Coronavirus : pour stopper le virus, les Français volontaires seront-ils tracés via une application mobile ?
La Corée du Sud ou la Chine obligent depuis le début de la crise leurs habitants à se géolocaliser sur leur téléphone portable pour empêcher la propagation du coronavirus. Une telle mesure est impossible en France rappelle le Premier ministre, mais les volontaires pourraient y avoir recours.
Imaginez que votre téléphone portable vous trace dans tous vos déplacements : si pendant le confinement vous allez au travail, quand vous allez faire vos courses, quand vous vous rendez chez le médecin.
On appelle cela du "tracking", et c'est ce qui se passe notamment en Corée du Sud et en Chine. Là-bas, les autorités obligent leurs populations à se géolocaliser via leur téléphone pour enrayer la propagation du coronavirus.
Or, mercredi soir, devant la commission d'information de l'Assemblée nationale, le Premier ministre Edouard Philippe a affirmé qu'une telle mesure ne s'appliquerait pas en France, tout simplement parce que "ces dispositifs ne seraient pas légalement permis".
La géolocalisation, si elle est autorisée, le serait uniquement pour les volontaires
Pour autant, le Premier ministre affirme que la question d'un recours à des méthodes de "tracking" est "encore ouverte : on pourrait peut être, et je dis bien peut être, insiste Edouard Philippe_, sur le fondement d'un engagement volontaire, utiliser ces méthodes pour mieux tracer la circulation du virus"_ en France.
La ligne rouge est le consentement des personnes. D'ailleurs, l'exécutif travaille sur la question. Le 24 mars, Emmanuel Macron a chargé un comité de chercheurs de se pencher sur le sujet.
Le tracking, comment ça marche ?
Depuis la mi-mars, un consortium de chercheurs européens, dont des Français, travaillent à la création d'une application de tracking respectueuse des normes européennes en matière de protection des données, puisque les applications utilisées en Asie ne sont pas transposables telles quelles chez nous.
Cette "corona-app" européenne fonctionnerait de manière assez simple pour l'utilisateur. Vous téléchargez l'application sur votre téléphone et vous aurez ensuite 2 choix possibles sur votre écran : appuyer sur "je me protège", ou "j'ai le coronavirus".
Si vous indiquez être malade, l'application va utiliser la géolocalisation de votre téléphone pour retracer tous vos déplacements des 14 derniers jours. Si vous pensez être sain, l'application, via un algorithme, va utiliser les données des malades pour les croiser avec vos déplacements des 14 derniers jours. Si des données coïncident et que vous avez été exposé à un risque, l'application vous le dira. Selon la presse belge et suisse, l'application devrait être finalisée d'ici le 13 avril.
Utile mais trop intrusif ?
Ce type d'application, dans sa version utilisée dans certains pays d'Asie, a fait ses preuves, au regard du bilan modeste de la Corée du Sud, 169 morts à ce jour. Séoul a très vite utilisé cette méthode, couplée au dépistage systématique de sa population. En France, le tracking pourrait aussi aider pour enrayer l'épidémie et préparer le déconfinement.
Les associations de défense des libertés alertent cependant. Maître Arié Alimi, de la Ligue des Droits de l'Homme s'interroge sur France Info : "Ces dérogations, ces mesures exceptionnelles, vont-elles durer après la crise sanitaire?"
Sur France Info toujours, le défenseur des droits Jacques Toubon, émet lui aussi des réserves :
Il faut voir d'un côté ce que sont les exigences des libertés et de l'autre côté quel est le bénéfice de cette mesure de géolocalisation pour l'épidémie.
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