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Dans la Vienne, inquiétude des infirmiers libéraux depuis que les pharmaciens vaccinent contre la grippe

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Dans la Vienne, certains infirmiers s'insurgent contre le glissement de tâches : depuis que les pharmaciens ont la possibilité légale de vacciner leurs clients contre la grippe, ils voient leur activité baisser régulièrement. Ils réclament un meilleur partage des missions par territoire.

A Poitiers, cette infirmière libérale n'a pas hésité à placarder une affiche dans le hall d'entrée d'un cabinet de médecins A Poitiers, cette infirmière libérale n'a pas hésité à placarder une affiche dans le hall d'entrée d'un cabinet de médecins
A Poitiers, cette infirmière libérale n'a pas hésité à placarder une affiche dans le hall d'entrée d'un cabinet de médecins © Radio France - Isabelle Rivière

Alors que la campagne de vaccination contre la grippe a commencé à la mi-octobre en France et que les autorités de santé encouragent les patients à aller se faire vacciner contre la grippe en pharmacie, dans l'agglomération de Poitiers, des infirmiers libéraux montent au créneau. Trois ans après le début de l'expérimentation en Nouvelle-Aquitaine, ils commencent à voir les effets de cette mesure sur leur activité. Là où les cabinets affichaient complets fin octobre-début novembre, le nombre de patients aujourd'hui se fait plus rare à cette période.

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Moins de clients dans les permanences d'infirmiers

C'est le cas à Poitiers-Ouest par exemple, dans les quartiers des Rocs, de la Demi Lune et de Montmidi. Il faut dire que les quatre pharmacies locales ont accepté de vacciner leurs clients contre la grippe. Autant de patients en moins pour les infirmiers du secteur. Guillaume Derrey est l'un d'entre eux.

"En tant qu'infirmier, le plus important, c'est que mes clients soient vaccinés, mais c'est vrai qu'on enregistre une baisse d'activité dans notre cabinet"

Un lien rompu avec les patients habituels

Dans son cabinet de Poitiers-Ouest, l'infirmier constate qu'il y'a moins de monde dans la salle d'attente pendant les permanences. Moins de demandes aussi pour des vaccinations à domicile. Son associée Erica Martin le déplore elle aussi. 

"Il faut savoir qu'en tant que profession médicale, nous n'avons pas le droit de faire de publicité. Ces campagnes contre la grippe nous apportaient de nouveaux clients parfois et nous permettaient surtout de retrouver nos clients habituels, ceux qu'on ne voit qu'une fois par an, ou qu'on n'a pas vu depuis longtemps."

L'infirmière poitevine évoque la possibilité pour elle de prendre alors des nouvelles de ses clients et faire le point sur leur santé, ou leurs besoins. 

La notion de libre choix

D'après les infirmiers libéraux, lorsqu'un client va acheter un vaccin en officine, le pharmacien doit lui demander s'il a déjà un infirmier qui le suit,  s'il a déjà RDV, ou par qui il souhaite se faire vacciner. C'est au patient de choisir le praticien qu'il souhaite engager pour la piqûre. Mais pour Julie Brassaud, infirmière libérale à St Georges les Baillargeaux tous les pharmaciens ne jouent pas le jeu.

" On a des patients qui nous racontent que lorsqu'ils sont allés acheter leur vaccin en officine, leur pharmacien les a pris par le bras en leur disant, "venez, je vais vous faire la piqûre de suite", mais ça, ce n'est pas réglementaire. Il doit proposer au patient le choix du praticien pour la piqûre", souligne l'infirmière de St Georges.

Pour elle, le client est un peu pris au dépourvu. Certains y trouvent leur compte, certes, cela évite des démarches supplémentaires. Mais il faut laisser le libre choix plein et entier au patient. Voilà en gros le propos. 

Une attitude plus "réglo" est possible

Benoît Guignon, lui, est infirmier libéral  à Fontaine le comte. Dans sa commune au sud de poitiers, dit-il, la situation est plus acceptable. "Sur les deux pharmacies locales, il n'y en a qu'une qui vaccine systématiquement. L'autre renvoie automatiquement vers les deux cabinets d'infirmiers de la commune ou ceux des alentours qui pratiquent la vaccination", raconte-t-il.

Ce pharmacien ne vaccine que si il sent que le client pourrait ne pas se faire vacciner, s'il n'avait pas la piqûre de suite. L'objectif, c'est d'encourager la vaccination, alors là, il le fait. Mais il respecte notre travail et nos missions. C'est plus réglo comme attitude", souligne le professionnel.

En soi, ces infirmiers libéraux ne sont pas opposés à la vaccination en pharmacie en tant que telle, ce qu'ils veulent, c'est que les pharmaciens ne captent pas de manière systématique leur clientèle. Que le travail soit partagé sur chaque territoire

La réponse des pharmaciens

Sur les quatre pharmacies de Poitiers ouest, aucune n'a souhaité s'exprimer sur le sujet. Deux d'entre elles, "pour ne pas polémiquer". L'autre parce qu'elle "ne voit pas ce qui change, vu que ça fait trois ans que les pharmaciens vaccinent contre la grippe". A Montmidi, le représentant de l'ordre des pharmaciens, lui non plus ne souhaite pas s'exprimer "sur un sujet national". Il précise simplement que "la majorité de ses collègues respectent la règle du libre choix", à savoir qu'ils proposent au client de choisir quel professionnel  lui fera le vaccin contre la grippe. 

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