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"On voit l'orage se rapprocher" : les hôpitaux de Strasbourg alertent sur l'arrivée d'une quatrième vague

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Dans les hôpitaux universitaires de Strasbourg, le nombre de patients hospitalisés pour Covid-19 a été multiplié par huit en dix jours. Même si la situation en réanimation reste normale, le personnel soignant appelle à la plus grande vigilance, et à une vaccination massive de la population.

Les patients admis en réanimation sont de plus en plus jeunes, ici une femme de 40 ans. Les patients admis en réanimation sont de plus en plus jeunes, ici une femme de 40 ans.
Les patients admis en réanimation sont de plus en plus jeunes, ici une femme de 40 ans. © Radio France - Bastien Munch

Les mines sont déconfites, les discours alarmistes. Plusieurs cadres des hôpitaux universitaires de Strasbourg ont décidé d'alerter la population mercredi 28 juillet, sur la probable arrivée d'une quatrième vague de Covid-19 dans leurs services dans les prochaines semaines. Dans l'Eurométropole, le taux d'incidence est à plus de 200 cas pour 100.000 habitants. "Aujourd'hui, on se retrouve avec plus d'une quinzaine de patients hospitalisés, en constante augmentation", explique Nicolas Lefebvre, chef du service des maladies infectieuses du Nouvel Hôpital civil à Strasbourg.

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Le professeur Nicolas Lefebvre, chef du service des maladies infectieuses, entouré de Florie-Anne et Gwendoline, infirmières.
Le professeur Nicolas Lefebvre, chef du service des maladies infectieuses, entouré de Florie-Anne et Gwendoline, infirmières. © Radio France - Bastien Munch

"Nous avons le sentiment que l'orage approche, que le tonnerre gronde et que dans quelques jours, quelques semaines, de nombreux patients seront de nouveau hospitalisés", s'inquiète-t-il. "La seule incertitude pour l'instant, c'est la durée du décalage entre ces quelques patients et une énorme vague qui pourrait s'annoncer derrière."

Des patients de plus en plus jeunes

Une crainte qui s'appuie sur des signes que les personnels soignants ont appris à repérer au fil des vagues. Cette fois-ci, en dix jours, le nombre d'hospitalisations covid a été multiplié par huit. "Pour le moment, on ne le sent pas encore parce qu'on a peu de patients", témoigne Gwendoline, une autre infirmière. "Mais effectivement, la semaine dernière c'est moi qui ait descendu une dame en réanimation et ça m'a remis la boule au ventre de refaire ça."

"Nous l'avons vécu une fois extrêmement violemment dans le Grand Est, puis une deuxième fois, puis une troisième fois... Une espèce de routine est en train de s'installer", Nicolas Lefebvre, chef du service des maladies infectieuses du NHC

Depuis la mi-juillet, les patients pris en charge par le professeur Nicolas Lefebvre sont surtout des jeunes. "Dernièrement, nous avons eu un patient de 30 ans et un autre de 40 ans dans notre service", explique le chef du service des maladies infectieuses. "C'est choquant de les voir dans ces états", témoigne Florie-Anne, infirmière au NHC. "En sortant de réanimation, les gens ne sont pas tout de suite sur pied, ils ont besoin de beaucoup de rééducation. On a des patients qui étaient jeunes et autonomes, et qui quand ils reviennent ne peuvent plus tenir leur téléphone ou se laver seuls."

Gwendoline a vécu les trois vagues de l’épidémie au service des maladies infectieuses du NHC.
Gwendoline a vécu les trois vagues de l’épidémie au service des maladies infectieuses du NHC. © Radio France - Bastien Munch

Sans comorbidités et en réanimation

Pire encore : le service de réanimation accueille lui aussi de plus en plus de patients de moins de 60 ans. "Depuis que l'épidémie a repris, la moyenne d'âge des patients en réa est d'environ 50 ans", explique Ferhat Meziani, chef du service réanimation, devant la chambre d'une patiente âgée d'une quarantaine d'années. 

Sur les 74 lits disponibles, seuls quatre sont occupés par des patients covid. Mais au total, plus d'une vingtaine de patients se sont succédés en soins intensifs depuis le 10 juillet, souvent sans aucune comorbidité. "Ce sont des gens qu'on ne voyait pas avant", confirme Ferhat Meziani. "On pensait qu'ils étaient assez forts pour se défendre, ce qui n'est plus le cas actuellement. Quand on pense en avoir fini, ça remonte de nouveau de façon importante. Beaucoup d'entre nous se sentent donc découragés et démotivés."

"On a besoin de vacances"

Surtout que les hôpitaux de Strasbourg sont déjà considérés comme étant "en tension", sans compter le covid. Chaque soir, la quasi totalité des 2.000 lits des HUS sont pris. "Déjà, on a plus d'activité aux urgences à cause des patients qui n'étaient pas venus pendant la période covid, et qui reviennent du fait de leur pathologie chronique", indique Pascal Bilbault, le chef des urgences. "Du coup, on a un nombre de passages et d'hospitalisations supérieur à 2019. On voit aussi passer maintenant beaucoup de patients covid positifs. Un tiers sont hospitalisés en moyenne."

Seuls quatre lits sont pour l’instant occupés par des patients covid en réanimation.
Seuls quatre lits sont pour l’instant occupés par des patients covid en réanimation. © Radio France - Bastien Munch

"On a tous besoin de vacances, de changer d'air", affirme Pascal Bilbault. "Néanmoins, on aime notre travail. On est là et on sera là. Mais c'est vrai que travailler dans un état de grande fatigue peut nous amener à être moins efficaces que tout au début." Pour preuve, sur tout le mois de juillet, il y a carrément eu autant d'arrêts maladie au NHC que sur les six premiers mois de l'année.

Les hôpitaux de Strasbourg veulent par-dessus tout appeler à une vaccination encore plus massive dans la population. "Nous sommes loin d'être tous immunisés, malgré la première vague en Alsace", explique Nicolas Lefebvre, le chef du service des maladies infectieuses, tout en indiquant qu'un seul patient est vacciné parmi les hospitalisations actuelles. Il n'a fait aucune forme grave.

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