Grève des médecins : peu de cabinets fermés dans la Manche

Les médecins s'opposent à la ministre de la Santé, Marisol Touraine. En cause : son projet de loi de Santé, qui doit être voté au Sénat mardi avant de revenir en seconde lecture à l'Assemblée nationale. Une des mesures phares du texte focalise leur rejet : le tiers-payant généralisé. Les médecins généralistes dénoncent des procédures administratives trop lourdes et chronophages. Ils se sont donc mis en grève depuis ce samedi et jusqu'à mardi, à l'appel de plusieurs syndicats. Mais dans la Manche, la mobilisation n'est pas très importante à cause de la pression démographique. 

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Je comprends leur ras-le-bol

A Octeville par exemple, un cabinet de quatre médecins était ouvert ce samedi. Aucun d'eux ne fait grève. Dans la salle d'attente, peu de patients sont au courant du mouvement. Luc, un étudiant de 20 ans, sort de consultation. La grève, c'est son médecin qui lui en a parlé. "Il m'a dit ce qui se passait. Sinon, je n'en aurais pas du tout entendu parler." Il est soulagé d'avoir pu consulter son médecin. Il part de Cherbourg dans trois jours et était donc dans une situation urgente. "Si le cabinet avait été fermé, je serais allé chez SOS Médecins, mais je ne sais même pas si c'est ouvert !"

Jean-Philippe, qui attend son tour en salle d'attente, est aussi content de ne pas avoir trouvé porte close. "Je ne peux pas consulter en semaine, explique-t-il. Donc si le cabinet avait été fermé, ça aurait été très compliqué." Il soutient totalement les généralistes dans leurs revendications : "Généraliser le tiers-payant est une très bonne idée. Mais si ça veut dire plus de paperasses pour les médecins, ce n'est pas bien. Ils font le relais auprès des patients au quotidien et on leur en demande beaucoup. Je comprends leur ras-le-bol."

Difficile de fermer son cabinet à Cherbourg-Octeville

Alain Masseron est médecin dans ce cabinet et secrétaire du syndicat MG France dans la Manche. La grève, il l'a envisagée, mais c'était trop compliqué à mettre en place. "On pense forcément aux patients, qui se retrouvent dans l'embarras. Et puis ici on n'est pas très nombreux donc si l'un d'entre nous ferme son cabinet, ça retombe sur les autres. Fermer, ça veut aussi dire une charge supplémentair la veille et le lendemain. Et nos journées sont déjà longues, on est très fatigués. C'est très difficile."

Mais même sans faire grève, Alain Masseron soutient ses collègues. Le tiers-payant, tel qu'il est organisé pour l'instant, il est résolument contre. "Je vais devoir faire deux feuilles de soins : une pour la CPAM,  l'autre pour la mutuelle. Et les mutuelles mettront du temps à me rembourser. Il y a des centaines ! Je vais donc perdre beaucoup de temps à les appeler pour savoir pourquoi je n'ai pas été remboursé de telle ou telle consultation. Ce que je veux, c'est que le tiers-payant soit facultatif et que la somme nous soit versée par la sécurité sociale. A eux après de se débrouiller avec les mutuelles. Nous ne sommes pas des comptables ! Notre métier c'est le soin.

Lundi, en plus de la grève, les médecins normands seront présents au péage du pont de Normandie pour sensibiliser les automobilistes. A Octeville, le cabinet d'Alain Masseron, lui, ne fermera toujours pas.

Le reportage de Clémentine Vergnaud