150 jours de travail : les habitants du Plateau-des-Petites-Roches ont rénové eux-mêmes leur station

"C'était une belle aventure humaine", souffle Jérôme, le regard tourné vers la piste principale de la station de Saint-Hilaire (Isère). S'il est si heureux de regarder une piste de ski, c'est parce que Jérôme fait partie des 200 bénévoles de l'association AG'HIL (Agir pour la station de ski de Saint-Hilaire) fondée en mars 2023, qui ont réussi à remettre sur pied la station de Saint-Hilaire, dévastée, comme son funiculaire, par une coulée de boue en décembre 2021.

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Neuf mois de labeur, 150 jours au total, à ramasser les cailloux sur les 10 km de pistes, remettre à niveau les téléskis, assurer la maintenance, la paperasse administrative, damer la neige... Un travail colossal qui tient maintenant sa récompense. Samedi 13 décembre, les membres de l'association et les habitants du Plateau-des-Petites-Roches ont organisé une fête de la neige pour acter la réouverture symbolique de la station.

Des bénévoles formés aux métiers de station

Un des fondateurs de l'association AG'HIL, Pascual Lacroix, affiche un grand sourire. Il faut dire qu'initialement, le projet était très ambitieux : " L'idée, c'était déjà de voir à quel point cette station était fédératrice", se rappelle-t-il. "Donc on a lancé une action comme ça et on a eu 80 personnes qui sont arrivées pour enlever les cailloux qui étaient sur les pistes. Donc on s'est dit allez, on tente le coup, on voit jusqu'où on ira. Et voilà, ça a fonctionné".

D'autant plus que les bénévoles ont vraiment mis la main à la patte. Pour certains, vierges de toute expérience dans les métiers de station, il a fallu se former à la maintenance des téléskis par exemple. C'est le cas de Jérôme, habitant du Plateau-des-Petites-Roches depuis 10 ans, et responsable des bénévoles. "On est un groupe de sept - huit à avoir été formés et on a fait la maintenance de quatre téléskis qui vont ouvrir", explique-t-il. "J'avais envie d'aller aussi loin dans la participation parce que j'ai des enfants qui ont appris à skier ici. Je trouvais ça dommage que la station ne fonctionne plus".

"C'est la station des habitants du Plateau-des-Petites-Roches"

Les habitants qui n'ont pas participé aux rénovations sont enchantés. Beaucoup, comme Jérôme, ont vu leurs enfants apprendre à skier sur les pistes** avant la coulée de boue. Un attachement à la station qui n'est que plus fort après cette épreuve surmontée. "Je crois qu'on peut dire que c'est la station des habitants du Plateau-des-Petites-Roches", affirme Thibaud, adhérent de l'association sans avoir pris part au bénévolat. "Ça fait chaud au cœur de voir tout ce monde venir profiter de la fête, de voir les enfants faire de la luge". "C'est justement aux enfants qu'on pensait lorsqu'on avait des coups de mou", confie Pascual Lacroix. "On les imaginait en train de dévaler les pistes".

L'avenir de la station assuré malgré le manque de neige ?

Pour le moment, seules des luges descendent la principale pente de la station juchée à 1.000 mètres d'altitude. De la neige, il y en a, mais pas assez pour faire totalement disparaître les brins d'herbe et donc, pour skier sans risque. Un manque de neige compensé par l'organisation de l'association AG'HIL. "On sait très bien qu'avec les années qui arrivent, la neige se fera de plus en plus rare", balaie Pascual. "Il faut donc réfléchir à comment faire survivre la station. On a opté pour un mode agile. C'est-à-dire que dès qu'il y a de la neige, on ouvre. On ne fait pas d'investissement supplémentaire, on veut juste partager un plaisir".

De toute manière, un mode de fonctionnement en régie, comme c'était le cas avant la coulée de boue de 2021, n'aurait pas été possible d'après la maire du Plateau-des-Petites-Roches, Dominique Clouzeau. Le funiculaire de Saint-Hilaire, dont la réouverture est prévue courant 2024, jouait un grand rôle dans le modèle économique de la station. Le bénévolat et l'associatif pour entretenir l'entretenir, c'est ce qui est le plus viable aujourd'hui.