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Des associations étudiantes réclament des protections périodiques gratuites dans les lieux publics

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Selon une étude menée par plusieurs associations étudiantes, et publiée ce lundi, un tiers des étudiantes estiment avoir besoin d’une aide pour se procurer des protections périodiques. Ces associations demandent donc à nouveau des mesures pour les soutenir financièrement.

Des protections périodiques féminines (serviettes hygiéniques, tampons et protège-slips), le 12 mars 2020. Des protections périodiques féminines (serviettes hygiéniques, tampons et protège-slips), le 12 mars 2020.
Des protections périodiques féminines (serviettes hygiéniques, tampons et protège-slips), le 12 mars 2020. © Radio France - Stéphanie Berlu

En France, 33% des étudiantes ont des difficultés financières pour acheter des protections périodiques : voilà le triste constat dressé lundi 8 février, dans une étude* réalisée par la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), l’Association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF) et l’Association fédérative des étudiants picto-charentais (Afep). On estime que la précarité menstruelle, c’est-à-dire le fait de ne pas avoir les ressources économiques suffisantes pour s’acheter des protections périodiques et des produits d’hygiène pendant ses règles, touche 1,7 million de personnes dans notre pays. "Les conséquences de la précarité menstruelle sont graves et portent atteinte tant à la santé physique qu’à la santé mentale et sociale", écrivent les associations dans un communiqué. 

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Une étudiante sur 20 utilise du papier toilette

Selon cette étude, 46% des étudiantes dépensent en moyenne entre 5 et 10 euros par mois uniquement pour les protections périodiques. Mais pour la moitié des répondantes, il faut engager d’autres dépenses comme des médicaments, des sous-vêtements ou du linge de lit. Là, la facture peut grimper jusqu’à 20 euros par mois. Pour certaines, le prix des protections amène à faire un choix : ainsi, 13% des étudiantes déclarent avoir déjà dû choisir entre des protections et un autre objet de première nécessité. Une étudiante déclare même, quand on lui demande ce qu’elle pourrait faire avec l’argent économisé si on lui fournissait ses protections périodiques : "Je mangerais à ma faim."

Ces difficultés financières amènent parfois les étudiantes à sacrifier des produits ou des services de santé pourtant essentiels. Selon l’étude, une étudiante sur dix fabrique ses protections pour des raisons financières et une étudiante sur vingt utilise du papier toilette au moment de ses règles. Par ailleurs, une étudiante sur quatre a déjà renoncé à un rendez-vous médical lié à ses menstruations à cause du manque de moyens. Avec parfois des conséquences très importantes sur la santé, comme le choc toxique, une maladie potentiellement létale souvent causée par une stagnation du sang dans le vagin pendant un temps prolongé. "Un accès à des protections périodiques en nombre suffisant est crucial pour la santé des personnes menstruées, afin de pouvoir en changer régulièrement et limiter les risques", affirme la Fage, l’ANESF et l’Afep. 

Des distributeurs dans plusieurs universités

Pour aider les étudiantes en difficulté à se procurer des protections périodiques, plusieurs initiatives ont vu le jour. Ainsi, plusieurs distributeurs de serviettes et tampons ont été installés dans des universités de France, comme à La Rochelle, Nantes, Nîmes. "Certaines personnes vont devoir faire le choix entre acheter des fruits et des légumes pour manger ou acheter des protections. Ce sont des choix qui ne sont pas normaux !", expliquent Clara et Clémence, qui viennent de faire installer quatre distributeurs à La Rochelle. "Quand on n’y est pas confronté, on ne s’en rend pas compte mais c’est un type de précarité très répandu", souligne Louise Da Costa, présidente de l’association Transfilière contre la précarité étudiante (Trace), qui a porté le projet d’installation à Nîmes. "Au moins, je n’ai pas à demander à tout le monde de l’aide", se réjouit de son côté Méléna, étudiante en Mayenne, où la chambre de commerce et d’industrie a mis en place des distributeurs dans ses campus. 

Dans d’autres départements, les protections sont directement distribuées aux étudiantes lors d’opérations spécifiques. Cela a même démarré dès le mois de mai 2019 en Côte-d'Or, grâce à l'association Règles élémentaires, qui notait déjà "une prise de conscience". A Tours, 500 kits de serviettes hygiéniques lavables ont été distribués au mois de décembre. "Les serviettes réutilisables sur Internet sont chères, environ 30 euros l’unité. Je n’ai donc pas les moyens sur le long terme", explique Jordana, étudiante en troisième année de droit. "Deux cents euros, ça part vite si on veut se nourrir correctement et ne pas louper de repas", explique de son côté Louwenn, qui a reçu des serviettes hygiéniques lavables au mois de septembre lors d’une distribution sur le campus de Rennes.

La Fage demande un accès gratuit pout les populations précaires

Selon les signataires de l’étude, le budget de 5 millions d’euros alloué par l’Etat pour lutter contre la précarité menstruelle n’est pas bien réparti. "Ce fléchage ne concerne malheureusement pas les étudiantes, pourtant l’un des publics les plus précaires en France." Et ce alors que, selon l’étude, "presque la moitié des répondant estiment que les protections devraient être prises en charge par la sécurité sociale  et 25% estiment que cela devrait être mis à disposition à l’université".

Après une première étude Ipsos, sortie pendant le premier confinement, selon laquelle un tiers des étudiantes rencontrent des difficultés financières pour se procurer des protections périodiques, la Fage souhaite donc enfoncer le clou et demander des mesures supplémentaires avec cette nouvelle étude. Parmi elles, "l’accès gratuit pour les populations précaires à des protections menstruelles grâce à un investissement adéquat et la mise à disposition gratuite dans les lieux publics".

*étude réalisée par la Fage, l’ANESF et l’Afep, sur un total de 6.518 personnes étudiant en France.

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