Manque de médecins en milieu rural : les déserts médicaux gagnent du terrain sur les campagnes du Poitou
Les déserts médicaux gagnent du terrain, et notamment en milieu rural. C'est ce que dénoncent les maires ruraux de France. Dans le Poitou, malgré les différents dispositifs imaginés : maisons médicales, bourses aux études, aides incitatives, on recense toujours des zones blanches ou sous-dotées.
L'accès aux soins se dégrade dans les campagnes françaises. C'est l'Association des maires ruraux de France qui tire la sonnette d'alarme sur les déserts médicaux. D'après une récente étude, le nombre de cantons sans médecins en France a augmenté de 62 % en sept ans : on est passé de 91 en 2010, à 148 en 2017.
Dans le Poitou, si l'on regarde la carte de la densité de médecins par département publiée par l'Ordre national des médecins, c'est à dire le nombre de praticiens inscrits au tableau de l'ordre en 2019, on relève une densité de 324 professionnels de santé pour 100.000 habitants en Deux-Sèvres. Dans la Vienne, on en recense 457 pour 100.000. Autant dire que le manque de médecins en milieu rural est une réalité.
A Charroux, la maison médicale est vide
A Charroux, à une heure de route au sud de Poitiers, la grande maison médicale est vide. Certes il y a les infirmières médicales sur la partie droite mais l'autre partie de la bâtisse est inutilisée depuis le départ il y a deux ans du médecin généraliste.
"C'était un médecin de ville qui ne s'est pas fait à la vie ici et qui est parti du jour au lendemain", précise le maire.
Patrice Bosseboeuf dresse le bilan : Alors que Charroux a accueilli la première maison médicale du département en 2014, elle n'a plus aujourd'hu ni médecin, ni dentiste, ni podologue. Pour se soigner, les habitants sont obligés d'aller à Savigné, 8 kilomètres, ou à Civray, 10 kilomètres.
Et pour trouver un spécialiste : dentiste, ophtalmo, ou cardiologue, il faut aller à Ruffec ou Confolens, à 30-40 kilomètres de là" ajoute une habitante.
A Charroux, beaucoup déplorent la perte des services dans leur commune si dynamique pourtant : il y a des écoles un collège, un boulanger, une épicerie.
"Il y a tout ce qu'il faut, mais les médecins ne veulent pas venir chez nous, il ne veulent pas de nous", regrettent une autre Charloisienne.
Seule lueur d'espoir pour le maire : ce projet émanant des médecins de Savigné. Ils sont trois et ils aimeraient recruter un quatrième associé. "Mais du coup, ils vont se retrouver à l'étroit dans leurs locaux de Savigné", explique-t-il. Alors que Charroux a cette grande maison médicale vide. "L'idée, précise-t-il, serait donc de créer une maison pluriprofessionnelle et multisites entre les deux communes". C'est le docteur Géraldine Daiguemorte qui porte le dossier.
Sèvres-Anxaumont cherche médecin désespérément
Mais il n'y a pas qu'en milieu rural isolé que les communes ont du mal à trouver des médecins. A Sèvres-Anxaumont par exemple, il n'y a plus qu'un médecin : un seul médecin pour 2.300 habitants. Originaire de Lavoux, dans la Vienne, le docteur Christine Bréchet ne pensait pas il y a 18 ans quand elle s'est installée qu'elle se retrouverait seule un jour à exercer à Sèvres-Anxaumont. Cela fait cinq ans maintenant que son associé est à la retraite, et depuis, elle est le seul et unique médecin généraliste de la commune.
"Déjà que quand on était deux, on était en surcharge d'activité, aujourd'hui, je ne peux plus accepter de nouveaux patients"
A défaut de trouver un associé, le docteur Bréchet aimerait pouvoir bénéficier au moins d'un assistant médical car il existe des aides à l'embauche pour ce type de nouveaux métiers. Le problème c'est que Sèvres-Anxaumont n'est pas prioritaire pour les aides. La commune étant située à dix kilomètres seulement de Poitiers, elle n'est pas considérée comme sous-dotée sur les cartes de l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine. Ce que déplore, le maire Romain Mignot.
"Si on était considéré comme zone sous-dotée, on pourrait bénéficier d'aides de l'Etat pour l'installation de nouveaux médecins, des aides incitatives" explique l'édile.
Sans coup de pouce, la commune a décidé de se relever les manches. Non seulement, elle soutient le Dr Bréchet dans sa recherche d'un associé, mais elle est prête si besoin à mettre des locaux à disposition à des tarifs préférentiels.
Une banderole à Valdivienne
Tout comme la commune de Valdivienne, entre Poitiers, Chauvigny et Limoges qui a affiché une grande banderole sur l'un des murs de la cité "Recherche médecin". Sans compter cette offre d'emploi publiée sur le site annonces-médicales.com, tournée comme une annonce publicitaire presque, et vantant tous les équipements locaux. Il faut montrer les atouts de la commune pour attirer de jeunes médecins.
A Valdivienne, on le voit, il s'agit d'étoffer l'offre de soins déjà existante car la commune est déjà dotée de médecins et d'autres professionnels médicaux et paramédicaux.
Des bourses pour les étudiants en médecine
Dans le Poitou, cela fait des années que les collectivités locales se battent pour conserver une offre de soins équitable pour tous. Outre le financement de travaux pour des maisons médicales (Il y en a eu une vingtaine de construites depuis 2010), le département de la Vienne propose des bourses aux étudiants en médecine et en d'autres spécialités pour peu qu'ils soient prêts, après leur diplôme, à s'installer dans les zones déficitaires en médecins et autres praticiens. Cela fait partie du plan santé renforcé en 2015.
Anne-Florence Bourat est l'élue en charge de la politique de santé au Département de la Vienne. Elle rappelle que les études médicales sont longues et coûteuses. Le Le conseil départemental de la Vienne propose donc d'aider les futurs praticiens via une bourse mensuelle entre la quatrième et la neuvième année."
"Le département finance leurs études à hauteur de 38.400 euros. En contre-partie, ils s'engagent à rester dans le département pour exercer dans les zones sous-dotées pour nous"
Et ils s'engagent à rester cinq à sept ans en fonction des profils et des financements. Depuis 2009, la bourse départementale a été attribuée à 65 jeunes médecins. En ce moment, le département finance 23 étudiants, qui pourraient donc être amenés à exercer dans des "zones blanches" : l'extrême Nord-Vienne, l'Est du département à la limite avec l'Indre, après La Roche-Posay et le Chauvinois, mais également le Montmorillonais, autour de la Trimouille ou d'Availles-limouzines par exmple.
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