"J'ai cru que j'allais perdre mon fils" : des parents portent plainte contre le Samu et l'hôpital de Périgueux

Ils ont les yeux humides et les mains qui tremblent quand ils racontent ce qui leur est arrivé. Jérémie et Eva, jeunes parents qui habitent à Lanouaille (Dordogne), ont cru que leur fils de six ans, Louis, allait mourir sous leurs yeux. Alors qu'il faisait une hémorragie interne, dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 décembre 2023, le Samu a demandé à ses parents de le conduire eux-mêmes jusqu'à l'hôpital de Périgueux, à une heure de route de chez eux. Le couple a porté plainte contre l'hôpital et contre un régulateur du Samu pour non-assistance à personne en danger.

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"Il se met à vomir du sang partout"

Louis, le cadet de leurs trois enfants, s'est fait opérer des végétations et des amygdales au début du mois de décembre. Tout allait bien, jusqu'à cette soirée du 14 décembre, lorsque leur fils est pris de saignements dans la gorge. Ils appellent les deux numéros qui leur ont été fournis après la chirurgie, pas de réponse. Ils passent donc par le 15. Un médecin régulateur du Samu leur explique qu'il s'agit de saignements normaux quelques jours après ce type d'opération, et qu'il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter.

"On va se coucher mais on le garde avec nous dans le lit quand même par acquis de conscience", détaille Jérémie, le papa. À 4h du matin, Eva entend que son fils s'étouffe avec un liquide. Elle le redresse : "C'est à ce moment-là qu'il se met à vomir du sang partout, une énorme quantité de sang, avec des caillots, c'est assez impressionnant".

Un trajet "traumatisant"

Alors qu'Eva, horrifiée par la situation, fait un malaise, Jérémie appelle le Samu, qui lui confirme que son fils fait une hémorragie et qu'il faut qu'il soit pris en charge en urgence. "Il me demande si je suis en capacité de conduire, je lui dis que oui mais que je n'y tiens pas parce que mon fils fait une hémorragie, je n'ai pas envie de le laisser seul à l'arrière du véhicule. J'oublie de lui préciser que ma femme ne se sent pas bien non plus. Peut-être que ça aurait changé quelque chose..."

Le papa se met donc en route à toute allure vers l'hôpital de Périgueux, qui se trouve à près d'une heure de chez eux, pendant qu'Eva reste à la maison pour s'occuper de leurs deux autres enfants, âgés de 22 mois et de sept ans. À l'arrière de la voiture, Louis continue de cracher du sang pendant tout le trajet. "C'était traumatisant. Arrivés à hauteur de Trélissac, il vomissait des quantités de sang astronomiques. J'ai cru vraiment clairement que j'allais perdre mon fils".

"Pourquoi ne pas avoir déclenché les pompiers ?"

Sur le moment, Jérémie ne s'indigne pas qu'on ne leur propose pas de moyen de transport de secours, une voiture ou même l'hélicoptère du Samu. Mais aujourd'hui, le couple est en colère. "Pourquoi ne pas avoir déclenché les pompiers, ou même une ambulance privée ?", s'indigne Eva.

"Ce qui me choque profondément c'est les risques que j'ai pris pour l'emmener le plus vite possible. Quand on a son enfant de six ans qui vomit du sang à l'arrière de sa voiture, on ne fait pas attention aux panneaux. Il était 4h du matin donc je n'ai pas croisé grand monde mais j'aurais pu croiser des bêtes. Et puis à 160km/h on les évite moins bien qu'à 80km/h", décrit Jérémie.

Une plainte "pour que ça ne se reproduise pas"

Surtout que la famille a déjà connu deux situations similaires. À quelques mois d'intervalle, pendant et après sa dernière grossesse, Eva a fait deux hémorragies. À chaque fois, le Samu a refusé de déclencher un transport d'urgence. C'est Jérémie, là aussi, qui a dû la conduire jusqu'à l'hôpital de Limoges (Haute-Vienne). "Là c'est la première fois que ça touche un de nos enfants, c'est la fois de trop", affirme Jérémie.

Le couple a décidé de porter plainte "pour ne pas que ça se reproduise". "J'ai trois enfants. Je me dis que, demain, on ne sait jamais, mon enfant peut chuter et je peux revivre quelque chose où on me refuse à nouveau un transport. On vit dans cette crainte-là", s'alarme Eva, qui espère aussi alerter le monde politique sur ce coin de Dordogne où elle et son mari se sentent exclus du système de santé.

Contacté, l'hôpital de Périgueux n'a pas souhaité communiquer pour l'instant.