Les oreilles de nos ados vieillissent trop vite

Ce jour-là, à l’infirmerie du collège de Watten, entre Saint-Omer et Dunkerque, des élèves de 4ème défilent les uns après les autres. Casque sur les oreilles, ils passent des tests d’audition. Et ils découvrent qu'à 14 ans, ils ont des oreilles de trentenaire ou de quadragénaire.

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Les dégâts de la musique compressée

C’est sur les fréquences de 4.000 à 6.000 hertz qu'ils ont le plus perdu. Une signe caractéristique qu’ils écoutent beaucoup de musique compressée, en Mp3 ou Mp4. L’idéal serait de préférer le bon vieux CD aux plateformes d’écoute en ligne, même si Spotify est meilleure que Deezer, pour nos oreilles.

Parfois, quand j'ai mon casque, ma mère me dit qu'elle entend ce que j'écoute. Evan

Ces tests ne sont pas des avis médicaux, mais ils permettent une sensibilisation des élèves. Car ils sont accompagnés des conseils donnés par Christophe Baude, l’animateur de ces sessions, pour le compte de la Maison de l’environnement de Dunkerque : " A minima, on leur demande de faire attention au niveau sonore auquel ils se confrontent, sachant que les casques et les écouteurs sont des facteurs aggravants. Nos téléphones actuels nous préviennent qu'au-delà d'une certaine limite, on se met en danger."

Je leur dis souvent : "comme vous écoutez à fond, vous devriez mettre des bouchons d'oreilles sous le casque... alors autant baisser le volume".

Et pour faire passer ce message, les tests sont complétés par des concerts montrant l’aggravation de notre audition, depuis l’apparition des musiques amplifiées. Et puis, il y a des cours en classe, avec les professeurs, notamment de musique, comme Sébastien Blanquart : "On étudie Highway to hell d'AC/DC, et on réutilise les données audiométriques pour se projeter sur ce qu'ils entendront de cette chanson avec des oreilles de 50 ans. Un moyen de leur dire que s'ils continuent, ils vont entendre comme ça. Ainsi, ils changent leur comportement."

Une prise de conscience bénéfique

A cet âge-là, la fatigue auditive n’est pas irréversible. D’ailleurs, 90% des élèves revus un an après cette session entendent mieux, parce qu’ils font attention, comme Aurélien : "la plupart du temps, je ne mets pas d'écouteurs. Mais avant, ça m'arrivait d'en mettre et d'écouter un peu fort. Mais je n'ai pas très envie de me retrouver sourd." 

Cette opération de prévention, baptisée "savoir dire non, pour garder son ouïe", permet chaque année de sensibiliser un millier d’élèves, dans le Dunkerquois. L’occasion de leur dire que les casques les plus chers sont loin d’être meilleurs pour leurs oreilles. Un casque à trente euros suffit largement, pour peu que son utilisation soit modérée.