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"Il n'y a aucune aide" : un Girondin témoigne des difficultés liées à l'accueil de réfugiés ukrainiens

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À Floirac, Luc Berthaud et son épouse Lyudmyla ont accueilli jusqu'à 12 réfugiés ukrainiens chez eux. Entre l'électricité, l'eau et les courses, les factures du couple ont explosé. Ils regrettent le manque d'accompagnement, notamment financier, de l'État.

Luc Berthaud chez lui à Floirac, le 23 avril 2022. Luc Berthaud chez lui à Floirac, le 23 avril 2022.
Luc Berthaud chez lui à Floirac, le 23 avril 2022. © Radio France - Margot Turgy

"On a fait le boulot de l'État en avance, mais il n'y a aucune aide. C'est surtout ça qui est gênant." Dans sa maison de Floirac, Luc Berthaud fait le bilan des difficultés liées à l'accueil de réfugiés ukrainiens. Depuis le début de la guerre, lui et son épouse Lyudmyla en ont hébergé jusqu'à 12 à leur domicile de l'agglomération bordelaise. 

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Pour Lyudmyla Berthaud, ex-infirmière originaire de Dnipro à l'est de l'Ukraine, il a bien sûr fallu tout traduire, "à l'Assurance maladie, à la banque, au magasin ou dans les transports ... Partout". Un exercice parfois fatigant, auquel s'est ajouté la gestion du traumatisme : "Lorsque les gens arrivent ici, ils partagent leurs sentiments, ce qu'ils ont vécu ...  Il faut donc faire le psychologue avec eux, en quelque sorte", explique-t-elle. 

Et au quotidien, l'accueil de 12 personnes supplémentaires dans la maison de 100m2 du couple franco-ukrainien a logiquement entraîné un surcoût des dépenses. Pour les courses, "normalement on est à 170 euros par semaine à deux, mais là on est monté à 500 euros", raconte Luc Berthaud. Sans compter "l'électricité, qui a augmenté d'à peu près 170 euros le mois dernier. La machine à laver le linge, qui tourne en général deux fois par semaine, tournait plutôt une voire deux fois par jour. Et pour la douche, même si on ne prend pas beaucoup de temps, cela reste 14 personnes qui consomment", détaille encore l'informaticien de 59 ans. 

500 euros de courses par semaine 

Si Luc Berthaud explique avoir "prévu le coup" de devoir avancer de l'argent en accueillant des réfugiés, il n'avait en revanche "pas prévu qu'il n'y ai aucune aide" de l'État pour les hébergeants. Quant à l'allocation pour demandeurs d'asile (Ada) à laquelle ont droit les réfugiés ukrainiens et fixée à 6,80 euros par jour et par adulte, "c'est une somme qui est calculée en fonction du nombre de jours depuis qu'ils sont là" et qui met parfois beaucoup de temps à arriver. "C'est donc à nous de combler cet écart", ajoute-t-il. "La préfecture a fait tout ce qu'elle a pu, mais il y a un décalage complet" entre l'urgence de l'accueil et les démarches administratives, insiste Luc Berthaud.

Et si le Girondin souligne que "les agents de l'État sont conscients de cet écart-là" et qu'ils "font leur possible", il explique l'avoir "un peu mauvaise". "Je ne regrette pas d'avoir hébergé des réfugiés, parce que c'est humain. La seule chose, c'est que s'ils avaient été dans des appartements ou des hôtels, cela aurait coûté bien plus cher à l'État français. Donc pas pour le toit, que je n'aurais jamais pensé faire payer, mais pour les surconsommations, je m'attendais à un petit quelque chose quand même".   

Plusieurs semaines après avoir reçu chez eux de premiers réfugiés, le 2 mai dernier, Luc et Lyudmyla Berthaud hébergent encore trois d'entre eux : une mère et ses deux filles, âgées de 4 et 14 ans. 

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