locronan. Alors, vous imaginez l'amour-propre de certains qui aujourd'hui encore ne peuvent l'accepter." "Complètement faux", rétorque Jean-Luc Engelmann qui exclut toute volonté de revanche.

Rencontre décisive ce vendredi soir ?

Le maire actuel va rencontrer les membres du conseil ce vendredi soir pour tenter d'aplanir la situation. Mais si tous reconnaissent, opposants d'hier et déçus d'aujourd'hui, qu'Antoine Gabriele a eu le mérite de développer le marché de Noël de la ville, tous estiment aussi que le pouvoir lui est monté à la tête et qu'il doit quitter son poste pour le bien de la commune.