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Des perfusionnistes bordelais alertent sur la pénurie nationale de ces professionnels de santé

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Salarié du CHU de Bordeaux et président du syndicat national des perfusionnistes, Laurent Mathieu réclame une meilleure reconnaissance de statut et de salaire pour sa profession sans quoi il n'écarte pas la possibilité d'un mouvement social.

Un changement de valve aortique dans un bloc operatoire de chirurgie cardiaque. Un changement de valve aortique dans un bloc operatoire de chirurgie cardiaque.
Un changement de valve aortique dans un bloc operatoire de chirurgie cardiaque. © Maxppp - Luc Nobout

"C'est une profession qui va mal". Peu connue, mal reconnue, pas assez nombreux et pas assez rémunérés, disent ces blouses blanches du CHU de Bordeaux. Les perfusionnistes sont ceux qui assurent la circulation du sang des patients opérés à cœur ouvert. La pénurie nationale de ces professionnels de santé très spécialisés mettrait même en danger la vie de certains patients. "Un enfant meurt tous les mois" faute de pouvoir être opéré du cœur à l'hôpital Necker, alertait le mois dernier le chef du service de chirurgie cardiaque de l'hôpital pédiatrique parisien.

Dans un bloc chirurgical, quand le cœur doit rester immobile pour être opéré, lors d'un pontage par exemple, ce sont eux qui s'occupent de faire propulser le sang pour oxygéner l'organisme. "Les prévisionnistes prennent le relais de cette circulation avec leur machine qui est composée d'un système complexe de tuyaux de pompe de réservoir", détaille Laurent Mathieu, président du syndicat national des perfusionnistes, créé en 2023.

"Bah vous posez des perfusions ? Non ce n'est pas le cas"

Aux manettes de cette machine nommée "console de circulation extracorporelle", Chrystelle porte une combinaison, masque et charlotte stériles. "Nous, on a, entre guillemets, comme un cœur artificiel à gérer. On a littéralement la vie des gens entre nos mains, explique cette perfusionniste du CHU de Bordeaux. C'est vrai que c'est un métier qui est très peu connu, mais en même temps, on est très peu nombreux en France, on est environ 300 (dont 10 à Bordeaux). La plupart du temps, quand on se présente comme perfusionniste on nous dit - Bah vous posez des perfusions, ce qui n'est absolument pas le cas !"

"On a Bac+5 et on continue à être payé comme des infirmiers, c'est à dire Bac+3"

"C'est une profession qui, à la base, émane du métier socle d'infirmier. Mais depuis quelques années, avec l'évolution des pratiques et la complexification de tout ce qui touche à la circulation corporelle, on a tous un master récemment créé et délivré par la Sorbonne. C'est-à-dire que l'on a Bac+5 et on continue à être payé comme des infirmiers, c'est à dire Bac+3, regrette Laurent Mathieu. Et le problème que ça engendre, c'est un problème de fidélisation et surtout de recrutement pour les hôpitaux. Quand les jeunes diplômés sortent de l'école d'infirmier et qu'ils se rendent compte du nombre d'heures qu'on fait avec les astreintes, des heures supplémentaires qu'on est obligés de faire par manque de personnel, qu'ils se rendent compte des responsabilités énormes qu'on a, et bien ils font demi-tour et retournent à leur métier socle d'infirmier qui déjà est très mal payé."

Nicolas Rougier, perfusionniste au CHU de Bordeaux, sera l'invité de France Bleu Gironde ce jeudi 15 février.
Nicolas Rougier, perfusionniste au CHU de Bordeaux, sera l'invité de France Bleu Gironde ce jeudi 15 février. - Laurent Matthieu

Dans sa quête d'une meilleure reconnaissance pour le métier, le syndicat national des perfusionnistes annonce qu'il va solliciter le ministère de la Santé la semaine prochaine, et en fonction de la réponse, son président Laurent Mathieu n’écarte pas un mouvement social dans tout le pays, ce qui serait une première pour la profession.

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